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Chambre de métiers de la Corse-du-Sud : Le coup de colère de François Gabrielli


Marilyne SANTI le Mardi 29 Septembre 2015 à 00:45

Lundi, lors de l’assemblée générale extraordinaire la Chambre de Métiers et de l’artisanat de la Corse-du-Sud, François Gabrielli, son président, a dressé le bilan, morose; de la situation économique du secteur de l’artisanat et du commerce de proximité. Entouré notamment d’Antoine Mondoloni président de la chambre régionale de commerce et d’industrie de la Corse, de Jean-André Miniconi président de la chambre de commerce et d’industrie de la Corse-du-Sud, d’Antoine Piacentini président de la chambre régionale de métiers et de l’artisanat de Corse et de François Lalanne secrétaire général aux affaires de Corse, il a tiré à boulets rouges sur le sujet sensible du régime micro-social.



Chambre de métiers de la Corse-du-Sud : Le coup de colère de François Gabrielli
Un bilan pour le moins négatif dans une atmosphère plutôt morose, reflet de l’économie corse de l’artisanat et des entreprises qui la composent. « Une économie qui est aujourd’hui sacrifiée sur l’autel de l’ignorance, de l'incompétence, et d’une fascination incompréhensible pour le thème : tout le monde peut créer une entreprise ! » François Gabrielli au nom de tous enfoncera le clou sur le sujet sensible du régime micro-social en rajoutant que cette situation ne s’inscrit pas dans l’ordre des choses, dans l’ordre d’un développement sain et serein, dans l’ordre d’une concurrence loyale. 

Un état des lieux inchangé
Le deuxième trimestre 2015 a marqué une nette baisse de l’activité économique des entreprises artisanales et de celles du commerce de proximité, en particulier dans le secteur du bâtiment. L’amélioration de la conjoncture annoncée en début d’année, ne s’est pas produite. Les entreprises vont mal, voire très mal pour certaines et l’embauche de salariés dans le secteur des métiers a fortement diminué, en particulier dans de ceux de la restauration, et du bâtiment. Cet artisanat qui était hier pourvoyeur d’emplois qualifiés et sous contrat indéterminé, n’embauche plus que rarement et en CDD.
 
Un régime « micro social » toujours mis en cause
« Depuis la création du régime de l’auto entrepreneur appelé maintenant « micro social » nous comptabilisons 4 à 5 inscriptions par jour ! Et ce, malgré le fait que nous ayons obtenu l’obligation pour ces demandeurs de justifier de leur qualification (expérience et diplôme). Un seul mot d’ordre vous n’encaissez rien ! Vous ne payez rien ! Vous ne prenez aucun risque ! »
Et tout le monde, demandeur d’emploi, salarié, fonctionnaire, retraité, s’improvise chef d’entreprise. Nos dirigeants ont-ils seulement perçu les effets pervers du système ? »
Loin d’être utilisé comme un véritable tremplin à la création d’entreprise, après une période permettant de tester un marché et la capacité de gérer une entreprise (10% seulement optent pour une évolution de leur statut), 60% ne déclare rien pour ne pas être imposable ou perdre les subsides d’un régime plus avantageux. Aujourd’hui, la Corse-du-Sud est au-dessus de la moyenne nationale en ce qui concerne les entreprises en « micro social », une envolée de cette économie parallèle.
 
La main d’œuvre détachée : second point noir de l’économie corse
La Corse compte un salarié « en main d’œuvre détachée » pour 34 salariés alors que sur le territoire national, les chiffres de la Direccte affichent un pour 140 salariés ! Ces salariés, originaires d’un autre pays arrivant pour beaucoup par la Sardaigne, et détachés dans une entreprise française, ont un contrat qui respecte les règles du pays d’accueil et les conditions de rémunération à l’exception du taux des cotisations sociales et patronales qui restent celles de son pays d’origine.
Le recours à cette main d’œuvre détachée, venue principalement de Pologne ou de Roumanie, est si important qu’il inquiète le gouvernement qui réclame des contrôles. Des contrôles dont chacun doute. En 2015, La commission du travail illégal rapportait aux sénateurs que 230 000 salariés « main d’œuvre détachée » ont travaillé légalement, mais qu’ils seraient autant à avoir travaillé illégalement ! Soit un manque à gagner de 380 millions d’euros pour les caisses de la sécurité sociale.
« Malheureusement nous ne pouvons pas occulter le poids des charges sociales sur les petites entreprises. Malgré l’annonce du gouvernement de baisser les charges, seule la branche « Allocations Familiales » est concernée, alors que les charges de la branche retraite et retraite complémentaire vont continuer d’augmenter jusqu’à la fin 2016.
Si aucune mesure n’est prise, les cotisations du Régime Social des Indépendants (RSI) vont bientôt friser un taux d’imposition de près de 60% des revenus ! »
 
Un marasme économique sans fatalité et une faillite annoncée.
Les débats sont tous allés en ce sens ensuite. Colère, sentiment d’injustice, témoignages révoltés et rancœur envers un gouvernement qui comme ses prédécesseurs ne prend pas la mesure de la situation des TPE en Corse. La seule démarche encore possible pour les présidents serait de prendre rendez-vous auprès de Martine Pinville, ministre en charge du commerce et de l’artisanat, et de transmettre un courrier au Président de la République
"Je veux proposer avec vous et avec l’ensemble de mes élus, un plan de sauvegarde de l’artisanat et de l’économie corse. Il est de mon devoir, face à vous, artisans, chefs d’entreprise ! Il est de mon devoir face à l’institution et au secteur que je représente ! Il est de notre devoir et de notre responsabilité de mettre tout en œuvre pour que les femmes et les hommes qui font la force de l’économie corse puissent vivre sur leur terre du fruit de leur travail ! a conclu le président Gabrielli.
 
Grande distribution et non implication des politiques corses
La grande distribution était un autre point sensible de cette assemblée générale extraordinaire. Une situation qui a généré beaucoup de questions mais dont la principale reste « pourquoi le préfet et les politiques ont-ils laissé faire ça ! » « Ce sont nos politiques qui ont dit oui et qui ont voté pour ! Le maire d’Ajaccio et de Sarrola ont dit oui et les constructions ont démarrées. »
Des politiques qui ont été conviés à cette AG il y a plus de 15 jours, comme tous les groupes de l’assemblée de Corse, le président de l’Exécutif, les députés. « Mais il n’y a personne ! Aller les voir en demandant qu’ils interviennent serait une perte de temps on le voit bien. Droite, gauche, nationalistes ils ne sont pas à la hauteur de nos exigences et à notre écoute. »