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"Economiquement le plus dur est devant nous" : restaurateurs et patrons de bar corses témoignent


Livia Santana le Mardi 14 Avril 2020 à 14:14

Depuis le 14 mars, les bars et restaurants ont dû fermer leurs portes en raison de l’épidémie de coronavirus. Quatre semaines plus tard, dans son allocution du 13 avril, Emmanuel Macron a annoncé qu'un déconfinement progressif devrait commencer le 11 Mai prochain. Mais restos et cafés, eux, resteront bien fermés.
En Corse, ces déclarations annoncent d'ores et déjà une "saison blanche" ou plutôt noire pour les commerces qui vivent principalement de l'activité saisonnière.
Des restaurateurs et gérants de bars de l'ile témoignent de leurs inquiétudes.



"Economiquement le plus dur est devant nous" : restaurateurs et patrons de bar corses témoignent

"Il faudrait que nos élus promeuvent la Corse pour nous aider" : Jérémy, propriétaire du restaurant "U Borgo" à Porto Vecchio

Jérémy, propriétaire du restaurant "U Borgo" à Porto Vecchio n'arrive pas à trouver de cohérence dans le discours du Président : " Je ne comprends pas comment on peut réouvrir des écoles mais pas les restaurants. Les adultes peuvent respecter les gestes barrières, pas les enfants." 

Cet été, le portovecchiais avait prévu d'embaucher 10 personnes. Au vu de la crise sanitaire actuelle, il espère pouvoir en employer 6 pour la mi-juillet, août et septembre qui représentent pour lui 40 à 50% de son chiffre d'affaires annuel. 
"On ne va pas se leurrer on sait que même s'il y a un déconfinement, la saison est foutue car il n'y aura pas de touristes." rajoute-t-il.

Il espère toutefois que les touristes français joueront le jeu et viendront en Corse : " Il faudrait que nos élus promeuvent la Corse pour nous aider. Nous de notre côté nous jouerons le jeu en mettant des masques à nos serveurs, en réduisant notre capacité d'accueil." 

Pour continuer à payer les charges, même si ce restaurateur effectue des services de livraisons à domicile. 

"On ne sait pas trop où on va": Afed gérant du bar-restaurant le Panda féérique à Bastia

Afed est gérant du bar-restaurant le Panda féérique à Bastia. En mars dernier l'ouverture de son second établissement a été repoussé à cause de l'épidémie.

Aujourd'hui, le restaurateur est dans l'attente de réponses du gouvernement : 
" On ne sait pas trop où on va. Dans notre brasserie on devait embaucher 9 personnes mais on ne sait pas quand nous allons ouvrir à présent. Comme il n'y aura pas de touristes il faudra jouer la carte locale."
 
Pour l’instant il n'a pas reçu d'aides de l'Etat. Le restaurateur a du stopper tous les virements à ses fournisseurs en attendant que "tout reparte" pour payer. Sa serveuse étant au chômage partiel, le bar-restaurant a payé de sa poche son salaire du mois de mars et dans deux semaines ce sera celui d'avril alors qu'il n'a reçu aucun remboursement de l'Etat pour l'instant. "C'est compliqué car ça nous fait sortir des sous alors qu’on est fermé.", déclare-t-il. 
 

"L'annulation des charges serait une aubaine": Anthony Duriani, gérant du "Pub Concorde" et du "Simple et Chic"

Anthony Duriani,  est gérant du "Pub Concorde" et du  "Simple et Chic" sur la place Saint Nicolas à Bastia. Ce restaurateur emploi 17 personnes à temps plein. Depuis le 15 mars, ses deux restaurants sont à l'arrêt et ses employés au chômage partiel.

Cependant, le restaurateur doit toujours payer les charges fixes comme les loyers et les fournisseurs. Le restaurateur a fait les démarches nécessaires auprès des banques pour obtenir des crédits mais pour l’instant ses demandes sont restées sans réponse. " J'ai la chance d'avoir une comptabilité saine, donc j'ai pu avancer les premier mois mais l'annulation des charges serait une aubaine." 

​Le restaurateur espère pouvoir ouvrir en juin "dans des conditions repensées" en désinfectant régulièrement ses établissements même si selon lui : " le risque zéro n'existe pas."
Anthony  en est certain : "Cette année on travaillera deux mois dans le vide, sans gagner d'argent. On aura trois hivers, notre prochain été ça sera en 2021. Economiquement le plus dure est devant nous." Pour lui, ouvrir son restaurant n'est pas une finalité mais seulement "le début d'un combat économique à venir." 

"On s'adaptera au jour le jour": Julien Ponzevera du bar "U Scalu" à Erbalunga

Julien Ponzevera, s'occupe du bar "U Scalu" à Erbalunga. Il espère qu'au mois de juin il pourra réouvrir ses portes. Mais cette année, il en est sûr : "nous n'embaucherons pas de saisonniers, nous garderons notre configuration d'hiver."

Le jeune homme prévoit d'ores et déjà une "saison noire" pour l'établissement. Il espère tout de même travailler un minimum en limitant de moitié voir d’un tiers la terrasse si les mesures le permettent : "On s’adaptera au jour le jour. La restauration et les bars nous sommes en bout de chaine donc nous devons nous adapter à ce que le gouvernement décidera."