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Covid-19 : "une nouvelle vague n’est pas exclue en septembre"

Pour Mylène Ogliastro, cela dépendra de plusieurs facteurs : de la couverture vaccinale, de nos comportements et des variants qui circuleront à ce moment-là


Livia Santana le Vendredi 28 Mai 2021 à 20:54

Doit-on s'inquiéter d'un regain de l'épidémie après l'été ? Combien de temps le vaccin est-il efficace ? Une dose protège-t-elle suffisamment ? La virologue et chercheuse à l'Inrae de Montpellier originaire de Bastia, Mylène Ogliastro, répond dans une interview accordée à CNI à toutes les questions que vous vous posez sur la Covid-19.



Covid-19 : "une nouvelle vague n’est pas exclue en septembre"
On entend beaucoup parler du variant indien en ce moment. Est-il dangereux pour la Corse ? 
- Oui la fréquence de ce variant B1.617 est en augmentation en Angleterre et c’est ce qui inquiète aujourd’hui, même s’il y a relativement peu de cas, environ 3 000, et que ce variant semble plus transmissible que le variant "anglais". Les anglais ont un excellent système de surveillance de l’évolution du virus et le variant "anglais" a commencé être décelé à partir d’un faible nombre de cas qui a aussi augmenté en fréquence rapidement . Tout cela qui inquiète les Britanniques car la vaccination est certes très répandue, mais les gens n’ont reçu qu’une dose ce qui est insuffisant pour bien protéger.

- On sait que l’Australie reconfine Melbourne, doit-on s’inquiéter ? 
- L’australie, tout comme la nouvelle Zelande ont des strategies  "0 Covid ", et ont mis en place un système de surveillance et d’isolement des cas très strict de manière à pouvoir contenir très vite la diffusion du virus.  En France la gestion a été différente. Nous avons accepté des taux d’incidence élevés (jusqu’à 1 000 pour 100 000 habitants sur 7 jours dans certaines régions) puis une mise en place de confinement, restrictions localisées. A ce jour, la France avec environ 80 cas déclarés de ce variant anglais n’est pas concernée par un reconfinement, même si la surveillance inclut aujourd’hui un contrôle plus strict et un isolement des personnes en provenance d’Angleterre. Cette mesure n’a de sens que si elle est partagée au niveau européen.

- L’été arrivant, on observe un relâchement des gestes barrières. Doit-on craindre une reprise de l’épidémie pour septembre ? 
- Les gens sont relativement responsables et gardent le masque pour la plupart, mais le risque est réel tant que la vaccination à deux doses n’est pas plus répandue. Il est important pour La Corse de conditionner l’entrée sur l’ile à un "pass sanitaire", le vaccin (2 doses+ au moins 15 jours) ou un test PCR négatif. Quant à une éventuelle nouvelle vague épidémique en septembre… elle n'est pas exclue, cela dépendra de plusieurs facteurs, tout d’abord la couverture vaccinale, mais aussi de nos comportements et des variants qui circuleront à ce moment-là. Je n’ai pas de boule de cristal...

- La grande couverture vaccinale de la Corse permettra-t-elle d'éviter un regain de l'épidémie en septembre ? 
- Je ne peux rien prédire  car comme dit précédemment, beaucoup de paramètres en dépendent. En tout cas aujourd’hui, 40% de la population vaccinée à une dose cela ne suffit pas. Il faut vraiment qu'elle monte en puissance. Par exemple en incluant la vaccination des plus jeunes ( 10-18 ans), ou l’on sait que le virus circule, et qui peuvent servir de "réservoir" de virus. C’est-à-dire une tranche d’âge ou le virus va continuer à circuler, même sous des formes peu sevères, mais ou il va accumuler de la diversité, terrain propice ensuite à la selection de variants. Les jeunes ne doivent donc pas être exclus du processus vaccinal.

- D'un point de vue scientifique, est-il nécessaire que les personnes vaccinées continuent à effectuer un test PCR obligatoire pour se rendre en Corse ? 
- Il faut contrôler les entrées. Le vaccin (2 doses+au moins 15 jours) ou un test PCR négatif. Le double contrôle vaccin et test PCR n’est pas utile et très contraignant. Les vaccins sont efficaces contre les virus qui circulent aujourd’hui (tous les variants). 

- Est-ce qu’on sait à combien protège cette première dose ?
-On a estimé qu’une dose d’un vaccin à ARN (Pfizer-BioNtech ou Moderna) couvrait à environ 50%. D’après une dernière étude faite en Angleterre la protection tomberait à un environ 30% contre les variants après une première dose. En revanche la protection est excellente contre tous les variants avec deux doses (88% efficacité). C’est bien pour cela que les britanniques sont inquiets, la protection avec une dose est insuffisante. Il faut vraiment attendre 15 jours (pour les vaccins à ARNm et probablement plus longtemps pour le vaccin Astrazenecca qui reste aussi très efficace) après la deuxième dose pour se sentir plus rassuré.

- Combien de temps le vaccin protège-t-il ? 
- On ne sait pas. On apprend en avançant. L'épidémie a moins d'un an et on a que ce recul de quelques mois (10 mois environ). Les scientifiques du monde sont très vigilants sur ce point et il est important de maintenir une surveillance mondiale. Nous sommes dans une pandémie, l’échelle d’observation est le monde.