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Dermatose nodulaire : face à la menace, la Chambre d’agriculture de Corse dénonce "l’inaction de l’État"


VL le Jeudi 10 Juillet 2025 à 09:05

Alors que la dermatose nodulaire contagieuse progresse en Italie, en Sardaigne et en France continentale, la Chambre d’agriculture de Corse alerte sur une menace sanitaire imminente. Dans un communiqué publié mercredi, elle accuse l’État de ne pas répondre aux demandes urgentes de la profession pour protéger le cheptel insulaire.



Photo d'illustration. Crédits Photo : Pixabay
Photo d'illustration. Crédits Photo : Pixabay

La menace est connue, la situation évolue rapidement, mais l’État tarde à réagir. C’est le message adressé ce mercredi 9 juillet par la Chambre d’agriculture de Corse aux autorités, alors que la dermatose nodulaire contagieuse - une maladie virale animale hautement transmissible - progresse en Italie, en Sardaigne et dans plusieurs régions françaises, dont la Savoie.
Estimant qu’il y a là une « urgence sanitaire », à l'occasion du Comité Régional d’Orientation de la Politique Sanitaire Animale et Végétale tenu le 4 juillet dernier, la Chambre aux côtés du Groupement de défense sanitaire), a formellement demandé, « à titre conservatoire », l’interdiction temporaire de toute introduction d’animaux vivants sur l’île durant l’été. Une mesure qualifiée de « proportionnée à la gravité de la menace », et qui s’appuie sur un précédent historique : « La Sardaigne a été à l’origine de plusieurs épizooties majeures ayant frappé la Corse ces dernières années »Mais, déplore la Chambre, « cette demande reste à ce jour sans réponse ». Elle fustige un silence persistant des autorités, alors que « la mer est notre meilleure barrière sanitaire » et devrait être utilisée comme un outil de protection, en s’appuyant sur l’insularité comme levier de prévention.

Dans son communiqué, l’instance consulaire rappelle que cette pathologie affecte exclusivement les bovins, zébus et buffles, sans danger pour l’homme mais avec des conséquences économiques majeures. « Classée en catégorie A, la DNC impose une éradication immédiate. En l’absence de vaccin, c’est l’abattage total des troupeaux infectés qui est pratiqué, assorti d’une interdiction stricte des mouvements d’animaux », souligne-t-elle. L’éventuelle introduction de la maladie en Corse pourrait, selon elle, « conduire à la disparition de notre cheptel, génétiquement adapté à notre territoire et difficilement remplaçable par des achats extérieurs », plongeant les éleveurs « dans une impasse sanitaire et économique ».

Si aucun foyer n’a été identifié à ce jour sur l’île, les éleveurs et les structures professionnelles appellent à la plus grande vigilance. La Chambre d’agriculture de Corse estime que l’insularité devrait être vue comme un atout sanitaire, et non comme une contrainte. « La mer est notre meilleure barrière sanitaire. Il est temps d’en faire un véritable outil de protection. »

Lors du dernier CROPSAV, la Chambre d’agriculture et le Groupement de défense sanitaire ont aussi proposé un plan régional de maîtrise des risques sanitaires. Ce plan, consulté officiellement par l’instance régionale, vise à structurer une stratégie territoriale de prévention fondée sur la coopération entre éleveurs, vétérinaires, institutions agricoles, ODARC et services de l’État. Il reste aujourd’hui sans suite. « Face à l’inaction de l’État, la profession refuse de rester passive », déclare la Chambre, qui affirme être prête à assumer ses responsabilités « si les pouvoirs publics ne prennent pas les leurs »n Au-delà du risque pour l’économie agricole, la Chambre alerte également sur une dimension sanitaire plus large : « Certaines maladies animales sont transmissibles à l’homme. Il est donc urgent de considérer la santé animale comme une priorité territoriale. »

Mardi, la préfecture de Corse a publié un appel à la vigilance. Les autorités insistent sur plusieurs recommandations : surveillance des signes cliniques, lutte contre les insectes vecteurs, isolement des nouveaux arrivants, désinfection des véhicules et limitation des introductions d’animaux sur l’île. Mais pour la Chambre d’agriculture, ces recommandations restent insuffisantes sans mesure conservatoire forte. « Il est urgent de faire de l’insularité un atout pour protéger le cheptel corse et mieux préserver la santé de la population », insiste-t-elle, appelant à une réponse immédiate et coordonnée des pouvoirs publics. « Protéger notre cheptel, c’est protéger notre économie, notre santé, notre territoire. »