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En attendant la future unité médico-judiciaire de Bastia, c'est la pénurie de médecins légistes en Corse


Livia Santana le Mercredi 13 Octobre 2021 à 21:03

La Corse ne possède plus depuis quelques années de médecin légiste, en cas de mort suspecte ou violente, la justice est obligée de se tourner vers un professionnel du continent pour réaliser une autopsie, ce qui ralentit les enquêtes. Cela pourrait changer.



En attendant la future unité médico-judiciaire de Bastia, c'est la pénurie de médecins légistes en Corse
Un, deux, trois voire quatre jours, c’est le temps qu’il faut compter depuis quelques années pour qu’une autopsie soit pratiquée en Corse. A cause de l’absence de médecin légiste sur l’île, la justice est obligée de faire régulièrement appel à des professionnels du continent. « Ils viennent sur leur temps libre, pour nous rendre service donc on est soumis à leur disponibilité », admet Nicolas Septe, procureur de la République d’Ajaccio qui les fait se déplacer d'instituts médico-légaux basés à Nîmes, Montpellier ou encore Marseille. « Dès que la mort est suspecte ou violente, ce qu’on appelle les crimes de sang, nous demandons une autopsie », poursuit-il. Entre le temps du transport et de l’analyse du corps, les familles corses peuvent ainsi attendre plusieurs jours, voire semaines, pour pouvoir inhumer leur défunt.
 
Des enquêtes retardées 
 
Dans les enquêtes pour meurtre l’autopsie est souvent une pratique essentielle qui permet à la police judiciaire d’avancer dans ses investigations. L’absence de médecin légiste perturbe parfois le travail des policiers, notamment pour « la levée de corps », une pratique qui consiste à intervenir directement sur la scène de crime pour relever les détails qui pourraient faire avancer l’enquête. « Actuellement ce sont les techniciens de la police scientifique qui s’occupent de ce travail, mais ils n’ont pas les mêmes compétences, l’analyse, ni l’expertise d’un médecin légiste qui peut observer la position du corps sur les lieux, les plaies… des détails qui permettent d’orienter nos enquêteurs, assure Arnaud Viornery, procureur de la République de Bastia qui tient à souligner que, cette pénurie de légistes se rencontre assez fréquemment dans les départements peu peuplés ».
 
Du changement en début d’année
 
Si les légistes interviennent dans des activités de thanatologie (autopsie médico-légale, levée de corps…), ils ont aussi pour compétence la médecine légale du vivant, soit la prise en charge des victimes toujours en vie pour établir par exemple, des interruptions temporaires de travail dans des tentatives d’assassinat, des certificats médicaux, ou des prélèvements lors d’infractions de la route. En janvier 2022, devrait d'ailleurs s’ouvrir à Bastia une unité médico-judiciaire financée par le ministère de la justice. Celle-ci pourrait prendre en charge les victimes mortes ou vivantes et devrait attirer des médecins légistes en Corse. « Il y aura une aide psychologique pour les victimes, elle sera dotée d’un bon effectif avec, nous l’espérons, des professionnels qualifiés. Nous serons leader au niveau régional », se réjouit Arnaud Viornery. Une antenne de cette unité devrait aussi voir le jour à Ajaccio, elle sera installée dans l’hôpital de la Miséricorde.