C’est sans surprise que le député nationaliste sortant, Paul-André Colombani, conserve son siège dans la 2ème circonscription de Corse du Sud. Arrivé largement en tête au 1er tour avec 37,24% des suffrages, une avance de 10 points et de 2500 voix sur son principal challenger, son élection était d’autant plus assurée qu’il bénéficiait du soutien total de l’ensemble du mouvement national. Il remporte, donc, l’élection avec 57,61% des suffrages, 14 746 voix et 15 points d’avance sur la libérale Valérie Bozzi, soutenue par Horizons. S’il augmente en pourcentage par rapport à 2017, le candidat PNC recule de presque 2000 voix sous l’effet de l’abstention qui atteint 55,73%. Plus d’un électeur sur deux ne s’est pas rendu aux urnes, néanmoins le taux de participation croît de 2% entre les deux tours, une chasse aux abstentionnistes qui semble avoir profité au député sortant. Il gagne 930 voix sur la seule commune de Portivechju où il culmine à 74,71% des suffrages et 2759 voix. Il domine largement à Figari et à Conca où il affiche plus de 78% des voix, plus de 80% à Cauro, plus de 76% à Cozzano, plus de 75% à Levie, plus de 73% à Pianotolli-Caldarelli, 59% à Bastelica… et frôle 81% à Zonza dont il est conseiller municipal.
Une place consolidée
« J’ai été le seul candidat nationaliste dans cette circonscription, cela m’a facilité la tâche », reconnait Paul-André Colombani. « Nous avions fait la différence lors du premier tour, on savait qu’il allait être très difficile de revenir pour ma concurrente. Aujourd’hui nous avons consolidé une place forte mais cela ne doit rien au hasard. Si nous réalisons des scores fleuves à Porto-Vecchio et à Zonza et dans les communes du Sud, c’est aussi le travail, mis en place dans nos communes depuis deux ans, qui paie. Les gens voient le changement de gouvernance et c’est pour cela que l’on se retrouve aujourd’hui avec des scores aussi importants ». La prise d’un certain nombre de mairies de l’Extrême-Sud en 2020, notamment Portivechju, Figari et Zonza, ont, effectivement, consolidé l’emprise des Nationalistes. La suprématie de la droite sur ce territoire n’est plus qu’un souvenir. Le député réélu annonce sans surprise qu’il va, avec ses deux collègues du Nord, rejoindre le groupe Libertés & Territoires qui pourrait changer de nom avec le renfort de députés d’Outre-Mer. « Nous sommes prêts à entamer les discussions à venir sur l’autonomie de la Corse », lance-t-il. Des discussions, censées débuter fin juin à Paris avec le ministre de l’Intérieur, qui en a la charge et qui a été reconduit dans ses fonctions. A condition bien sûr que la nouvelle donne nationale avec l’absence de majorité absolue du parti présidentiel et le remaniement ministériel qui pourrait en résulter, ne retarde encore une fois l’ouverture des discussions.
Un résultat honorable
Valérie Bozzi espérait bien garder le jeu ouvert d’autant qu’elle pouvait espérer récupérer une partie des 20% cumulés par l’Extrême-droite au 1er tour, le Rassemblement national (RN) lui ayant damé le pion dans certaines communes au 1er tour. Mais la candidate libérale, soutenue par Horizons, ne réussit pas à combler son retard, même si elle augmente son score de 3768 voix pour atteindre 10 852 voix, soit 42,39% des suffrages. Elle perd 2639 voix, dont 1600 voix sur la seule commune de Portivechju, par rapport à son prédécesseur LR, Camille de Rocca Serra qui avait, en 2017, totalisé 44,78% des suffrages et 13 491 voix. La mairesse de Grosseto-Prugna, qui avait fait le plein dans sa commune au 1er tour, engrange 355 voix supplémentaires et son adversaire en récupère 264. Dans le 6ème canton d’Aiacciu, où elle était arrivée en tête, le rapport s’inverse au profit du député sortant qui double ses voix. « Le second tour s’est joué à Porto-Vecchio qui représente tout de même 10 000 électeurs, et sans cette ville, c’était difficile de réussir à s’imposer. Je suis tout de même satisfaite du résultat. Pour une première élection, le résultat est honorable. Nous allons continuer à travailler, tant à l’Assemblée de Corse qu’au niveau des communes pour faire valoir nos idées », explique-t-elle. Laurent Marcangeli, quittant son mandat de conseiller territorial et de président du groupe U Soffiu Novu à l’Assemblée de Corse, pour cause de cumul des mandats, Valérie Bozzi devrait récupérer la présidence du groupe.
N.M.