Le tribunal judiciaire de Bastia faisait sa rentrée ce vendredi, à l’occasion de son audience solennelle. Un moment important, marqué cette année par une symbolique particulière : il s’agissait de la première audience solennelle présidée par Régis France, arrivé à la tête de la juridiction il y a un peu plus de six mois. “ Après avoir foulé ce dallage il y a un peu plus de six mois, avec toute la solennité de l’instant, j’ai aujourd’hui l’honneur et le choix d’accueillir à mon tour nos nouveaux arrivants au sein de la communauté judiciaire locale, au cours de cette toute première audience solennelle”, a-t-il déclaré en ouverture.
Ce rendez-vous a en effet permis d’acter officiellement l’installation de plusieurs nouveaux membres au sein de la juridiction. Deux magistrats intègrent le parquet de Bastia, tandis que trois juges du siège viennent renforcer le tribunal judiciaire. À cela s’ajoutent l’arrivée d’une nouvelle greffière, ainsi que la promotion de six greffiers au tout nouveau statut de cadres greffiers, une reconnaissance inédite de leur engagement et de leur expertise. “La structure organisationnelle de notre administration connaît des mutations profondes, des évolutions statutaires, des recrutements croissants de personnels contractuels. Ce rite permet d'installer officiellement nos nouveaux arrivants : il s'agit de l'un des éléments qui permet d'asseoir la nécessaire stabilité du pilier judiciaire de notre démocratie”, a déclaré le président, insistant sur “la satisfaction d'une victoire dans le combat sans cesse renouvelé pour défendre l'attractivité du territoire, et le fait de recruter des personnels de qualité”
Si cette rentrée judiciaire a été marquée par des arrivées, elle a surtout permis de réaffirmer une priorité claire : le renforcement de la réponse pénale face à la criminalité organisée. Un sujet particulièrement prégnant sur le ressort, et plus encore en Haute-Corse. “L’emprise criminelle est une réalité”, a souligné Jean-Philippe Navarre, procureur de la République de Bastia. “Il faut que la justice, les services de police et de gendarmerie s’arment et s’organisent pour pouvoir précisément lutter contre ce phénomène.” Une stratégie qui repose, selon lui, autant sur le développement de “nouveaux schémas d’enquête” que sur la mobilisation des effectifs spécialisés. Les magistrats installés à l’occasion de cette rentrée viendront ainsi renforcer directement le dispositif de lutte contre la criminalité organisée dans le prolongement des annonces ministérielles.
La structuration du pôle régional anti criminalité organisée est appelée à reposer sur une coopération étroite entre les parquets et les services d’enquête. “C'est le décloisonnement des informations, d'abord, entre les services de l'État et les autorités judiciaires, pour améliorer le partage d'informations, mieux détecter les infractions, les organisations, et lutter contre l'emprise criminelle, qui est pour moi le phénomène le plus préoccupant et majeur. Il n'est pas acceptable qu'on ait une économie légale qui soit polluée par des intérêts criminels et de nouvelles attaques à ce sujet”, a insisté Jean-Philippe Navarre.
Mais si la lutte contre la criminalité organisée est centrale, elle ne doit pas faire oublier les autres priorités de l’action publique. “Il ne faut jamais négliger, à côté de ce phénomène, la délinquance du quotidien, la sécurité du quotidien, et la protection des plus vulnérables”, a poursuivi le procureur de la République. Violences intrafamiliales, infractions routières, trafic de stupéfiants, atteintes aux personnes : autant de dossiers qui mobilisent les juridictions et justifient, là aussi, une attention constante.
Dans ce contexte, plusieurs besoins ont été identifiés pour adapter l’organisation judiciaire aux réalités locales. Le président du tribunal judiciaire a notamment évoqué la création d’un poste de juge correctionnel, qui pourrait être dédié aux dossiers de criminalité organisée jugés en comparution immédiate. “L’une des composantes fondamentales, c'est d’avoir la connaissance des articulations locales, des personnes, des plans, des problématiques géographiques. On peut orienter en comparution immédiate et commencer à juger les possibles faits de criminalité organisée, et donc dédier un magistrat spécialisé, qui connaît la matière, et qui finira par connaître aussi l'environnement.”
Enfin, Régis France a insisté sur l’enjeu du traitement des affaires en lien avec les mineurs. Aujourd’hui confié à une seule juge des enfants, ce contentieux nécessite, selon lui, un renfort pour permettre un fonctionnement plus souple. “Pour le renfort à l’horizon 2027, je porte la demande d'un juge des enfants supplémentaire. Pour moi, il y a une nécessité d'au moins 50 % de temps de travail en plus sur un cabinet du juge des enfants, pour apporter un peu de souplesse. C'est une fonction qui est très complexe, avec quasiment une audience d'assistance éducative par jour : non seulement c'est lourd intellectuellement parlant, mais c'est aussi lourd émotionnellement parlant, parce qu'évidemment, si les situations arrivent devant un juge des enfants, ce n’est pas parce que tout va bien.”
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