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En Corse, on veut valoriser le bois de chêne vert


Naël Makhzoum le Mercredi 23 Novembre 2022 à 20:40

Ce mercredi 23 novembre, un séminaire organisé par le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) de Corse se déroulait à Corte, et se poursuivra à Foce, dans le Sartenais, jeudi 24. Les acteurs du monde forestier insulaires se retrouvent pour réfléchir à une meilleure valorisation du bois de chêne vert sur l'île.



Photo : Philippa Sbrescia / CNPF
Photo : Philippa Sbrescia / CNPF
Une trentaines de personnes se sont réunies au petit matin de ce mercredi. Tous, des acteurs importants de l'environnement insulaire - CNRS, IMBE, ONF, CNPF et autres - qui ont choisi de se pencher sur le chêne vert, dans l'amphithéâtre de l'IUT de Corte, sur le Campus Grimaldi. Une manifestation nécessaire au regard de la forte implantation de cet arbre sur l'île, qui représente 169.000 hectares, et du contexte actuel de changement climatique.

"La filière bois connaît des difficultés en Corse et on s'est posé plusieurs questions, notamment sur l'état du chêne vert, puisque c'est l'essence forestière majoritaire ici, explique Philippa Sbrescia, technicienne forestière du CNPF de Corse. Au niveau de la forêt privée, dont on s'occupe exclusivement, on a des difficultés supplémentaires comme un foncier assez compliqué avec des grosses indivisions et beaucoup de morcellements, mais également un relief qui rendent le travail plus pénible que sur le continent, par exemple."

Le taux de boisement de la Corse atteint les 65%, selon les derniers chiffres de l'inventaire forestier national, ce qui en fait l'île la plus boisée de Méditerranée et la région la plus boisée de France. Alors pour analyser plus en profondeur le chêne vert, qui est le plus représenté, une étude insulaire a été lancée : Innov'ilex. "Nous avons concerté les autres CNPF Méditerranéens, PACA et Occitanie, pour voir comment le chêne vert se comportait face au changement climatique et quel en était l'impact sur sa croissance, présente Philippa Sbrescia. L'objectif était aussi de faire des essais de sylviculture afin de trouver d'autres débouchés que le bois de chauffage pour ce chêne vert, comme le bois d'œuvre, par exemple."

Une sylviculture plus adaptée

Des mesures ont donc été réalisées sur plusieurs points de relevés au travers de l'aire de répartition du chêne vert en Corse. Après analyse des données du sol, des peuplements au niveau du feuillage pour voir s'il y avait des déficit foliaires, des pointes mortes, des arbres morts et de facteurs pouvant impacter la croissance des arbres comme la climat, le sol ou la concurrence des espères, un constat ressort. "En Corse, on a un déficit faible donc un impact minime du changement climatique sur le chêne vert, même si on commence à constater des pertes foliaires à certains endroits, dévoile la technicienne forestière du CNPF de Corse. Là où le déficit de la pluie, d'humidité est le plus important, c'est en dessous de 400m d'altitude, mais on n'a pas d'impact plus haut."

Reste que pour valoriser le bois de cette essence majoritaire, la mise en place d'une sylviculture adaptée est nécessaire. "Mais pour ça, il faut essayer de convaincre des propriétaires réticents de mettre en place une sylviculture qui permettrait de valoriser mieux leurs bois et de manière différente, un peu novatrice, détaille Phillipa Sbrescia. Ce n'est pas évident d'aller les chercher, on organise des cycles de réunion dans les villages tous les ans mais nos invitations sont basées sur le cadastre, qui n'est malheureusement pas toujours à jour."

Le séminaire est l'occasion de mieux penser cette valorisation. Ce jeudi 24, tous les acteurs conviés pourront visiter une propriété forestière de la commune de Foce, voire même une forêt publique sur le secteur du Tavaro.