C’est une véritable surprise ! Donné très largement favori, dès l’annonce de sa candidature, Laurent Marcangeli, le maire d’Aiacciu, président de la CAPA (Communauté d’agglomération du pays ajaccien) et président du groupe de droite à l’Assemblée de Corse, a, tout naturellement, remporté le 2nd tour de l’élection législative dans la 1ère circonscription de Corse du Sud. Il retrouve, donc, un siège de député qu’il avait arraché de haute lutte en 2012 et délaissé en 2017, au profit de Jean-Jacques Ferrara, pour cause de cumul des mandats après son élection à la mairie d’Aiacciu. Et s’il s’était décidé à replonger dans la bataille, c’était pour conserver dans son giron la circonscription, un fort doute planant sur la réélection du député sortant. Personne, au soir du 1er tour, n’imaginait que le scrutin put être serré. Et pourtant, c’est d’une courte tête, une avance d’à peine 818 voix sur son challenger nationaliste, Romain Colonna, que Laurent Marcangeli décroche son siège avec 51,76% des votants et 12 013 voix. Si sa victoire électorale est indiscutable, c’est son manque d’ampleur qui surprend, tant on pensait le maire d’Aiacciu et président de la CAPA indétrônable sur son territoire. Et ce d’autant plus que le premier tour n’avait guère laissé de suspens. Laurent Marcangeli l’avait largement dominé en totalisant 33,70 % des suffrages, 7 972 voix et une avance nette de 16 %, soit 3837 voix.
Une étiquette difficile
Pourtant, on le disait nerveux, pas serein. La vague Marine le Pen, qui avait submergé la circonscription, deux mois avant, lors des présidentielles, avait, en effet, été un véritable choc pour le candidat, soutien d’Emmanuel Macron et investi par « Ensemble ». Je pense que j’ai eu raison de dire que le siège était en danger. On le mesure avec les résultats. Si on les compare avec ceux de 2017, le danger était bien là et si je n’avais pas été candidat, le siège aurait pu basculer. Je me suis battu avec des convictions et une étiquette qui était très difficile à porter et dans un territoire qui a voté à près de 59 % pour Marine Le Pen il y a un peu plus d’un mois, réussir à gagner cette élection, c’est une belle réussite », reconnaît Laurent Marcangeli. Avec ses troupes, il est, donc, allé au charbon, notamment du côté des abstentionnistes, et a engrangé 4 041 voix supplémentaires entre les deux tours, dont 2000 sur sa commune où le taux de participation a augmenté d’un point, également sur la CAPA. « Les territoires urbains et péri-urbains ont voté pour moi. Les territoires ruraux ont voté massivement pour Mr Colonna. Il y a des scores qui m’interpellent dans la ruralité. On note des basculements élection après élection. Peut-être est-ce dû à la fusion des Départements et de la Collectivité de Corse », remarque-t-il. Comme pour les territoriales, le rural est le maillon faible du leader ajaccien.
Un tremblement de terre
Ceci posé, si les Nationalistes unis étaient en mesure de l’inquiéter, comme ils s’y présentaient divisés et peu enclins à s’entendre, le risque s’évaporait. Romain Colonna, qui avait décroché sa qualification pour le 2nd tour avec 17,48 % des suffrages, soit 4135 voix, semblait bien trop bas pour combler le retard. Pourtant, il a effectué une remontée spectaculaire de 7060 voix, le portant à 48,24% des suffrages pour un total de 11 195 voix. Un inattendu retournement de situation que le candidat de Femu a Corsica n’hésite pas à qualifier de « véritable tremblement de terre démocratique. Un nationaliste termine à près de 49 % des voix sans aucun moyens face au maire d’Aiacciu, nous avons dépassé la barre des 11 000 voix. Certains commentateurs avisés ne nous voyaient pas au second tour. Non seulement nous y sommes, mais nous avons été très proches d’une victoire électorale. Ce soir, Laurent Marcangeli a gagné électoralement, nous avons gagné politiquement ». Si la désunion a failli être fatale au député sortant dans la 2nde circonscription de Haute-Corse, c’est l’union de la famille nationaliste qui a rendu ce score possible, notamment les deux autres candidats recalés au 1er tour. « Il convient à présent de réunir toute la famille nationaliste », avait, dès sa qualification, plaidé Romain Colonna, un appel relayé par le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni. Si Jean-Paul Carrolaggi, qui avait recueilli 3000 voix, avait assuré de son vote personnel, Michel Mozziconacci, qui avait agrégé 2193 voix, avait manifesté son soutien public lors du meeting d’entre deux tours, tout comme la section locale du PNC et Core in Fronte.
Une citadelle fragilisée
Mais l’union n’a pas été totale puisque Corsica Libera s’y est refusé. « Si nous avions fait l’union tous ensemble, nous aurions, ce soir, quatre députés nationalistes sur quatre », commente, désabusé, à Bastia, Paul-Félix Benedetti, leader de Core in Fronte qui a appelé en vain à l’union. Mais, dimanche soir, à Aiacciu, c’est la joie qui domine, parce que, d’un coup, tout devient possible : « Aujourd’hui, la citadelle ajaccienne a vacillé, nous allons continuer à travailler pour la faire tomber prochainement... », lance Romain Colonna. Dans la ligne de mire, les élections municipales dans quatre ans, avec une nouvelle donne. Dans quelques jours, pour cause de non-cumul des mandats, Laurent Marcangeli devra quitter ses habits de maire et de président de la CAPA pour endosser celui de député. Il devrait également quitter l’Assemblée de Corse pour ne garder que le mandat de conseiller municipal. A l’Assemblée nationale, il rejoindra le groupe Horizons d’Edouard Philippe au sein de la coalition macroniste « Ensemble » qui n’obtient pas la majorité absolue en sièges.
N.M.
Une étiquette difficile
Pourtant, on le disait nerveux, pas serein. La vague Marine le Pen, qui avait submergé la circonscription, deux mois avant, lors des présidentielles, avait, en effet, été un véritable choc pour le candidat, soutien d’Emmanuel Macron et investi par « Ensemble ». Je pense que j’ai eu raison de dire que le siège était en danger. On le mesure avec les résultats. Si on les compare avec ceux de 2017, le danger était bien là et si je n’avais pas été candidat, le siège aurait pu basculer. Je me suis battu avec des convictions et une étiquette qui était très difficile à porter et dans un territoire qui a voté à près de 59 % pour Marine Le Pen il y a un peu plus d’un mois, réussir à gagner cette élection, c’est une belle réussite », reconnaît Laurent Marcangeli. Avec ses troupes, il est, donc, allé au charbon, notamment du côté des abstentionnistes, et a engrangé 4 041 voix supplémentaires entre les deux tours, dont 2000 sur sa commune où le taux de participation a augmenté d’un point, également sur la CAPA. « Les territoires urbains et péri-urbains ont voté pour moi. Les territoires ruraux ont voté massivement pour Mr Colonna. Il y a des scores qui m’interpellent dans la ruralité. On note des basculements élection après élection. Peut-être est-ce dû à la fusion des Départements et de la Collectivité de Corse », remarque-t-il. Comme pour les territoriales, le rural est le maillon faible du leader ajaccien.
Un tremblement de terre
Ceci posé, si les Nationalistes unis étaient en mesure de l’inquiéter, comme ils s’y présentaient divisés et peu enclins à s’entendre, le risque s’évaporait. Romain Colonna, qui avait décroché sa qualification pour le 2nd tour avec 17,48 % des suffrages, soit 4135 voix, semblait bien trop bas pour combler le retard. Pourtant, il a effectué une remontée spectaculaire de 7060 voix, le portant à 48,24% des suffrages pour un total de 11 195 voix. Un inattendu retournement de situation que le candidat de Femu a Corsica n’hésite pas à qualifier de « véritable tremblement de terre démocratique. Un nationaliste termine à près de 49 % des voix sans aucun moyens face au maire d’Aiacciu, nous avons dépassé la barre des 11 000 voix. Certains commentateurs avisés ne nous voyaient pas au second tour. Non seulement nous y sommes, mais nous avons été très proches d’une victoire électorale. Ce soir, Laurent Marcangeli a gagné électoralement, nous avons gagné politiquement ». Si la désunion a failli être fatale au député sortant dans la 2nde circonscription de Haute-Corse, c’est l’union de la famille nationaliste qui a rendu ce score possible, notamment les deux autres candidats recalés au 1er tour. « Il convient à présent de réunir toute la famille nationaliste », avait, dès sa qualification, plaidé Romain Colonna, un appel relayé par le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni. Si Jean-Paul Carrolaggi, qui avait recueilli 3000 voix, avait assuré de son vote personnel, Michel Mozziconacci, qui avait agrégé 2193 voix, avait manifesté son soutien public lors du meeting d’entre deux tours, tout comme la section locale du PNC et Core in Fronte.
Une citadelle fragilisée
Mais l’union n’a pas été totale puisque Corsica Libera s’y est refusé. « Si nous avions fait l’union tous ensemble, nous aurions, ce soir, quatre députés nationalistes sur quatre », commente, désabusé, à Bastia, Paul-Félix Benedetti, leader de Core in Fronte qui a appelé en vain à l’union. Mais, dimanche soir, à Aiacciu, c’est la joie qui domine, parce que, d’un coup, tout devient possible : « Aujourd’hui, la citadelle ajaccienne a vacillé, nous allons continuer à travailler pour la faire tomber prochainement... », lance Romain Colonna. Dans la ligne de mire, les élections municipales dans quatre ans, avec une nouvelle donne. Dans quelques jours, pour cause de non-cumul des mandats, Laurent Marcangeli devra quitter ses habits de maire et de président de la CAPA pour endosser celui de député. Il devrait également quitter l’Assemblée de Corse pour ne garder que le mandat de conseiller municipal. A l’Assemblée nationale, il rejoindra le groupe Horizons d’Edouard Philippe au sein de la coalition macroniste « Ensemble » qui n’obtient pas la majorité absolue en sièges.
N.M.