Corse Net Infos - Pure player corse

Covid-19 : bloqué à Paris depuis 15 jours, un couple corse, testé positif, réclame son rapatriement


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 2 Mars 2021 à 16:29

Pour venir, ou revenir sur l'île, tous les passagers, insulaires compris, doivent désormais présenter un test PCR négatif à l'embarquement aux compagnies de transport. A défaut, c'est un refus catégorique d'embarquer qui leur est opposé. Mais la mesure ne va pas sans aléas. La situation peut, en effet, s'éterniser en raison de tests PCR positifs même après une période d'isolement respectée et un risque de contamination quasi inexistant. Exemple.



Les résidents corses revenant sur l'île doivent montrer un test PCR négatif à l'embarquement. Crédits Photo : Michel Luccioni
Les résidents corses revenant sur l'île doivent montrer un test PCR négatif à l'embarquement. Crédits Photo : Michel Luccioni
« On ne peut pas rentrer chez nous ! ». C’est le cri détresse de plusieurs résidents corses bloqués sur le continent en raison d’un test positif à la Covid-19, même après une période d’isolement respectée de dix jours. Même s’ils sont guéris et présentent des risques de contamination très faibles, leurs tests peuvent rester positifs longtemps après leur période d’isolement. Dans le pire des cas jusqu’à six mois après le premier test.

L’histoire d’Antoine et de sa compagne, bloqués à Paris depuis 15 jours est saisissante. Partis en vacances pour quelques jours, le couple se retrouve coincé malgré lui sur le continent. « Comme tout le monde j’ai fait mon test pour rentrer le jeudi 18 février. Malgré l’absence de symptômes il s’est révélé positif au variant anglais. J’ai donc respecté la période d’isolement imposée par le gouvernement qui était à l’époque de sept jours. Après cette période ma compagne et moi avons refait un test pour, enfin ,rentrer chez nous ».
C’est là que l’histoire se complique. La compagne d’Antoine est testée négative et peut donc repartir. Ce qui n’est pas son cas puisque son test est à nouveau positif.

Dans le pire des cas les positifs peuvent le rester jusqu’à six mois

Après avoir respecté scrupuleusement sa période d’isolement et avoir joué le jeu avec l’application Tous Anti-Covid, Antoine reçoit une communication de l’ARS et de la CPAM de Corse lui indiquant qu’il peut rompre cet isolement et reprendre une vie normale. Malgré son test encore positif, mis en confiance par l’ARS et la CPAM, Antoine retente sa chance auprès de la compagnie de transport.

Ce sera un refus. Le texte est clair.
Selon le décret n°2020-1310 du 29 octobre 2020, pour pouvoir embarquer il faut réunir deux conditions sine qua non : « Une déclaration sur l'honneur attestant qu'elle ne présente pas de symptôme d'infection au Covid-19 et qu'elle n'a pas connaissance d'avoir été en contact avec un cas confirmé de Covid-19 dans les quatorze jours précédant son trajet. Si elle est âgée de onze ans ou plus, le résultat d'un examen biologique de dépistage virologique RT-PCR réalisé moins de 72 heures avant le voyage ne concluant pas à une contamination par le Covid-19. »

Obligation donc de présenter un test négatif. Aucune explication ou passe-droit n’est possible. Antoine devra prendre son mal en patience et refaire des tests jusqu’à ce que l’un d’eux se révèle négatif. Sauf que cette situation peut durer longtemps, très longtemps même.
Le record de positivité malgré un isolement drastique a été établi à six mois après le premier test. Les scientifiques l’ont prouvé, un patient guéri peut être positif au test RT PCR malgré le fait que le virus soit inactif.

Pour Antoine « il est impensable de rester autant de temps loin de chez nous. D’autant plus que je suis chef d’entreprise et que je ne suis pas indemnisé ».

Une dérogation pour des cas particuliers ?

Dans son malheur il a un peu chance : « nous sommes hébergés gracieusement sur Paris » explique-t-il. Mais que ce serait-il passé si cela n’avait pas été le cas ?
Selon Antoine, en contact avec d’autres personnes dans le même cas, « les solutions d’hébergements sont dérisoires et inacceptables. Une maman m’a expliqué qu’elle était logée avec son enfant dans un hôtel réquisitionné sans télévision ni droit de sorties. »
« On ne représente pas un danger pour les autres »
Ce qu’il dénonce c’est le fait que la particularité de leur cas ne soit pas prise en compte : « on aimerait une dérogation pour pouvoir rentrer chez nous. On a fait tout ce qu’il fallait faire et on ne représente pas un danger pour les autres puisque notre charge virale est très basse ».
S’il comprend et encourage le dispositif mis en place il fustige la rigueur d’application du décret.