Corse Net Infos - Pure player corse

Conflit de la plateforme courrier-colis d’Afa-Baleone : la justice donne raison à la direction de La Poste, les grévistes lèvent l’occupation du site


le Vendredi 2 Mai 2025 à 13:52

Après avoir été assignés par la direction de La Poste dans le cadre d’une procédure en référé, cinq grévistes du site de Baléone ont été condamnés à 2500 euros d’amende collective ce vendredi matin par le tribunal d’Ajaccio, tandis que la levée de l’occupation des lieux a également été demandée. Pour autant, la CGT FAPT qui porte ce mouvement qui dure depuis fin mars assure que le conflit continue.



Conflit de la plateforme courrier-colis d’Afa-Baleone : la justice donne raison à la direction de La Poste, les grévistes lèvent l’occupation du site
« Déception et incompréhension ». C’est la douche froide pour les grévistes de la plateforme courrier-colis de Baleone. Ce vendredi matin, le tribunal d’Ajaccio a donné raison à la direction de La Poste qui avait assigné en référé cinq grévistes pour l’occupation et le blocage du site depuis le 17 avril dernier, condamnant ces derniers à une amende collective de 2500 euros. La levée de l’occupation des locaux a également été demandée, sous peine d’une amende de 1000 euros par heure supplémentaire de présence. Si les grévistes, soutenus par la CGT-FAPT, niaient tout blocage du site, ils ont toutefois libéré immédiatement les lieux.  
 
« Cela nous laisse pantois. Il n’y a même pas de justification claire à ce jugement. C’est incompréhensible. La plaidoirie de l’avocate de La Poste contenait des mensonges, notamment quand elle déclare que depuis le 31 mars il n’y a plus de tournée distribuée. C’est totalement faux. Nous étions donc confiants quant à l’issue de cette procédure, c’est pour cela que nous sommes d’autant plus déçus », déplore Rudy Albertini, le secrétaire régional de la CGT-FAPT. « Nous réfléchissons aux modalités de poursuite du conflit. Il n’y a pas de reprise envisagée. Nous réfléchissons seulement à comment rester visibles et montrer notre détermination et comment remettre La Poste autour de la table pour réellement négocier », ajoute-t-il.
 
Pour rappel, la quasi-totalité des salariés de cette plateforme courrier-colis est en grève depuis le 31 mars dernier, du fait d’un projet de réorganisation qui entraînerait notamment la dénonciation d’accords locaux. Un mécanisme qui conduirait à la perte de plusieurs centaines d’euros par mois pour les salariés. « C’est le principal point d’achoppement sur lequel la direction de La Poste fait blocage et affabule sur le fait de faire de réelles propositions. Les propositions de La Poste portent sur des choses qui sont déjà existantes ou le seront dans le process de réorganisation qu’elle entend mener », soutient Rudy Albertini en indiquant que la médiation entamée en début de semaine sous la houlette des services de l’État n’a rien donné. « Mercredi on nous a fait une nouvelle proposition semblable à celle du 28 mars, avec seulement une prise en compte de la dénonciation légale des usages qui déplaçait le problème de six mois. Nous en sommes au point mort », souffle le secrétaire régional de la CGT-FAPT. « Ce conflit dure depuis 5 semaines. Il est temps que l’on en sorte dignement, en tout cas en ce qui concerne les salariés, puisque je doute que l’entreprise en sorte dignement vu ses méthodes », fustige-t-il encore en glissant : « Si La Poste est sortie victorieuse de ce référé, il y a tout de même eu des contrôles de l’inspection du travail qui à notre connaissance montrent l’aspect illégal de l’entrepôt de l’Atrium mis en place pour assurer une continuité de service ».
 
Ce vendredi matin, les grévistes ont par ailleurs rencontré les maires des communes de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (CAPA) concernées par le conflit. « Nous leur avons exposé la problématique du conflit, afin de leur dire que nous n’avons aucune volonté de nuire à leurs administrés, mais leur expliquer la réalité des faits concernant les négociations », indique Rudy Albertini, « Ils ont fait une demande d’audience auprès de la direction régionale pour demander à ce que de réelles négociations sur le point lié au pouvoir d’achat soient menées ».

Dans un communiqué transmis à la presse en milieu d'après-midi, la direction régionale de La Poste assure pour sa part que « dans le cadre de la médiation proposée par la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) qui s’est déroulée les 28 et 30 avril entre les représentants de La Poste et la délégation des agents grévistes, des propositions concrètes et nouvelles ont été faites par La Poste sur la totalité des revendications et ce en cohérence avec la volonté ferme de La Poste de trouver une solution avant même le début du conflit ». « La DREETS a d’ailleurs constaté les avancées notables de ces propositions », appuie-t-elle en regrettant que « la délégation des agents grévistes ait refusé l’ensemble de ces propositions ». « La Poste réitère sa volonté de dialogue social et invite les agents à la reprise du travail », affirme-t-elle. Dans ce droit fil, la direction de La Poste indique qu'une « rencontre est en cours d’organisation entre La Poste et les élus des communes impactées par ce mouvement social »,  « toujours dans une démarche de concertation et d’échanges avec l’ensemble des acteurs concernés ».

« Le dispositif de continuité de service, mis en place dès les premiers jours de grève, est renforcé aussi bien pour les colis que pour le courrier des particuliers et professionnels, toujours dans le respect du droit de grève et de l’obligation de continuité de la mission de service public », souligne-t-elle encore.