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Dessertes des cars scolaires : ​la grogne des transporteurs devant la Collectivité de Corse


Patrice Paquier Lorenzi le Jeudi 26 Octobre 2023 à 17:24

Plusieurs représentants des transporteurs scolaires se sont mobilisés ce jeudi matin devant les grilles de l’Assemblée de Corse à l’appel de Strada Corsa et FNTV Corse. Ce rassemblement fait suite à la polémique suscitée début septembre après l'attribution, par la Collectivité de Corse, des lignes de la DSP du transport scolaire dans le grand Ajaccio. La société Phoenix, mise en cause par les deux syndicats, répond quant à elle, par l'intermédiaire de son gérant Mikaël Pellegrini.



Marie-Antoinette Maupertuis, la Président de l'Assemblée de Corse, est venue à la rencontre des représentants de Strada Corsa et FNTV Corse.
Marie-Antoinette Maupertuis, la Président de l'Assemblée de Corse, est venue à la rencontre des représentants de Strada Corsa et FNTV Corse.
Alors même que les salariés d’Air France commençaient à arriver devant les grilles de l’Assemblée de Corse pour manifester leur inquiétude avant le prochain vote de la DSP aérienne, une quinzaine de cars a fait soudainement irruption Cours Grandval à Ajaccio, paralysant la circulation pendant un long moment.
Des cars appartenant aux représentants de Strada Corsa et FNTV Corse (qui représentent 80% de la profession sur l’île), venus se rassembler pour protester contre l’attribution de certaines lignes à un autre opérateur. Henri Costa, président du syndicat Strada Corsa, explique : « La gestion calamiteuse des contrats de transports par la Collectivité de Corse et son maître d’œuvre a un impact direct sur le tissu économique insulaire, le transport de voyageurs représente plus de 1000 salariés et autant de familles qui vivent en Corse. Nos appels au dialogue n’ont pas été entendus et aujourd’hui nous ne savons même pas qui est l’interlocuteur de la Profession au sein de la Collectivité de Corse. Lors des appels d’offre sur le marché négociés, le service des transports de la Cdc a employé des méthodes, pour le moins discutables, pour écarter les entreprises insulaires en faisant notamment appel à un grand groupe national français et à une centrale d’achat public afin de se substituer aux petites entreprises de transporteurs corses ».

Dans le viseur des deux syndicats, la société de transport Phoenix, basée à Sarrola-Carcopino : « À la suite de constats, il s’avère que la société de transport Phoenix ne respecte pas les conditions et obligations contractuelles de l’exécution des marchés, tout ceci, sous le regard bienveillant de la Cdc. Pour exemple un car exploité par les transports, Phoenix a été immobilisé par les services de l’État pour non-conformité aux règles élémentaires de sécurité », poursuit le président de Strada Corsa.
 
« Les prix imposés par la Collectivité de Corse ne tiennent pas compte des réalités de notre territoire insulaire »
Pour autant, les négociations continuent pour l’attribution de certains marchés non encore attribués, mais là encore Strada Corsa et le FNTV regrettent que « les seuls éléments de négociations soient les coûts, ou plutôt les prix qui nous sont imposés par la Collectivité de Corse et son maître d’œuvre. Ces prix imposés ne tiennent pas compte des réalités de notre territoire insulaire ni des réalités des entreprises soumissionnaires. Ces prix imposés ne respectent en aucun cas la sincérité et le professionnalisme avec lesquels nous avons répondu à travers nos offres détaillées et construites de manière raisonnée ».

Les représentants syndicaux ont ensuite demandé : le remplacement immédiat du directeur des Transports et de la Mobilité de la Cdc, la résiliation des marchés non conformes aux règles d’exécution, une reprise du dialogue avec un nouvel interlocuteur, la refonte du schéma directeur des transports, une réelle prise en compte des surcoûts liés à l’insularité ainsi que de l’inflation et de l’augmentation des coûts d’exploitation.

Marie-Antoinette Maupertuis, la Présidente de l’Assemblée de Corse, est immédiatement venue à la rencontre des représentants syndicaux et leur a proposé une réunion au sein de la Collectivité, mais ces derniers ont refusé, arguant notamment de l’absence de Gilles Simeoni, le Président de l’exécutif, retenu pour un deuil. Une réunion devrait se tenir prochainement à l’Assemblée pour aborder l’ensemble de ces points sensibles.

Début septembre, la Collectivité de Corse avait dit "comprendre l’émotion suscitée par cette décision au sein des entreprises", tout en précisant que la société Phoenix "a été classée très largement premier[e], dans le cadre de ces 10 lignes, par le rapport d’analyse des offres, construit sur une répartition des critères à 60% pour le prix et à 40% pour les critères techniques".

Droit de réponse de la société Phoenix, par l’intermédiaire de son gérant Mr Mickaël Pellegrini :
 
« Suite aux propos tenus à notre encontre par les syndicats Strada Corsa et FNTV Corse représentés par Mr Henri Costa et Mr Jean-François Benassi, nous tenons à apporter les éléments suivants :

La société Phoenix n’est en aucun cas un grand groupe national, mais une société familiale de transport corse basée à Sarrola-Carcopino, géré par des insulaires.

Sur le fait que nous ne respectons pas les conditions et obligations, nous avons fait l’objet de 31 contrôles en 35 jours dont 2 de la DREAL et qu’aucune sanction n’a été prononcée à notre encontre et qu’aucune non-conformité n’a été constatée.

Concernant l’immobilisation d’un car de notre entreprise : celui-ci était en fin de contrôle technique et a été remplacé par un car électrique.

Enfin, je vous rappelle que les quatre entreprises de transport de la région ajaccienne qui l’ont saisi ont été déboutées par le tribunal administratif concernant la non-conformité des offres et de toutes les autres requêtes, ainsi que sur leur demande d’annulation des marchés publics déjà attribués .