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COVID-19 - Marie-Hélène Lecenne : « La Corse-du-Sud passe en zone orange »


Julia Sereni le Jeudi 27 Août 2020 à 16:12

Le Premier ministre Jean Castex a dévoilé ce jeudi 27 août une nouvelle carte de la circulation du virus en France, avec 19 nouveaux départements classés en « zones rouges ». Si pour le moment la Haute-Corse n’est pas en alerte, la Corse-du-Sud est quant à elle passée en zone orange, c’est-à-dire en « risque modéré ». Face à cette situation, la directrice de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Marie-Hélène Lecenne indique n’écarter aucune mesure pour endiguer la reprise de l’épidémie.



Marie-Hélène Lecenne (Photo Michel Luccioni)
Marie-Hélène Lecenne (Photo Michel Luccioni)
« Il y a aujourd'hui une circulation active du virus sur l’île ». Pour Marie-Hélène Lecenne, directrice de l’ARS, la situation est préoccupante : « Notre taux d’incidence et de positivité évolue de manière importante » précise t-elle. Les chiffres au 25 août sont en effet éloquents : depuis le 1er juillet, 252 personnes ont été testées positives en Corse.
 
Comment expliquer une telle recrudescence du nombre de cas depuis trois semaines, alors que la situation semblait s’être stabilisée ? Le tourisme a t-il participé de la reprise ? « Bien sûr que le tourisme a créé les conditions d’un brassage de populations » analyse Marie-Hèlene Lecenne, « mais c’est surtout le fait qu’on ait repris nos activités sociales qui a joué, dès lors que tout le monde ne respecte pas les gestes barrières ». Des gestes qui doivent pourtant être « valables pour tout le monde », mais qui peinent parfois encore à s’imposer.

« Les messages de prévention ont du mal a être appropriés par certains publics » regrette la directrice de l’ARS. Dans le viseur, les plus jeunes, mais pas seulement : « Il s’agit de tous ceux qui se sentent éloignés du risque de dégradation de l’état de santé en cas de contamination. Certains adultes aussi ont eu ce sentiment de ne pas être concernés » indique t-elle.
 
Pourtant, malgré cette reprise, les deux départements corses ne figurent pas parmi les « zones rouges » de la carte de circulation du virus présentée ce jeudi 27 août par le Premier ministre Jean Castex. Un classement qui se base notamment sur le taux d’incidence, c’est-à-dire le nombre de  cas pour 100 000 habitants. Une situation qui pourrait néanmoins se dégrader, comme l’annonce la directrice de l’ARS : « La Corse-du-Sud est en passe de devenir une zone orange, c’est-à-dire  une zone à risque modéré, d’ici la semaine prochaine ». Pour la Haute-Corse, en revanche, pas de  changement pour l’instant.
 
Un basculement de zone synonyme de durcissement des mesures sanitaires ? « Nous sommes dans une situation de mobilisation, et aucune mesure n’est par principe écartée » indique Marie-Hélène Lecenne. Avec une volonté de travailler au plus près du terrain : « Nous allons en discuter avec les maires : nous voulons ajuster les mesures aux territoires ».

Peut-on imaginer des mesures globales renforcées comme à Marseille, où le port du masque est désormais obligatoire dans toute la ville et où les bars et les restaurants sont fermés à partir de 23 heures ? « À Marseille, c’est la densité qui a donné lieu à une mesure générale. Ici, on ne peut pas avoir le même systématisme » assure Marie-Hélène Lecenne. En attendant, des mesures concrètes ont déjà été prises par la directrice de l’ARS : dans les EHPAD, par exemple, les visites devront se faire « dans un cadre adapté » voire à l’extérieur.
 
Pour l’heure, la priorité de l’ARS est d’analyser la typologie des cas, et surtout l’âge des personnes contaminées : « C’est le nombre de personnes positives de plus de 65 ans qui va nous mettre en alerte » indique Marie-Hélène Lecenne, « car ce sont ces personnes qui auront besoin de l’offre hospitalière ».
De ce chiffre dépendra donc le durcissement des mesures, qui pourrait aller jusqu’à un éventuel reconfinement, si la situation devenait critique. « Cette semaine, l’âge moyen des cas tourne autour de 40 ans, pour l’instant, il n’y a pas de signes d’alerte mais il faut que l’on trace cela » conclut la directrice de l’ARS.