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Bastia : François Tatti dénonce un mauvais procès et renvoie la balle dans le camp de Gilles Simeoni


Nicole Mari le Mardi 31 Mars 2015 à 15:13

Acte III d’une cohabitation qui se tend entre François Tatti et ses alliés regroupés autour du maire de Bastia. Son faux-pas de dimanche soir et son communiqué entre deux eaux sont ressentis par Gilles Simeoni, Emmanuelle De Gentili et Jean-Louis Milani comme un coup de canif dans le contrat de mandature. Leur riposte, lundi soir, également par communiqué, est un coup de semonce contre le président du MCD (Mouvement Corse Démocrate). Ce dernier réplique, ce mardi, par un 3ème communiqué, et dénonce un mauvais procès et une tentative « inique » d’éviction. Il demande à Gilles Simeoni de prendre ses responsabilités. Sautant sur l’aubaine, les élus communistes appellent à un retour aux urnes !



François Tatti et son équipe à l'issue de la réunion en urgence du MCD.
François Tatti et son équipe à l'issue de la réunion en urgence du MCD.
Le feuilleton municipal se corse à Bastia. A l’image du vent qui souffle sur la ville, il décoiffe les postures sans pour autant remettre en cause le mariage de raison qui a permis de faire tomber, il y a un an, la citadelle Zuccarelliste. Si le beau fixe règne entre trois des partenaires, Gilles Simeoni, Emmanuelle De Gentili et Jean-Louis Milani, qui continuent de faire bloc dans une loyauté sans faille les uns envers les autres, les nuages s’agglutinent, depuis décembre, avec François Tatti, accusé de faire cavalier seul.

Une tension grandissante
Le président de la Communauté d’agglomération (CAB), coincé sous l’étau du casse-tête budgétaire, tend à multiplier les prises de paroles litigieuses contre sa propre majorité. Son intervention lors du débat municipal d’orientations budgétaires avait été peu prisée par ses partenaires qui l’avaient, alors, jugée « déloyale ». Son rapprochement avec son ennemi juré, Paul Giacobbi, qui se précise au fil des sessions de l’Assemblée de Corse en ligne de mire des élections territoriales, jette une pierre dans une alliance aussi férocement anti-Giacobbiste qu’elle est anti-Zuccarelliste ! Le choix, alors qualifié de personnel, d’une de ses proches, militante du MCD, Sylvie Retali Andreani, de faire équipe en binôme, dans le Cap Corse, avec François Orlandi, président du Conseil général et homme-lige de Paul Giacobbi, avait fait grincer des dents ! Le feu, qui menaçait sous la cendre, n’attendait qu’une flammèche pour éclater. Ce fut la double victoire de Marie-Claire Poggi et du camp Giacobbi !
 
Une position ambigüe
Marie-Claire Poggi, ex-conseillère municipale de l’ancienne majorité qui a suivi François Tatti dans sa dissidence, devenue secrétaire du MCD, était en lice dans le 3ème canton bastiais sous l’étiquette majorité municipale. Elle avait refusé, il y a un an, d’intégrer la liste d’union, comme, cette année, de signer le contrat de mandature que voulait instaurer Gilles Simeoni pour tracer une ligne de conduite homogène entre tous les conseillers départementaux de sa majorité. Dimanche soir, elle botte en touche sur sa future position au Conseil général et sur son attitude lors de l’élection, jeudi prochain, de la présidence. Chacun remettant sagement, au lendemain, les sujets qui fâchent, personne ne s’attendait à retrouver, François Tatti, une heure après au Conseil général, fêtant la victoire du camp Giacobbi ! Lundi, l’image retransmise par les médias et le communiqué du MCD, (cf par ailleurs) qui se félicite du succès des uns et des autres, tout en assurant que « la position de Marie-Claire Poggi… tiendra compte de l’orientation qui sera prise collégialement par l’alliance de la majorité municipale », cristallisent la colère. Fin de l’acte I.
 
Une riposte ferme
Acte II. Lundi soir, Gilles Simeoni, Jean-Louis Milani et Emmanuelle de Gentili ripostent d’une même voix, dans un communiqué ferme, en accusant froidement François Tatti de rompre « le contrat de mandature scellé il y a un an devant les électeurs ». Ils préviennent qu’ils en tireront « dans les heures qui viennent, toutes les conséquences » (cf communiqué par ailleurs). Mardi matin, une brève réunion de crise se tient, à huis-clos, à la mairie entre tous les intéressés. A la sortie, personne n’accepte de faire le moindre commentaire. Quelques minutes après, le MCD prévient par SMS qu’il tiendra, seul, une conférence de presse à 13 heures. On comprend, alors, que les dés sont jetés !
 
Une visite de courtoisie
Acte III. En guise de conférence de presse, le président du MCD et son bureau politique, enfermés au siège du mouvement, délivrent un nouveau communiqué, refusant, la mine sombre, de répondre à la moindre question ! Le MCD commence par y exprimer « sa stupeur » devant « la teneur » du communiqué de ses partenaires. « Ces derniers évoquent la rupture du contrat municipal au prétexte d’une visite de courtoisie, dimanche soir, de François Tatti aux nouveaux élus du département ». Estimant que « le positionnement à gauche de François Tatti est connu et accepté de tous » et qu’il « fait partie de la majorité à la CTC » comme Emmanuelle de Gentili, il s’étonne que personne ne se soit « offusqué » de la présence de Jean-Louis Milani aux côtés du maire d’Ajaccio. Il rappelle que François Tatti n’a pas « enfreint des accords » puisque « aucun accord n’a été signé pour l’élection départementale. Les accords et les engagements concernent l’élection municipale. Le MCD les respecte scrupuleusement ».
 
Une tentative d’éviction
Le MCD décide, donc, « à l’unanimité, de demander à Marie-Claire Poggi de s’abstenir pour l’élection à la présidence du Conseil départemental et de siéger en qualité de non-inscrite. Il ne s’agit pas, pour autant, d’un vote de défiance, mais d’un choix cohérent au regard de notre démarche politique ». Puis, il dénonce « un communiqué inique sur la forme » et « une tentative d’éviction pure et simple sans fondement sérieux. Les Bastiais ont le droit de comprendre. Au lendemain de la victoire de l’alliance à Bastia et d’une campagne qui a permis à cette alliance de démontrer son efficacité politique et de confirmer l’adhésion des Bastiais à ses choix, pourquoi avoir déclenché cette tempête politique de façon aussi inattendue ? ». Le MCD « souhaite qu’une réunion des partenaires de l’alliance fixe les orientations pour définir collégialement une ligne pour l’élection du président du Conseil départemental ». Il prévient ses partenaires que s’ils « actent une rupture sans motifs politiques réels et sérieux et mettent ainsi fin au pacte qui nous lie aux électeurs, les Bastiais se sentiraient, à juste titre, dupés. La désillusion serait grande… Ils en seront comptables devant le peuple et tous ceux qui croient dans une autre manière de faire de la politique ». Il en appelle au maire de Bastia, Gilles Simeoni, à qui, dit-il, « il appartient de prendre ses responsabilités pour sortir de cette impasse ».
 
Une double impasse
L’impasse, le mot est juste ! Dans un contexte politique très tendu, où l’affrontement devient de plus en plus brutal entre Paul Giacobbi et Gilles Simeoni, où les relations se dégradent entre l’Exécutif régional et la socialiste Emmanuelle De Gentili, et où elles n’ont jamais été bonnes avec le libéral, Jean-Louis Milani, François Tatti a-t-il bien mesuré la conséquence de ses actes ! Une alliance se fonde et perdure sur la confiance. Il a, politiquement, tout à perdre d’une rupture du contrat municipal qui le renverrait seul contre tous. Sa colistière, Emmanuelle de Gentili, a repris, avec ses troupes, sa liberté et constitué, au sein du Conseil municipal, son propre groupe. L’alliance de gouvernance, qui s’appuie sur un solide socle droite/socialiste/nationaliste, est largement majoritaire et n’a pas besoin de l’appui de ses voix. Sa situation, déjà compliquée à la CAB sous fond d’une autre impasse, cette fois-ci, budgétaire, pourrait bien devenir inextricable. Le débat sur le budget, qui devrait se tenir avant le 15 avril, s’annonce comme un exercice fort périlleux de haute-voltige et n’a pas besoin de tension supplémentaire ! Sera-t-il le théâtre d'une rupture que chacun sait inéluctable ?
La balle est, maintenant, dans le camp des coalisés qui oscille entre deux options : la phase de conciliation ou la procédure de divorce. Ce sera l’acte IV ou le dénouement !
 
N.M.

Francis Riolacci et Toussainte Devoti : « Il faut revenir devant le peuple ! »

Dans un communiqué, Francis Riolacci et Toussainte Devoti, qui forment le groupe communiste au sein du Conseil municipal de Bastia, appellent à un retour aux urnes.
« L'union de la honte n'aura pas tenu plus d'un an. Présentée comme une "nouvelle façon de faire de la politique", l'alliance contre nature entre Gilles Simeoni, François Tatti, Emmanuelle de Gentili et Jean-Louis Milani vient de se fracasser sur les ambitions personnelles qui l’avaient fondée. Obtenue par le mensonge, sans projet pour Bastia, la victoire des conjurés de mars 2014 tourne à la faillite.
La fameuse majorité "progressiste" des nationalistes, de la droite et de la pseudo gauche battait de l’aile depuis plusieurs mois, mais ils ont poussé la tromperie jusqu'à jouer la comédie de l'union aux élections départementales. Ce dernier pacte électoraliste conclu sur un nouveau mensonge démontre, une fois de plus, une fois de trop, le mépris dans lequel ces alliés de circonstances tiennent le peuple.
Cette majorité n'existe plus et Gilles Simeoni, par respect du peuple précisément, doit remettre son mandat entre les mains des Bastiais. Le retour aux urnes, c'est la seule façon digne et transparente de désigner une majorité cohérente et solide. La démocratie et la morale politique l'imposent! L'avenir de Bastia l'exige ! ».