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Commémoration du 70ème anniversaire de la création du CNR


Marilyne SANTI le Mardi 28 Mai 2013 à 23:02

Lundi 27 Mai, a eu lieu devant le Monument de la Résistance à Ajaccio, la commémoration du 70ème anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance (CNR). Patrick Strzoda préfet de Corse, Dominique Bucchini président de l'Assemblée de Corse, Simon Renucci maire d'Ajaccio et Laurent Marcangeli député e ont rendu hommage au CNR organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure française, de la presse, des syndicats et des membres de partis politiques hostiles au gouvernement de Vichy, à partir de mi-1943, et dont le premier président fut Jean Moulin.
Faisant suite à l'allocution de l'ANACR 2A, celle du préfet de Corse-du-Sud contenait un rappel historique de la résistance en Corse, faisant un parallèle avec celle qui pourrait permettre de lutter contre cette situation de violence que la Corse connait aujourd'hui. En voici ce texte.



(DR)
(DR)
Il y a 70 ans, la Corse préparait activement sa libération.
Grâce au courage et à la persévérance de femmes et d’hommes qui aimaient profondément cette terre de Corse et leur patrie, la Corse a été le premier département libéré du joug fasciste et nazi.
Nombreux furent ces résistants qui prirent les armes au nom d’un idéal, qui acceptèrent le risque de la mort pour vivre libres et être en règle avec leur conscience.
Pendant ces heures sombres, ces héros ont incarné les plus belles valeurs et qualités : fierté indomptable, haine farouche de la barbarie ennemie, amour profond de la République et de la France.
Au delà de la diversité de leurs origines et de leurs engagements politiques, ils ont réussi à se rassembler sous la seule cause sacrée de la libération.
A la même période, sur le continent, les différents mouvements de la Résistance se sont unifiés autour de Jean MOULIN.
Le 27 mai 1943, les mouvements de résistance, mais aussi des syndicats et des partis politiques, ont jeté les bases du programme du Conseil National de la Résistance qui permettra la renaissance de notre pays et autorisera la France à siéger à la table des vainqueurs lors de la capitulation du IIIème Reich.
Le programme du CNR, fortement empreint de rénovation et de cohésion sociales, sera appliqué à la libération.C’est dans ce programme que les gouvernements de l’après guerre ont puisé une grande partie des acquis sociaux de notre pays.
 
La commémoration de ce soir s’inscrit dans un double devoir.
Le devoir de mémoire nous invite à rendre hommage à tous ces hommes et ces femmes qui ont fait le choix du courage alors qu’ils étaient pris dans un engrenage qui les a précipités dans l’enfer.
Le devoir de vigilance, qui nous rappelle que l’engagement de ces héros était fondé sur les valeurs de dignité et de liberté.
Il faut être vigilant, car ignorer ces valeurs, les oublier, c’est prendre le risque de recréer les mêmes conditions que celles qui ont conduit au conflit et à l’asservissement des peuples.
 
Ici, en Corse, en 2013, cet engagement au nom des valeurs prend un sens particulier. Car la Corse traverse une période difficile à cause du nombre important d’assassinats qui endeuillent depuis trop longtemps cette île.
Ces assassinats mettent toute la société corse en tension, et sèment une inquiétude réelle au sein de la population.  Un sentiment de fatalité se développe : certains sont convaincus qu’il y a des individus qui, sous la cagoule ou dans le secret d’un appartement, peuvent décider de qui doit vivre ou mourir;
 et beaucoup considèrent que l’Etat a démissionné, qu’il est impuissant.
 
Face à cette situation, nous devons être lucides. Ce n’est pas la société corse qui est violente. Ce sont quelques bandes de voyous qui sèment le trouble et le désarroi en voulant imposer, avec une violence inouïe, la loi du plus fort à l’ensemble de la société corse, ils veulent dicter leurs conditions aux décideurs politiques ou économiques ; ils veulent racketer les entreprises, les commerçants ; ils veulent dissuader les investisseurs de s’installer en Corse ; ils veulent empêcher les nombreux talents que compte la Corse de s’y développer. Pour arriver à leurs fins, ils utilisent des procédés violents : pressions, menaces, attentats, assassinats.
 
Le développement de cette violence mafieuse transforme la société corse : elle est déboussolée, dérégulée. Il y a un risque de dérive généralisée.
Le combat contre ces criminels est d’abord celui de l’Etat. Il le mène avec détermination dans le cadre de la stratégie définie par le Premier Ministre le 22 octobre 2012 et qui se caractérise par :
plus de moyens pour les services enquêteurs ; plus de coopération entre ces services ; plus de contrôles des secteurs propices à ces dérives et aux règlements de compte.
 
Pour rétablir le lien de confiance avec la société corse, l’Etat est engagé dans une stratégie claire, cohérente et durable, et il obtient des résultats.
Ce combat est aussi celui des responsables politiques de l’île : en raison du statut décentralisé de la Corse, c’est aux élus de trouver et de mettre en œuvre les solutions aux problèmes qui sont à l’origine de cette violence criminelle.
Je sais qu’ils y travaillent, à la CTC, dans les Conseils généraux et municipaux pour rendre :
- la Corse plus productive, avec un secteur marchand plus développé et des perspectives de travail pour les jeunes.
- la Corse plus solidaire, en luttant contre la précarité et la pauvreté qui se développent.
 
L’Etat est évidemment partenaire de ce développement économique et social  qu’il faut construire dans le respect de l’identité de la Corse.
Ce combat est enfin celui de toute la population.
Il ne s’agit pas de demander aux Corses de faire le travail de l’Etat. Cependant, en cette année où nous commémorons le 70ème anniversaire de la libération de la Corse, il s’agit pour nous tous de nous inspirer de l’esprit et des valeurs de la Résistance pour refuser la violence que des assassins veulent imposer à la Corse.
 
En appeler à l’esprit de la Résistance, c’est : refuser, par principe, cette violence qui détruit des vies et endeuille des familles ; conserver intacte sa capacité d’indignation, personnellement ou
collectivement ;  lutter contre toutes les formes de complaisance qui peuvent conduire à expliquer ou à justifier ce qui est inacceptable : la complaisance de ceux qui nient ou relativisent l’influence des criminels dans la société corse ; la complaisance de ceux qui ouvrent leurs portes aux émissaires des voyous, ce qui accrédite l’idée que le crime organisé a ses entrées partout ; la complaisance de ceux qui dénigrent systématiquement l’action de l’Etat, quand celui-ci utilise des moyens parfaitement légaux pour protéger la Corse de la gangrène de la violence et pour défendre les droits de l’Homme.
L’esprit de la Résistance, c’est savoir que ce combat sera long et que c’est avant tout le combat du courage, de la lucidité et de la morale.
 
Vive la Corse
Vive la République
Vive la France