Bastia : nouveau rassemblement de protestation du collectif des infirmiers libéraux

Un rassemblement du collectif des infirmiers libéraux corses s'est déroulé ce jeudi 13 février, sur la place Saint Nicolas à Bastia, . Le second ce mois-ci. Les infirmiers ont décidé de protester, une nouvelle fois, contre la modification de leur convention avec la CPAM, la mise en place de bilans de soins infirmiers (BSI) à remplir en ligne et la modification de leur rémunération. Jusque là c'était au médecin de prescrire et d'orienter les soins que les infirmiers devaient prodiguer aux patients, cette réforme leur demande de remplir un formulaire en ligne décrivant les soins pour chaque patient, et c'est après l'analyse de ce formulaire par un algorithme que les infirmiers devront adapter leurs soins. Si les infirmiers du collectif considèrent ce système comme une menace pour leur profession, officiellement, le but est de valoriser leur travail.
Ce collectif qui se réclame apolitique et non-syndiqué demande à la CPAM de prendre en compte les spécificités de la région et d'annuler cette réforme qui, selon eux, met la santé de leurs patients en péril. 

"Ce dispositif a été pensé au niveau national et ne prend donc pas en compte les spécificités régionales auxquelles nous devons faire face en Corse comme la paupérisation de la population, le vieillissement et la volonté de rester à domicile". C'est donc ainsi qu'est qualifié le BIS par André Cristofari, infirmier libéral à Bastia et porte-parole du collectif. Il ajoute "C'est un algorithme qui va décider de la prise en charge que nous allons effectuer chez nos patients, ou de l'absence de prise en charge d'ailleurs".
Le collectif insiste surtout sur la menace que cela représente pour des patients souhaitant rester à domicile, d'autant plus s'ils sont atteint d'une maladie dégénérative comme la maladie d'Alzheimer : "L'algorithme va poser problème dans le cas de patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Certains peuvent par exemple se nourrir et se déplacer seuls pourtant ils sont complètement dépendants de nos soins, cela ne sera pas pris en compte". 
 

Nicolas Zammataro, un autre infirmier libéral à Bastia, et porte-parole du collectif estime que "c'est un dispositif méprisant pour la profession, il n'y aucune possibilité d'ajuster notre prise en charge alors que nous sommes en capacité de rendre une expertise. Notre métier c'est avant tout de l'humain et on ne gère pas la santé comme une usine". Il ajoute : "Nous sommes là pour apporter aussi confort et bien-être à nos patients, au quotidien. Je ne me vois pas limiter le temps que j'accorde à mes patients, c'est complètement aberrant d'être dépendant d'un calcul mathématique".
Le collectif s'accorde surtout pour affirmer que cela touche toute la population : "C'est un réel danger pour nos patients."

Aujourd'hui le collectif des infirmiers libéraux corses demande un retour à l'ancien dispositif tout en laissant la porte ouverte à la reprise de négociations qui pourraient aboutir sur "un avenant régional par le biais d'une dérogation".
Le collectif sera reçu ce vendredi à la Collectivité Territoriale de Corse.