Corse Net Infos - Pure player corse

Corsica Linea : à Sète, les marins de la CGT en grève sur le Jean Nicoli


La rédaction le Jeudi 9 Octobre 2025 à 15:56

À l’appel de la CGT des marins de Marseille, un mouvement de grève a débuté ce jeudi à bord du Jean Nicoli. Près de 95 % de l’équipage a cessé le travail pour protester contre la décision de Corsica Linea d’abandonner la ligne Sète–Bejaïa au profit de GNV. Le syndicat dénonce un choix stratégique « incompréhensible » et réclame le maintien des traversées ainsi que le renforcement des lignes sous pavillon français.



Corsica Linea : à Sète, les marins de la CGT en grève sur le Jean Nicoli
Un mouvement de grève a débuté ce jeudi à bord du Jean Nicoli, à l’initiative de la CGT des marins de Marseille. Selon le syndicat, 95 % de l’équipage a cessé le travail, le reste assurant la sécurité du navire. Le conflit trouve son origine dans la décision de la direction de Corsica Linea d’abandonner la ligne opérée entre Sète et Bejaïa, en Algérie, pour recentrer son activité sur Marseille. 
 
« A l'heure où la direction générale s'est associée à une tribune de parlementaires pour ouvrir le parapluie de la catastrophe qui s'annonce avec l'ouverture de GNV à Sète sur l'Algérie, sous pavillon international italien, malgré l'interdiction du registre international français sur ces lignes dans tous les ports européens, et malgré notre grève du début d'année, nous venons de découvrir qu'après n'avoir rien dit pour l'ouverture de GNV dans ces conditions à Sète en saison sur l'Algérie, notre direction libère à présent sa ligne Sète-Bejaïa au profit de GNV, pour se repositionner sur Marseille et lui laisser le champ libre ainsi qu'à Corsica Ferries», dénonce Frédéric Alpozzo, secrétaire général de la CGT des marins de Marseille et délégué syndical de Corsica Linea. « « Ce repositionnement d'escale à Marseille réduit la fréquence du Service Public de Continuité territoriale entre Marseille et Propriano, quand dans le même temps Corsica Ferries, elle aussi compagnie italo-suisse  sous pavillon international italien, ouvre une ligne concurrente au départ de Toulon vers Propriano.... Cherchez l'erreur... », ajoute-t-il.
 
Selon le délégué syndical, cette décision relève d’un« choix industriel, économique et social incompréhensible. « Il n’y a aucune logique économique, sauf dans le cadre d'une entente entre armateurs contre l'emploi maritime national et les droits sociaux des marins sous pavillon français 1er registre ainsi menacé de disparaître, afin de se restructurer et de fusionner par la suite avec La Méridionale propriété de CMA CGM, sur la future desserte maritime de la Corse exclusivement et avec moins de Service Public », appuie-t-il.
 
Pour la CGT des marins de Marseille, ces choix traduisent une orientation inquiétante du groupe, dans un contexte de recomposition du transport maritime. « Tout cela laisse penser à une entente entre armateurs, voire à une possible fusion entre Corsica Linea et La Méridionale, aujourd’hui propriété de CMA CGM. On s’oriente vers un service public réduit, avec moins de garanties sociales et moins de pavillons français premier registre », estime le représentant syndical. Dans ce droit fil, la CGT des marins redoute des répercussions importantes, évoquant la menace qui pèse sur « des centaines d'emplois, en Corse comme sur le continent ». 
 
En conséquence, dans un courrier adressé au directeur général de la Corsica Linea, la CGT des marins de Marseille appelle au « maintien de la ligne Sète–Bejaïa et des escales prévues en continu au programme initial 2025 avec le port de Sète et le port de Bejaïa » et, en conséquence, à « l’annulation du report de ses traversées sur Marseille en remplacement des traversées du service public de continuité territoriale sur la ligne Marseille-Propriano », ainsi qu’au « maintien du 3ème voyage hebdomadaire du week-end sur Propriano pour les usagers du service public de continuité territoriale ». Par ailleurs, le syndicat demande « dès à présent » le dépôt par la direction de la compagnie « d’un nombre d’escales maximum à compter du 1er janvier 2026, afin que GNV sous pavillon international italien n’ait plus aucune escale avec l’Algérie depuis les ports français en ligne régulière annuelle conformément au décret de loi du 21 avril 2006 qui interdit le R.I.F, et avec le soutien des parlementaires et des Président(e)s de Région Corse, P.A.C.A et Occitanie conformément à leurs engagements publics ». Enfin, la CGT exige la « reconduction à durée indéterminée de l’effectif du navire armé hors saison en tranche haute à 41 membres d’équipage A.D.S.G avec renfort matelots Pont et Nettoyeur Machine conformément à l’accord signé par le Directeur de la Flotte et la DRH, le 28 octobre 2024 ».
 
En attendant une réponse de la direction, le Jean Nicoli reste à quai à Sète.