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CdC : Six jeunes ambassadeurs pour promouvoir et valoriser le sport corse


Nicole Mari le Lundi 2 Septembre 2019 à 21:56

Des ambassadeurs pour valoriser les sportifs insulaires de haut niveau, promouvoir la pratique et transmettre les valeurs sportives auprès de la jeunesse, c’est le but du nouveau dispositif mis en place par la Collectivité de Corse (CdC) et adopté à l’unanimité lors de la session de juillet de l’Assemblée de Corse. Intitulé « Imbasciadrice è imbasciadori spurtivi di Corsica », il a été présenté, lundi matin, à Bastia par Lauda Guidicelli, conseillère exécutive chargée de la jeunesse, des sports, de l'égalité femmes-hommes, de l’innovation sociale et du handicap. Un appel à candidatures auprès des sportifs, âgés de 15 à 30 ans, a été lancé dans la foulée. Explications, pour Corse Net Infos, de Lauda Guidicelli.



Lauda Guidicelli, conseillère exécutive chargée de la jeunesse, des sports, de l'égalité femmes-hommes, de l’innovation sociale et du handicap. Photo Michel Luccioni.
Lauda Guidicelli, conseillère exécutive chargée de la jeunesse, des sports, de l'égalité femmes-hommes, de l’innovation sociale et du handicap. Photo Michel Luccioni.
- Quel est l’objet de ce nouveau dispositif ?
- Nous avons voulu promouvoir le jeune sportif insulaire et lui permettre d’être l’image de la CdC et de l’île. Pour ce faire, nous avons élaboré un dispositif qui va nommer six ambassadeurs sportifs à parité garçon-fille. Deux premières nominations de jeunes âgés entre 15 et 18 ans, une deuxième catégorie concerne les 18-30 ans, et une troisième catégorie pour les sportifs en situation de handicap. Nous avons voulu valoriser le jeune dans sa globalité, qu’il soit sportif de haut niveau ou sportif en situation de handicap.
 
- Qu’est-ce qui a motivé cette idée de désigner des ambassadeurs ?
- Nous restons toujours dans la philosophie du Pacte per a ghjuventu (Pacte pour la jeunesse) et sa directive de droits et de devoirs. Le jeune pourra, contre une aide financière supplémentaire de 4000 € par an, répondre à des missions que lui confiera la Collectivité. Il d’agira de promouvoir les valeurs du sport, les valeurs humanistes, la pratique sportive pour lutter contre la sédentarité dans les établissements scolaires et universitaires, les CFA (Centres de formation des apprentis), les missions locales, l’école de la deuxième chance… et auprès d’un public très varié, qui peut, donc, aller du collégien à l’apprenti, tout en touchant les jeunes qui ne sont ni en situation d’emploi, ni en situation de formation, ni scolarisés.
 
- Vous parlez de droits et de devoirs. Quelles seront les obligations exactes et en termes de fréquence ?
- Sur la saison sportive, de septembre à septembre, le jeune ambassadeur devra assurer six présences obligatoires qui se découpent de la façon suivante : au minimum trois représentations au sein d’évènements sportifs portés par la CdC et organisés avec le concours du mouvement sportif insulaire, pendant lesquels le jeune ambassadeur pourra présenter sa discipline et son parcours. A cela s’ajoutent au minimum trois interventions et animations auprès de jeunes publics - scolaires, étudiants, apprentis, jeunes NEET (ni scolarisés, ni emploi, ni en formation) -, notamment dans le cadre de projets pédagogiques portés par un acteur de la jeunesse sur un des thèmes suivants : démonstration et initiation sportive, échange sur des thèmes alliant sport, citoyenneté, handicap, solidarité, prévention, respect, discipline, égalité femme/homme, formation, dépassement de soi, parcours de vie... Le jeune pourra y rencontrer d’autres jeunes avec pour objectifs principaux : la sensibilisation aux valeurs humanistes pour renforcer la citoyenneté, à l’éthique du sport, à l’olympisme et au paralympisme, et contribuer à l’information et la formation. Il pourrait être partenaire d’un projet et aider d’autres jeunes dans l’élaboration d’une initiative, d’un parcours…

- Combien de temps durera cette mission ?
- Les conventions sont signées pour une durée de deux ans, renouvelable une fois, mais au bout d’un an, nous ferons un point d’étape et un bilan de mandature pour voir si le jeune choisi a répondu aux engagements. Nous devons voir aussi de notre côté ce qu’il faut améliorer afin d’avoir un dispositif qui soit le plus approprié possible aux objectifs de la CdC et aux missions du jeune ambassadeur.

- Quels sont les critères de sélection des jeunes sportifs ?
- Le premier critère est forcément l’âge : entre 15 et 30 ans. Il faut aussi être résident en Corse, être licencié dans un club ou une ligue en Corse depuis au moins deux ans, être inscrit sur les listes de haut niveau du Ministère des Sports ou avoir réalisé des performances de niveau national ou international. Il faut aussi évidemment respecter l’éthique sportive. La pratique de la langue corse est importante et appréciée sachant que nous avons décidé de bonifier le jeune ambassadeur si, à l’issue des deux ans, il a obtenu une certification B1 en langue corse. Le but est de porter les valeurs de la Corse, qu’elles soient sportives, culturelles ou identitaires.
 
- Que doit faire un jeune sportif pour y participer ?
- Nous lançons, dès ce début septembre, date d’ouverture de la saison sportive, un appel à candidature. Nous irriguons l’ensemble des clubs, ligues et comités sportifs pour que tous aient l’information. Le jeune sportif aura un mois pour répondre par le biais d’une lettre de motivation - lettre bilingue français/corse appréciée – adressée à l’attention du Président de l’Exécutif de Corse, où il expliquera pourquoi, selon lui, il fera un bon ambassadeur sportif pour la Corse. A l’issue de ce mois, un jury sera constitué et composé de six personnes : le Président du Conseil d’administration et un représentant du Centre du Sport et de la jeunesse corse (CSJC), bras armé de la politique sportive et jeunesse de la CdC, un représentant de la Direction des Sports de la CdC, un journaliste sportif membre de l’Union nationale des journalistes sportifs (UNJS), un représentant du mouvement sportif, le tout chapeauté par moi-même. Nous nous réservons le droit de convoquer le jeune candidat pour aller plus loin que sa lettre de motivation et vérifier ses aspirations. Toutes les indications sont sur le site de la CdC.
 
- Ciblez-vous des disciplines sportives particulières ?
- Non ! L’éventail est très large. Il s’étend non seulement à toutes les disciplines olympiques et paralympiques, mais aussi à celles qui ne sont pas affiliées, les disciplines non olympiques délégataires, le handisport et le sport adapté. Notre souhait est de toucher vraiment le sport dans sa globalité, qu’il soit collectif ou individuel.

- La rétribution financière est assez importante…
- Oui ! C’est pour cela que le jeune doit répondre à la volonté de l’Exécutif de promouvoir des valeurs et faire sa part du chemin dans ce partenariat entre CdC et monde sportif. Le règlement des 4000 € se fera à moitié en début de saison sportive et le solde à son terme. Cette aide est cumulable avec la bourse annuelle attribuée aux jeunes sportifs de haut niveau. Afin d’encourager la pratique de la langue corse, un bonus de 500 € sera attribué à chaque ambassadeur ayant obtenu le Certificat en Langue Corse niveau B1 à la fin des deux années.

- Exercerez-vous un contrôle des missions ?
- Oui ! Evidemment ! À l’issue de la première année de fonction, les ambassadeurs présenteront un bilan de leur activité personnelle. Nous nous réservons le droit de rompre la convention et de demander le remboursement des sommes déjà versées. L’aide et le titre d’ambassadrice/ambassadeur pourront être interrompus en cas de manquement aux engagements contractuels, en cas de suspension par sa fédération sportive ou si l’athlète n’est plus licencié dans un club corse.

- Devenir un ambassadeur sportif peut-il ouvrir des portes pour un jeune motivé ?
- Oui. Mais, déjà, cela peut être, pour le jeune sportif, une source de valorisation puisqu’il est reconnu par une institution qui est la Collectivité de Corse. L’ambassadeur sportif est institutionnalisé et peut porter des messages pour répondre aux problématiques que la jeunesse peut rencontrer. Le jeune est reconnu dans ses atouts et peut s’impliquer dans des actions associatives ou sportives. Il prouve que l’on peut exceller dans une pratique sportive, avoir des résultats et des performances, et réussir brillamment ses études : les résultats du CSJC le montrent. Nous avons récemment eu l’exemple de la petite judokate qui participe aux championnats du monde. Il est important que l’on dépasse les nominations effectuées par les journalistes sportifs et que la CdC valorise son patrimoine jeunesse et son patrimoine jeunesse sportive et reconnaisse l’investissement des jeunes à la fois dans leurs parcours scolaire et sportif.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.