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Cagnano : des travaux de mise en sécurité sur la tour de Losse


Léana Serve le Samedi 26 Juillet 2025 à 08:01

Construite au XVIe siècle, la tour génoise de Losse à Cagnano fait l’objet d’un vaste chantier de sécurisation, lancé à l’initiative de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse. Un projet qui doit permettre de la faire perdurer dans le temps, avant une éventuelle ouverture au public d’ici quelques années.



La tour de Losse fait l'objet de travaux de sécurisation
La tour de Losse fait l'objet de travaux de sécurisation

C’est un bâtiment vieux de plusieurs siècles, situé sur le littoral de Cagnano que l'on ne peut pas éviter lorsque l'on circule sur la roure départementale 80: la tour de Losse. Cette tour génoise, construite au XVIe siècle, a d’abord été la propriété de l’État, avant d’être vendue aux enchères au cours du XXe siècle, comme de nombreuses autres tours. C’est Ambroise Ambrosi, alors professeur agrégé au lycée de Bastia et membre actif de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, qui en fait l’acquisition en 1913. Peu après, il en fait don à la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, qui en devient officiellement propriétaire. Grâce à ses démarches, la tour de Losse est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
 

Pendant plusieurs décennies, le bâtiment reste dans l’ombre. Il faut attendre l’année 1978 pour que des premiers travaux de restauration soient engagés. “Les travaux se sont arrêtés là, la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse ne s’occupait pas vraiment du bâtiment”, explique Paul François Giacobbi, membre de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, et chargé du dossier sur la tour de Losse. Ce n’est qu’en 2015 qu’elle relance le dossier en lui confiant la gestion de la tour. “J’ai d’abord commencé par établir un titre de propriété. J’ai ensuite rencontré l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui a réalisé des fouilles archéologiques. Ça nous a permis de situer le bâtiment et son contexte historique et géologique.”
 

Pour entreprendre des travaux, la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse a besoin de soutiens financiers. Elle décide alors de se tourner vers la Fondation du patrimoine pour mettre en place une double démarche : “un appel aux dons à l’intention des particuliers, et un appel au mécénat d’entreprises”. En parallèle, une demande de subvention a été adressée à la Collectivité de Corse. “Étant donné que la tour est inscrite à l’inventaire des monuments historiques, les financements pour un particulier, ce qui est notre cas, sont obligatoires à hauteur de 25 % pour ce genre de travaux”, détaille Paul François Giacobbi, indiquant que leur demande est pour le moment restée sans réponse.
 

Des travaux devenus urgents
Une fois le financement amorcé, un devis est établi. Mais très vite, l’entreprise chargée des travaux alerte sur l’état réel du bâtiment. “Le diagnostic a révélé des désordres importants que nous n’avions pas identifiés auparavant”, souligne Paul François Giacobbi. “On s’est rendu compte qu'il y avait des fissures importantes à l'intérieur, et que deux arbres poussaient sur la terrasse sommitale. Mais surtout, certaines pierres, notamment sur la fenêtre côté mer, étaient disjointes et commençaient à tomber sur la route en contrebas, ce qui mettait clairement en péril les automobilistes. Il était vraiment important de faire en sorte que ces pierres soient stabilisées.”
 

Des travaux de sécurisation de la tour ont donc été lancés dès le 15 juillet. L’entreprise a commencé par extraire les arbres, retirer les souches, combler les cavités et stabiliser les maçonneries fragilisées. Au-dessus de l’entrée, une pierre d’encadrement a été remplacée en urgence. L’arc de décharge a lui aussi été consolidé, pour garantir la stabilité de l’ensemble. En même temps, une porte en châtaignier massif, fabriquée à partir de bois ancien conservé par la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, a été installée à l’entrée. “C’est une porte à l’ancienne, avec des planches verticales à l’extérieur et perpendiculaires à l’intérieur. Même la serrure a près de deux siècles”, précise-t-il. 
 

Le chantier, estimé à 70 000 euros, est entièrement financé par les dons et le mécénat. Une suspension est prévue durant le mois d’août, avant la reprise des travaux au mois de septembre. À la reprise, l’encadrement des fenêtres sera restauré, et deux volets en châtaignier seront posés pour protéger l’intérieur. “On vise une sécurisation entière du bâtiment, pour que la tour puisse tenir encore quelques siècles.”

Au-delà des travaux de sécurisation, l’objectif pourrait être de rendre la tour accessible au public. En effet, un projet d’aménagement existe déjà depuis une vingtaine d’années. “La commune de Cagnano a adopté un plan d’aménagement et de développement durable qui prévoit la création d’un sentier patrimonial”, explique Paul François Giacobbi. Ce sentier partirait d’un délaissé de route situé à environ 500 mètres en amont de la tour. Le site pourrait être transformé en petit parking, d’où partirait un chemin menant au pied de la tour avant de remonter jusqu’à la crête. “Dans ce cadre-là, on pourrait envisager de rendre la tour accessible et visitable. Mais cela nécessiterait d’autres moyens, et des soutiens complémentaires.” Pour l’heure, l’urgence reste avant tout de préserver le bâtiment.