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En Corse, le plan budgétaire annoncé par François Bayrou a du mal à passer


le Jeudi 17 Juillet 2025 à 07:47

Gel des prestations sociales, suppression de jours fériés, coupes dans la santé : François Bayrou a présenté mardi un plan de rigueur inédit visant 43,8 milliards d’euros d’économies. Si l’exécutif salue un budget « courageux », les critiques fusent dans toute la classe politique et syndicale, jusque dans l’île.



(Photo : AFP)
(Photo : AFP)
Un plan de rigueur, destiné à combler la dette abyssale de la France. Ce mardi, François Bayrou, a présenté les grandes lignes d’un budget qui vise à réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies en 2026. Durant une conférence de presse fleuve, le Premier ministre a multiplié les annonces chocs à l’instar d’une « année blanche » lors de laquelle les prestations sociales et les retraites seront gelées, la suppression de 3000 postes de fonctionnaires, 5 milliards d’euros d’économies qui seront réalisées sur la santé, ou encore la suppression de deux jours fériés, qu’il a proposé être le lundi de Pâques et le 8 mai. 
 
Si mercredi le Président, Emmanuel Macron, a salué un plan qui a « la vertu du courage, de l’audace et de la lucidité » tandis que le ministre de l’Intérieur et président des Républicains, Bruno Retailleau, a concédé que François Bayrou « a posé un certain nombre de jalons » sur la dette et a promis de travailler sur ces propositions, de nombreuses voix n’ont pas tardé à s’élever contre ces orientations budgétaires. 
 
À l’échelle nationale, le président d’Horizons, Édouard Philippe, a ainsi regretté dans les colonnes du Parisienque « quasiment rien dans ce que propose François Bayrou ne règle le problème ». Marine Le Pen, la présidente du groupe Rassemblement National à l’Assemblée nationale, a pour sa part agité la menace d’une censure si le gouvernement « ne revoit pas sa copie de fond en comble ». Et en Corse, les réactions ne sont pas moins tendues. Le représentant territorial du parti à la flamme, François Filoni, regrette ainsi que dans le plan du Premier ministre « ce sont encore les mêmes qui vont payer ». « Une année blanche, cela veut dire qu’on n'augmente pas les salaires ni les retraites, mais qu’en même temps, l'inflation galope. Et c'est encore les couches moyennes qui vont supporter tout ça », fustige-t-il en pointant en parallèle : « Nous avons atteint la barre des 10 millions de pauvres en France. Nous n’avons jamais été aussi pauvres. La macronie est une machine à fabriquer des pauvres. Aujourd’hui, ce n’est pas tout d'avoir un emploi. Avec ce qu'ils gagnent, beaucoup ne peuvent plus s'en sortir ! Et je ne parle même pas de ce qui se passe par exemple à Ajaccio où on ne peut pas vivre avec un SMIC face aux prix des loyers et à la cherté de la vie. Rien n’est fait pour changer tout cela ! »
 
De l’autre côté de l’échiquier politique, le plan du Premier ministre laisse également un goût amer. Alors que le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI) parle de censurer « au plus vite ce budget trumpiste », le secrétaire de la section du Parti Communiste Français d’Ajaccio, Marc-Antoine Leroy, se dit pour sa part « interloqué » par le discours de François Bayrou. « Cela fait au moins 30 ans qu'on a des dirigeants politiques qui sont obnubilés par le fait de réduire la dette en France. Or ce sont eux qui mènent la politique française depuis 30 ans et on en est toujours au même point où on demande aux Français, aux travailleurs de se serrer la ceinture et de faire des efforts », grince-t-il en déroulant : « Aujourd’hui, on demande encore des efforts aux plus précaires puisqu’on va geler les minima sociaux. On nous annonce également qu’on va devoir travailler pendant deux jours fériés, alors qu'il y a encore quelques semaines, au Sénat, on a refusé la taxe Zucman qui propose de taxer un peu plus les très riches. Apparemment, il y a des intouchables dans ce pays et il faut toujours taper sur les mêmes ». Pour le représentant local du PCF, alors que « les gens n’arrivent plus à vivre dignement de leur travail », il est donc « très inquiétant » de demander encore aux Français de faire des efforts. « Aujourd’hui on a près de 10 millions de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté. Beaucoup de gens qui ont un salaire pourtant au-dessus du SMIC se demandent pour leur part comment ils vont faire pour vivre ou pour survivre. Et pendant ce temps-là, on se rend compte qu'on n'a jamais distribué autant de dividendes en France que cette année. La France est en train vraiment de devenir un pays des inégalités », fustige-t-il. 
 
Même son de cloche du côté des syndicats, qui n’ont pas tardé à manifester leur mécontentement face aux annonces de François Bayrou. « Ce sont encore des droits que l’on enlève aux salariés. Ce sont toujours les mêmes qui sont contraints de voir leurs garanties collectives et leurs acquis sociaux diminués. C’est toujours sur les salariés que l’on fait peser le réajustement », grogne Patrice Bossart, le secrétaire général de la CGT de Corse-du-Sud. Déplorant une « politique libérale qui favorise le capital et les entreprises au détriment des conditions de travail et des rémunérations » il s’inquiète de voir « les minimas sociaux gelés alors que l’inflation est là et que les plus précaires ont de plus en plus de mal à survivre ». « Nous sommes face à un seuil de pauvreté qui risque d’augmenter avec une paupérisation grandissante, notamment en Corse », insiste-t-il.
 
L’Union régionale de la CFE CGC appelle pour sa part à la mobilisation « contre la réduction déguisée des retraites » Dans un communiqué, le syndicat exprime en effet « sa profonde indignation » face à l’annonce de la suppression de l’abattement de 10% dont bénéficient actuellement les retraités « sans concertation, alors qu’un conclave sur la retraite s’est tenu pendant plusieurs mois avec les partenaires sociaux ». « Cette décision, en plus d’être inadmissible, est un pied de nez aux partenaires sociaux », écrit-il en rappelant que « l’abattement de 10% constitue une aide précieuse pour nos aînés, et sa suppression serait une véritable régression sociale, transformant cet abattement en un forfait forfaitaire de 2000 euros ».