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En Corse, les paillotes tombent à l’eau


Livia Santana le Mardi 19 Mai 2020 à 14:02

Les restaurants de plages corses subissent directement les effets du coronavirus. Quand certains s’obligent à ouvrir leur établissement pour éviter la faillite, d’autres se résolvent à laisser les entrées closes.



Angela, propriétaire de la Siesta à l'Ile-Rousse.
Angela, propriétaire de la Siesta à l'Ile-Rousse.

Vingt et un degrés à l’ombre, le bruit des vagues caressant le sable, la mer Méditerranée turquoise… Une journée idéale pour déjeuner en terrasse à l’Île-Rousse, en Balagne. Pourtant, aujourd’hui, personne ne pourra savourer un plat de poissons frais ou une salade composée au bord de l’eau. Et pour cause, le coronavirus, la nouvelle bête noire des restaurateurs, s’est invité dans les établissements de l’Hexagone, imposant leur fermeture pour près de trois mois.
 

Angela Doriano, propriétaire de la Siesta, une paillote familiale implantée depuis 30 ans sur la plage de l’Île-Rousse, pousse la porte du restaurant fermé depuis octobre dernier : “Normalement, à cette période de l’année, nous avons les clients locaux et les touristes qui commencent à arriver”, soupire-t-elle en regardant sa salle encombrée de chaises retournées, de transats jaunes, et de tables regroupées. La restauratrice avait déjà prévu ses effectifs pour ouvrir le week-end de Pâques : 25 saisonniers à temps plein. “Au mieux, il y en aura 14 pour l’été”, déclare-t-elle.


Si la jeune Corse s’inquiète, ce n’est pas tant pour “l’avant-saison, qui de toute façon, est foutue”, mais plutôt pour la baisse de fréquentation touristique qui se dessine de jour en jour : “J’ai une bonne clientèle belge, suisse, luxembourgeoise qui ne pourra sûrement pas venir.”
 

Il y a un an, la quarantenaire a contracté un prêt bancaire pour effectuer des travaux de conformité sur son établissement. “Même si les conditions sanitaires sont compliquées, et les touristes absents, je ne peux pas me permettre de ne pas ouvrir. Sinon je m’endetterais ”, assure-t-elle.



A 25 kilomètres de l’Île-Rousse, souillé par la terre, une barbe de plusieurs mois et le visage épuisé, Serge Rico, l’un des plus vieux restaurateurs de la baie de Calvi, possédant 4 établissements en Balagne, est méconnaissable. Depuis le 16 mars, le Corse a décidé d’agrandir le potager, initialement destiné à fournir une partie de ses cuisines, pour vendre au bord de la route ses fruits et légumes.
 

Il est aujourd’hui persuadé que “[s]on restaurant de plage ne rouvrira pas”.  S’il est aussi catégorique, c’est parce que cet hiver, la mise en application du décret plage de 2006 a ordonné la destruction de toutes les paillotes fixes, obligeant les propriétaires à faire appel à des entreprises pour démonter et remonter des structures amovibles chaque année.

Le 22 mars dernier, Serge Rico devait ainsi se rendre en Pologne pour finaliser l’achat de sa nouvelle structure. Le confinement en a voulu autrement. “Pour monter une paillote tout équipée, il faut entre 100 000 et 600 000 euros. Investir une telle somme sans avoir la certitude d’avoir des touristes, on va droit dans le mur”, anticipe l’homme, le regard baissé. Selon le restaurateur, sur les 16 établissements qui composaient la baie de Calvi l’été dernier, huit ne réapparaîtront pas en 2020.

CNI s'est rendu sur place pour vous.