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Cap Corse : l’unité de dessalement, une réponse provisoire face à la crise de l’eau


Léana Serve le Samedi 7 Juin 2025 à 10:30

En déplacement dans le Cap Corse ce mardi 3 juin, le préfet de Haute-Corse Michel Prosic a visité plusieurs équipements à Tomino et Rogliano, dont l’unité de dessalement mise en service en 2022. Si cette installation garantit l’approvisionnement en eau potable en période de sécheresse, les élus locaux plaident pour des solutions durables face aux enjeux climatiques.



Le préfet de Haute-Corse a visité ce mardi l'unité de dessalement à Rogliano
Le préfet de Haute-Corse a visité ce mardi l'unité de dessalement à Rogliano

Sécheresse, patrimoine, aménagements : le préfet de Haute-Corse Michel Prosic était ce mardi 3 juin dans les communes de Tomino et Rogliano pour faire le point sur plusieurs projets locaux, dont l’unité de dessalement mise en service en 2022. La journée a débuté avec une halte sur le chantier de restauration de l’église Saint-Nicolas, classée monument historique. Le préfet s’est ensuite rendu à la station d’épuration intercommunale et à l’entrée du hameau de Macinaggio, où des travaux d’aménagement sont en cours. La visite s’est achevée à l’unité de dessalement de Rogliano, aujourd’hui propriété de la commune. L’installation, cofinancée par l’État et la Collectivité de Corse à hauteur de 70 %, a été mise en service en 2022. Elle est conçue pour pallier les pénuries d’eau potable en période estivale. « Il est important que la solidarité nationale joue son rôle et permette d'accompagner la réalisation des projets que portent les élus », a déclaré Michel Prosic. « Ce projet de dessalement garantit à long terme l’accès à l’eau potable pour les habitants de ce secteur. »

Capable de traiter l’eau de mer pour la rendre potable, l’unité a été utilisée durant trois mois en 2023, et durant quinze jours cette année. Elle permet de faire face à la tension croissante sur la ressource hydrique dans la région. « Nous avons vécu cinq années de sécheresse, avec une année 2024 record en termes de chaleur, mais aussi de déficit hydrique : seulement 72 % des précipitations annuelles habituelles », a souligné le préfet. « Ces records sont appelés à se répéter. La ressource en eau ne se négocie pas. »


Une unité pérenne mais jugée insuffisante

Si l’unité de dessalement devait, à l’origine, répondre à un besoin ponctuel, elle s’impose désormais comme un équipement durable dans le paysage du Cap Corse. « L’unité va s’inscrire dans la durée parce que les conditions climatiques n’ont malheureusement pas vocation à s’améliorer », souligne François Orlandi, maire de Tomino. « Même si 2025 est pour le moment une année exceptionnelle, on sait que la pluviométrie va se réduire d’année en année. Je crains que les aléas climatiques nous amènent à solliciter à nouveau cette unité. » Capable d’assurer l’approvisionnement d’une population qui passe de 800 habitants en hiver à près de 5 000 en été, l’équipement ne peut toutefois suffire à répondre seul aux enjeux à long terme.

Parmi les pistes envisagées, les élus plaident pour une meilleure coordination entre les communes. « Certaines disposent d’une ressource en eau importante, à partir desquelles on pourrait alimenter un réseau de bassins », poursuit François Orlandi, en référence au plan Acqua Nostra 2050 adopté par l’Assemblée de Corse en 2020. « Nous sommes en 2025, et malheureusement, les travaux n’ont toujours pas démarré. Il faut maintenant passer des études à la réalisation. »

De son côté, Patrice Quilici, maire de Rogliano, défend lui aussi l’idée d’acheminer de l’eau depuis d’autres parties de l’île, même si le projet reste, selon lui, à l’état de promesse. « Cela fait trente ans qu’ils parlent d’amener l’eau dans le Cap Corse. On commence à l’envisager plus sérieusement, mais entre les autorisations et les travaux, il faudra encore attendre une dizaine d’années. »

Quant au plan territorial de gestion de l’eau (PTGE), engagé au niveau régional, il peine, là encore, à se concrétiser. « Nos investissements dans ce cadre risquent de prendre de nombreuses années », regrette François Orlandi. « L’unité de dessalement n’était pas la solution que nous préférions, mais elle reste aujourd’hui la seule qui permet de répondre à l’urgence. Et encore, on parle uniquement d’eau potable, sans évoquer le monde agricole. Sur nos communes, des éleveurs ont dû abandonner leur activité faute d’accès à la ressource. C’est un constat édifiant. »