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Bruxelles : Gilles Simeoni plaide pour la prise en compte des îles dans la politique de cohésion post 2020


Nicole Mari le Mardi 24 Avril 2018 à 23:33

Lors d’un voyage éclair à Bruxelles, mardi, le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni, a appelé à une plus grande reconnaissance des îles dans la politique de cohésion post 2020. Sollicité en tant que président de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes (CRPM) par l’Intergroupe SEARICA (Mers, Rivières, Iles et Zones Côtières) du Parlement Européen, et accompagné de Nanette Maupertuis, conseillère exécutive en charge des affaires européennes et représentante du Comité des régions, il a exhorté l’Europe à appliquer la clause d’insularité qui prend en compte la spécificité des îles. En audio, le discours très applaudi de Gilles Simeoni.



Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse et président de la Commission des Iles (CDI) de la CRPM (Conférence des Régions Périphériques Maritimes), Gilles Simeoni, à Bruxelles, avec Nanette Maupertuis, conseillère exécutive en charge des affaires européennes et membre du Comité des régions.
Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse et président de la Commission des Iles (CDI) de la CRPM (Conférence des Régions Périphériques Maritimes), Gilles Simeoni, à Bruxelles, avec Nanette Maupertuis, conseillère exécutive en charge des affaires européennes et membre du Comité des régions.
Le 2 mai, la Commission européenne remettra sa proposition de feuille de route concernant le budget 2021-2027 de l’Union européenne (UE) et, donc, ses choix en matière de financement des politiques communautaires. Elle dévoilera la place et, donc, les volumes financiers octroyés à la politique de cohésion. Cette feuille de route n’étant qu’une proposition, la bataille se jouera au niveau de la discussion des textes législatifs qui seront produits en juin. Ces textes détermineront l’emploi des fonds, les catégories de régions concernées, les critères utilisés et les montants financiers dévolus au soutien des régions européennes, notamment des régions insulaires. C’est dire si pour les îles, et donc pour la Corse, l’enjeu est d’importance !
 
La place des îles
Dans ce contexte de définition du cadre financier pluriannuels, le Parlement européen, comme le Comité des régions et le Conseil économique et social européen (CESE), ont interpellé la Commission européenne pour savoir quelle serait la place des îles dans le cadre de la prochaine politique de cohésion. L’Intergroupe SEARICA (Mers, Rivières, Iles et Zones Côtières) du Parlement Européen, qui regroupe les députés issus pour la plupart de régions insulaires, a provoqué le débat en invitant la Conférence des Régions Périphériques Maritimes (CRPM), sa Secrétaire générale, Eleni Marianou, le président de la Commission des Iles (CDI) de la CRPM, Gilles Simeoni, un représentant du CESE, Stefano Mallia, et un représentant du Comité européens des régions, Nanette Maupertuis. Etaient également conviées la commissaire européenne à la Politique régionale, Corina Cretu, et la député européenne rapporteur du budget, Isabelle Thomas.
 
Des îles en déclin
L’objectif du débat était d’exhorter la Commission à renforcer la future Politique de cohésion pour faire face aux disparités économiques, sociales et territoriales dans toutes les régions, et à accorder une plus grande attention aux conditions spécifiques des îles en reconnaissant davantage les handicaps et les inégalités régionales les affectant. « Les projections de PIB (Produit intérieur brut) régional, réalisées par la CRPM, confirment la progression des disparités régionales en Europe, dont le net déclin du PIB de la majorité des régions insulaires par rapport à la moyenne du PIB de l’UE », explique, d’emblée, Eleni Marianou.

 

Un potentiel à libérer
Dans un discours très combatif d’une dizaine de minutes et ovationné par les députés, le président de l’Exécutif corse et président du CDI, a plaidé pour « une approche particulière et cohérente de l’insularité, telle qu’inscrite dans l’Article 174 du Traité de Lisbonne qui reconnaît les régions périphériques, insulaires, de montagne… Cette reconnaissance fait actuellement défaut dans la Politique de cohésion… La Politique de cohésion post 2020 doit introduire les conditions juridiques et financières qui permettront de libérer tout le potentiel des régions insulaires, au bénéfice de l’ensemble de l’UE ». Il a fait trois propositions. Primo, acter « une reconnaissance accrue des spécificités insulaires dans la gouvernance et la mise en œuvre de la politique de cohésion ». Deuxio, introduire « une plus grande flexibilité dans la concentration thématique », sous-entendu dans les moyens octroyés par l’UE aux régions. Tertio, accorder « un soutien financier à la hauteur des enjeux insulaires ». Mais, pour Gilles Simeoni, ce n’est pas seulement une question d’argent. Il affirme que « la cohésion de l’Europe, notamment des îles au continent, est, aussi, la garantie d’un développement économique équilibré, la garantie d’investissements et d’une coopération interrégionale, la garantie, enfin, de la paix en Europe dans le contexte actuel de repli et de montée des populismes ».

Le discours de Gilles Simeoni

gilles_discours_24_avril_2018.m4a Gilles Discours 24 Avril 2018.m4a  (2.93 Mo)

gilles_discours_24_avril_2018.mp3 Gilles Discours 24 Avril 2018.mp3  (19.11 Mo)


Des politiques régionalisées
Une plaidoirie en partie entendue par la Commissaire Cretu qui s’est dit partisane d’une politique de cohésion forte après 2020. « C’est la meilleure façon de défendre les intérêts des îles européennes et de leurs citoyens. Je pense que nous pouvons tous nous accorder sur le fait que la cohésion territoriale ne pourra être réalisée, via une approche unique et uniforme. Cela demande des investissements régionalisés différenciés et des politiques territorialisées ».
 

Cinq domaines-clés
La CDI a identifié cinq domaines-clés où le soutien aux régions insulaires pourrait être renforcé. Elle estime, en premier lieu, que le futur règlement sur le partenariat et la gouvernance ne doit pas seulement faire référence à la cohésion territoriale et à l’Article 174, mais préciser comment la Politique de cohésion doit répondre aux besoins et défis des territoires spécifiques. Pour elle, la Commission devrait jouer un rôle plus strict dans l’évaluation du niveau d’implication des régions et de la manière dont les Etats-membres abordent la question des territoires spécifiques. Puis, elle propose que tous les territoires insulaires bénéficient d’un même degré de flexibilité vis-à-vis des obligations de concentration thématique dans le cadre du FEDER. Elle émet l’idée d’un objectif thématique « territorial » dont les priorités d’investissement seraient strictement liées aux conditions insulaires et aux besoins d’investissement identifiés par les autorités régionales. Elle demande, ensuite, que la coopération territoriale européenne et les programmes de coopération transfrontalière maritime ne soient pas abandonnés, et même que des programmes d’assistance technique spécifiques soient introduits pour renforcer la coopération inter-îles. Ces programmes sont jugés essentiels pour réduire l’isolement des îles et garantir leur pleine intégration dans l’Europe. Elle réclame, également, une enveloppe supplémentaire pour les États-membres ayant des territoires insulaires, ou bien des mécanismes de redistribution en faveur des îles qui pourraient être établis au niveau national, via une affection du FEDER et du FSE. Enfin, elle prône la simplification effective des outils territoriaux, du Développement local mené par les acteurs locaux (DLAL) et des Investissements territoriaux intégrés (ITI) qui ont produit des résultats positifs. Et le renforcement de l’échange de bonnes pratiques afin de développer leur utilisation dans les territoires insulaires.
 
N.M.