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Bastia : Toiles, linogravures, dessins… la nouvelle exposition à la Galerie Noir et Blanc


Philippe Jammes le Samedi 21 Octobre 2023 à 09:23

Depuis ce jeudi 19 octobre, la Galerie Noir et Blanc, place du marché, à Bastia abrite 3 belles expositions d’artistes, expositions mettant en lumière des univers bien différentes les uns des autres. Chantal Pantanacce peinture sur toiles, Izabella Belcarz, linogravures et Anghulu-Maria Costa, dessins.



Les artistes lors du vernissage.
Les artistes lors du vernissage.
Sensibleue, c’est le nom de l’exposition de l’Oletto-bastiaise Chantal Pantanacce qui baigne la salle du haut de la Galerie de merveilleux bleus. Après des études à l’atelier Leblanc à Saint Germain des Près et des stages et ateliers aux Beaux-Arts et aux Arts Décoratifs, Chantal Pantanacce obtient 3 Masters supérieurs d’arts. Elle crée ensuite un atelier de pratique et de préparation aux concours des grandes écoles d’art de Paris. En 2011 l’artiste retrouve ses racines corses et surtout bastiaises en s’installant à Oletta. Son fil conducteur est la création dans de nombreux domaines. La perception originale qu'elle ressent, lui permet d’interpréter plus ou moins les sujets qui l’entourent. La lumière particulièrement, les formes et les odeurs. La musique la guide ainsi que les mouvements du vent. Sa passion à transmettre les techniques picturales aux autres est aidée par son ambidextrie qui lui donne un équilibre. « Par cette exposition j’entends distribuer, distiller ma sensibilité avec une seule couleur, le bleu, mais avec un peu de noir, un peu de blanc. C’est une façon de donner une autre vue des choses à partir d’une fantasia, avec un recul d’émotion, émotion subtile, émotion choisie, émotion pensée. En fait j’exprime les sujets que je ressens avec le bleu, une couleur douce, tranquille, apaisante, douce et mélodieuse sans que mes œuvres ne soient dépourvues d’énergie pour autant. Le bleu donne de la sérénité que n’apportent pas certaines autres couleurs. Il y a ici une homogénéité pour faire partager l’art, les sentiments, la beauté du bleu ».
 
Dans la salle qui jouxte le hall principal, les dessins aux couleurs vives de Anghulu-Maria Costa. Né à Bastia en 1998, ses racines puisent dans le de Pianellu en Castagniccia, « Un monde naturel où le temps n’existe que pour le lever du jour et l’arrivée de la nuit » explique-t-il. A travers une enfance difficile parsemée de violence pendant sa scolarité, l’imaginaire de AM Costa a débordé de multiples façons, échappatoire expressive et artistique. Il construit ses images à travers ses rêves et le fond de son identité. Également comédien il a joué dans une pièce de Simon Vinciguerra. « Ces œuvres exposées à la galerie expriment le coté de ma personne anti royaliste, antidémocratique, un peu anarchiste. Certains dessins expriment la corruption, d’autre le couple, masculin ou féminin. Si les couleurs sont vives c’est mon côté psychédélique. Dans la vie j’ai tendance à être agressé par les couleurs alors que dans mes rêves je vois tout en noir et blanc. J’utilise l’encre de chine ou des feutres, l’ aquarelle aussi. J’ai commencé très jeune à dessiner, des dessins d’enfant et puis je me suis centré sur un monde qui me convenait en m’égarant bien souvent. Je me plonge dans un monde onirique. C’est agréable mais ça peut être aussi toxique par moments ».
 
 

Dans la pièce du bas, l’envoutante Izabella Belcraz. On est là dans l’univers du noir et blanc, de l'art mêlé à la science. Diplômée de l’Université Pédagogique de Cracovie en Pologne, en linogravure et des Beaux-Arts de Rennes, Izabella Belcarz vit et travaille à l’Ile Rousse. Une ville à la couleur de ses cheveux.
Izabella a exposé en Balagne, sur le continent et bien sûr à Cracovie. Son travail est concentré sur le  noir et blanc, inspiré le plus souvent par la science physique. L’artiste met en scène les particules, les vibrations, les relations, et l’horizon : « L’horizon représente une relation qui est la base de toute existence, de toute action. L’horizon renvoie à l’infiniment grand mais il est aussi la clé pour l’infiniment petit où se joue l’intime et l’ultime entre la particule et son observateur. » explique-t-elle. « Pour cette exposition, il y plusieurs sortes de créations dont des gravures, ma technique de prédilection, des linogravures figuratives et d’autres plus orientées vers les sciences physiques, la musique, tout ce qui est vibration. A travers mes œuvres j’aime que le visiteur exprime, voit sa propre histoire. Depuis mes débuts je suis attirée par le noir et blanc, c’est une idée fixe mais je ne m’explique pas pourquoi. Le contraste entre le noir et le blanc me fascine, l’équilibre entre les deux aussi parfois. Comment suis-je devenue artiste ? Nous sommes tous des artistes, il suffit de vouloir réveiller celui qui est en nous, dans un domaine ou un autre. Moi j’ai choisi ce domaine mais un pâtissier, un mécanicien sont aussi des artistes dans leur domaine. J’ai débuté au lycée et mon talent n’est pas inné. Le talent ça se réveille ».
Polonaise de naissance, Izabella Belcarz a adopté la Corse il y a plusieurs années :
« C’est l’amour qui m’a fait venir ici. La Corse, j’adore. La Corse c’est la paix, le temps s’ y déroule différemment et c’est peut-être ce que j’apprécie le plus ».
Une belle exposition qui une fois de plus dévoile, révèle, confirme, met en vitrine tous les talents de l’île déclinés en plusieurs arts : peintures, photos, dessins, sculptures, gravures. Cette galerie est un lieu incontournable dont la culture insulaire ne pourrait se passer.