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Bastia : Hommage aux résistants de la 2ème guerre mondiale


Philippe Jammes le Mercredi 27 Mai 2020 à 13:32

A l' occasion de la journée nationale de la Résistance, une cérémonie s’est déroulée ce mercredi 27 mai devant le monument de la Résistance situé en face de la Mairie de Bastia.




Dans le contexte de l'état sanitaire actuel, François Ravier, Préfet de la Haute-Corse, avait tenu à maintenir l’hommage aux résistants dans une configuration plus stricte avec la lecture du message de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées (voir ci-dessous), un court discours de Sixte Ugolini, président départemental de l'ANACR 2B,  un dépôt de gerbes et un moment de recueillement en présence de Pierre Savelli, maire de Bastia, du lieutenant colonel Biancardini,  Délégué Militaire Départemental et de monsieur Joseph Negri, résistant.
Cette cérémonie revêt chaque année un caractère pédagogique à l’attention des scolaires. Mais cette année, les lycées et collèges étant fermés pour cause de pandémie, la manifestation initialement programmée à Ghisonaccia, a été transférée à Bastia. 
«Durant des années nous nous sommes battus pour faire adopter par l’Etat cette journée de la résistance en hommage à tous ceux qui ont donné leur vie pour la liberté » explique Sixte Ugolini. « Aujourd’hui, malgré la crise sanitaire, malgré les risques encourus, le préfet de la Haute-Corse a tenu à ce que la cérémonie ait lieu, même si en comité restreint. Cela prouve l’intérêt que les autorités portent à cet hommage». Et pour le président de l’Association Nationale des Anciens combattants et des Amis de la Résistance, ce souvenir est important car « il permet de mieux préparer l’avenir ». La Corse a perdu beaucoup de ses enfants durant cette période douloureuse. « Ce qui caractérise la résistance corse, c’est qu’elle était unifiée » souligne S.Ugolini. «Alors que sur le continent existaient plusieurs organisations, en Corse, les résistants de tous bords, de toutes tendances,  se battaient sous la bannière du seul Front National. C’est ce qui leur a permis d’agir plus efficacement et de préparer la libération 8 mois avant le début de la libération nationale. La Corse a été libérée le 4 août 1943 alors que le débarquement en Normandie s’est déroulé le 6 juin 1944». La Corse a payé un lourd tribut à cette libération. Des militaires, mais aussi beaucoup de civils, environ 172. A ce jour il ne reste que 6 résistants, plus guère aptes à célébrer cette journée. Ce sont donc les Amis de la résistance qui prennent le relais afin que personne n’oublie. La résistance avait débuté en juin 1940, il y a donc 80 ans, avec le fameux appel du Général de Gaulle.
 
 
Message de Geneviève DARRIEUSSECQ, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées
 
« C’était il y a 80 ans, c’était la douloureuse année 1940. Dans l’accablement général, le « non » du premier jour dessinait un nouvel espoir. Le général de Gaulle avait insufflé une volonté, belle mais redoutable, enthousiasmante mais périlleuse. Celle du maintien, en tout lieu, de la France au combat, pour que, à l’heure de la victoire, ce mot se proclame toujours en français.
C’était il y a 75 ans, la victoire était là ! La Résistance intérieure avait apporté une contribution essentielle à la Libération. Les « Jours heureux » du Conseil National de la Résistance nourrissaient l’espérance des lendemains.
5 ans de lutte, de faits d’armes, de petites et de grandes actions : un attentiste prudent devenu agent de renseignements, une pourvoyeuse de tracts et de journaux clandestins, un couple de passeurs à l’abnégation sans borne, un réfractaire au STO venu grossir les rangs des maquis, un jeune saboteur minant les lignes de communication de l’ennemi, un combattant de la nuit devenu insurgé au grand jour. La Résistance était le courage de ces individus issus de tous les horizons, une fraternité au combat. Elle était ces réseaux d’action mais aussi ces grands mouvements qui préparaient et qui organisaient patiemment, en souterrain, le retour de la liberté dans la métropole.
Pour que le but fut atteint, il fallait sans cesse, à mesure des évènements, poursuivre l’effort en défiant les risques. Tués dans les maquis, fusillés au petit matin, torturés dans les caves, déportés dans les camps, le dernier souffle de nos héros a bien souvent crié « Vive la France » avant de s’éteindre. Chaque sacrifice était un pas de plus vers la Libération et venait exalter le courage des vivants.
Chaque 27 mai, nous honorons « l’armée des ombres » et nos éclaireurs de la liberté. Qu’ils soient célèbres ou anonymes, qu’ils soient les héros de tout le pays ou l’emblème d’un village, ils peuplent nos rues, nos places, nos écoles. Ces noms, nous ne devons pas les oublier. La reconnaissance de la Nation ne faiblit pas car nous savons que nous devons tant à ces femmes et à ces hommes.
Chaque 27 mai, nous nous souvenons de la première réunion du Conseil National de la Résistance. Ce jour de 1943 couronnait les efforts de Jean Moulin qui avait reçu la mission essentielle d’unifier la Résistance. Des mouvements, des partis, des syndicats ont uni leurs forces pour répondre à l’abaissement et pour préparer les réformes de la France libérée. Tous ont su, dans l’épreuve, s’élever au-dessus des désaccords et des différences idéologiques, pour placer haut l’intérêt supérieur de la patrie. Le combat pour l’unité de la Résistance, ce fut assurément le combat pour une France unie à l’heure de la victoire, pour une France prête à bâtir le monde de demain.
Chaque 27 mai, cette journée nationale est un appel à la jeunesse. Le combat pour l’unité, pour la solidarité, pour la dignité humaine, est toujours d’une brûlante actualité. Poursuivons-le ! ».