Désarmer la Corse. C’est l’objectif affiché de l’opération « Déposons les armes », lancée pour la première fois à l’échelle régionale par la préfecture. Pendant une semaine, les habitants ont été invités à remettre anonymement leurs armes aux forces de l’ordre, sans risque de poursuites. Bilan : 96 armes (fusils, pistolets, revolvers) et 4 287 munitions récupérées sur l’ensemble du territoire.
Un chiffre modeste, dans une région où la circulation d’armes reste préoccupante. La Corse compte en effet 350 armes pour 1 000 habitants, contre 150 au niveau national. Un record, et peut-être sous-estimé. « Les derniers chiffres datent de 2022. Mais avec la mise en place de nouveaux logiciels, on constate une baisse des enregistrements. Il est possible qu’il y ait aujourd’hui encore plus d’armes non déclarées en circulation », alertait Florian Straser, directeur de cabinet du préfet, en amont de l’opération.
Héritages familiaux et munitions à risque
Sur les 96 armes collectées, la plupart provenait d’héritages familiaux. “Les quelques échos qui nous remontent indiquent que ce sont souvent des armes récupérées par succession, que les détenteurs n'avaient pas pris le temps de déclarer et qu’ils ont préféré déposer pour qu’elles soient détruites”, explique Florian Straser, directeur de cabinet du préfet de Corse. Les dépôts ont été globalement équivalents sur l’ensemble du territoire, sans forte disparité entre les différents points de collecte mis en place. Si la préfecture aurait souhaité une participation plus massive, elle se dit quand même satisfaite de la collecte.
“Nous aimerions toujours en avoir plus. Notre objectif reste qu’il y ait davantage d’armes qui sortent du circuit et qui soient déposées. Mais pour une première opération en dehors du cadre national, comme ça a été le cas en 2022, nous savions qu’il y aurait moins d’armes et moins de munitions. Je note surtout qu’en termes de munitions, nous ne sommes pas si loin du nombre de fin 2022. Certains préfèrent peut-être garder des armes familiales, mais nous déposent les munitions pour éviter tout accident. C'est un premier pas, nous ne nous contenterons pas de ça bien sûr, mais c'est un premier pas que nous prenons”, poursuit Florian Straser.
Vers une maîtrise progressive de la détention d’armes sur l’île
Cette opération régionale s’inscrit dans une démarche plus globale de lutte contre la détention illégale d'armes, une priorité pour le préfet. Dans un communiqué, la préfecture développe son discours avec deux exemples récents qui “illustrent la pertinence d’une telle opération” : “Dans le cadre d’une interpellation pour violences conjugales, six armes longues non déclarées ont été découvertes au domicile du mis en cause qui a déclaré les avoir héritées. À la suite du cambriolage d’une résidence principale, le vol de 11 armes de poing, déclarées et détenues au titre du tir sportif, a été déclaré par la victime. Les cambrioleurs visaient manifestement le coffre dans lequel étaient détenues ces armes.”
Florian Straser souligne que cette collecte fait partie d’un plan d’action plus large, amorcé dès le début de l’année. “Ce n’est pas une action isolée. Nous avons près d’une centaine d’armes et plus de 4 000 munitions de moins en circulation. L’objectif, comme nous le disons depuis le début, est de faire prendre conscience et relancer le débat sur cette détention d’armes et les risques qu’elle engendre pour la sécurité.” Cette démarche semble pourtant complexe à mettre en œuvre en Corse, où les armes en circulation sont nombreuses. L’île affiche en effet un taux de 350 armes pour 1 000 habitants en 2022, contre 150 au niveau national.
L’objectif pour la préfecture est maintenant de poursuivre dans cette voie, en misant sur la répétition et la pédagogie. “Nous pensons que certaines personnes, en voyant ces collectes, ont été amenées à réfléchir, c’est pourquoi nous en proposerons à nouveau. Je suis persuadé que de nouvelles personnes viendront déposer leurs armes lors d’une prochaine collecte. Notre but, c’est d’avancer pas à pas vers une détention d’armes plus maîtrisée. Pour cela, nous devons garder une certaine dynamique, et proposer une nouvelle collecte peut-être dans un an au plus tard”, conclut Florian Straser.
-
Ajaccio : Au centre-ville, l'inquiétude des commerçants grandit face à la grève à la Muvistrada
-
A màghjina - Saone sott’à u celu d’inguernu
-
À Ajaccio et Bastia, les avocats vent debout contre la réforme de la procédure civile d'appel
-
En Corse-du-Sud, les Assises de la Sécurité Routière révèlent des chiffres alarmants
-
Anthony Roncaglia avant SC Bastia-Red Star : « À nous de ne pas gâcher la fête »










Envoyer à un ami
Version imprimable





