EN IMAGES - A Bastia, la première marche des fiertés de Corse rassemble 200 personnes

« L’homophobie tue » , « Les personnes trans existent aussi en Corse » , « Corse, PD, et fier de l’être ». Pas toujours facile d'être membre de la communauté  LGBT + en Corse. C'est en tout cas autour de ces slogans percutants que ce samedi plus de 200 personnes se sont rassemblées à l’appel de l’association l’Arcu pour honorer la communauté, et manifester contre les discriminations. Un cortège coloré, festif et composé d’une majorité de femmes, s'est élancé du palais de justice de la ville pour rejoindre une heure plus tard la place Saint Nicolas. 

 

En tête du cortège Francesca Maria marche derrière une banderole estampillée «L’amore vince sempre». Pour cette jeune insulaire accompagnée de ses amis, sa présence est une évidence. «C’est très important d’être ici. Si nous avons comme tout le monde des droits juridiques, ce n’est pas le cas en matière de droits sociaux : les gens continuent à mal nous regarder dans la rue et à nous insulter en ligne. Nous sommes ici pour dire qu’on existe, qu’on est là et qu’on est fier d’être là et dire qu’être Cors et LBGT, c’est possible ! On ne veut plus se cacher, on ne doit plus se cacher.»
 
La foule va rejoindre par la rue Fontaine-Neuve, le Vieux-Port, quartier historique de la cité bastiaise. Une volonté symbolique de prouver l’attachement des marcheurs aux symboles de la ville. «On nous oppose le fait d’être Corse et ce que nous sommes, ce qui est un non-sens. Nous sommes profondément attachés à notre territoire. Ce que l’on veut, c’est vivre ici et être tout simplement respectés comme les autres !» 
 
 

«L’émotion qui domine est la joie. Bien évidemment, on ne peut ignorer la haine et il faut s’en défendre. Mais nous marcherons ensemble pour des choses bien plus belles et pour inciter d’autres à ne plus se cacher » explique pendant la marche Livia Casalonga, secrétaire de l’association l'Arcu.

Si la détermination est bien présente ce samedi pour les militants de l’Arcu, l’ambiance et l’état d’esprit qui y règne est bel et bien à la jovialité. Pour Silver Maestrati, militant de l’association, «le plus important, c’est d’avoir des gens heureux d’être là, de pouvoir faire en sorte qu’ils puissent montrer qu’ils existent et de dire qu’il y a des violences et que cela doit cesser. Mais c’est un événement festif avant tout, et nous sommes heureux de constater que des marcheurs viennent de toute l’île.»

Sans pour autant mettre de côté des revendications importantes et qui sont à l’origine de cet événement. «Nous voulons marcher ensemble à Bastia pour clamer que nous ne sommes pas le produit des métropoles françaises, poursuit Livia Casalonga. Nous voulons marcher pour réaffirmer que l’identité corse est multiple et complexe et que notre amour pour cette île est grand.»

 

L'événement s'est achevé sur la place Saint Nicolas. Pour la dernière fois de la journée, Livia Casalonga prend la parole pour remercier l’ensemble des présents avec la satisfaction du devoir accompli : «On peut tous dire ici que c’est une très belle réussite. À chaque événement de ce type, la société corse avance, même si la route est parfois sinueuse comme dans un village de montagne. Plus nous sommes nombreux et nombreuses, et plus nous parviendrons à briser l’isolement, construire une Corse plus égalitaire, plus juste, et plus accueillante.»

Des représentants des syndicats (CGT, FSU, CFDT), des partis politiques (PCF, LFI, Union communiste libertaire), des mouvements politiques corses (A Manca et Inseme a Manca), des associations antiracistes (Ava Basta, Ligue des droits de l’Homme) et des associations féministes (Zitelle in Zerga, Main violette Corse) étaient également présents à l'événement.