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Après la nomination de Sébastien Lecornu, les députés corses prudents mais plutôt satisfaits du profil du nouveau Premier ministre


le Mercredi 10 Septembre 2025 à 20:36

Après la cérémonie de passation de pouvoir qui s’est déroulée à la mi-journée ce mercredi, Sébastien Lecornu est officiellement le nouveau Premier ministre de la France. Fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron, sa nomination, intervenue moins de 24 heures après la chute de François Bayrou, n’a pas surpris les députés corses qui saluent toutefois un homme travailleur qui aspire à consulter l’ensemble des groupes afin de trouver des accords. Si François-Xavier Ceccoli et Xavier Lacombe appellent à la responsabilité afin de travailler au mieux avec le nouveau locataire de Matignon, Michel Castellani et Paul-André Colombani espèrent pour leur part qu’il sera capable de trouver des compromis pour faire avancer les grands dossiers, au premier rang desquels le processus d’autonomie de la Corse.



(Crédits photo : AFP / Ludovic Marin)
(Crédits photo : AFP / Ludovic Marin)
La nomination d’un nouveau Premier ministre n’aura pas tardé. Moins de 24 heures après la chute de François Bayrou provoquée par l’échec du vote de confiance qu’il avait sollicité à l’Assemblée nationale lundi, Emmanuel Macron a décidé de nommer Sébastien Lecornu, désormais ex-ministre des Armées, à Matignon mardi en fin de journée. 
 
Fidèle parmi les fidèles du Président de la République, son nom avait déjà été évoqué fin 2024, mais il avait été coiffé sur le poteau par François Bayrou. À 39 ans, ce petit-fils de résistant affiche toutefois déjà une belle carrière politique derrière lui. Élu maire à 27 ans et sénateur à 34 ans, il a fait ses premières armes à droite en passant notamment chez les Républicains, avant de rejoindre Emmanuel Macron. Seul ministre présent dans tous les gouvernements depuis 2017, il a eu à gérer des dossiers sensibles comme l’organisation des grands débats lors de la crise des Gilets Jaunes ou la fermeture de la centrale de Fessenheim. 
 
Une ascension fulgurante pour ce Normand que l’on dit discret et fin politique. Des qualités que n’ont pas manqué de saluer les quatre députés corses, pour qui cette nomination est loin d’avoir été une surprise. François-Xavier Ceccoli, député de la 2ème circonscription de Haute-Corse, évoque ainsi un « homme sérieux et travailleur », tandis que Xavier Lacombe, député de la 1ère circonscription de Corse-du-Sud, appuie sur ses qualités et son expérience. Du côté des nationalistes, le député de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, Paul-André Colombani, pointe pour sa part l’écoute dont l’ex-ministre des Armées a su faire preuve, notamment lors des débats sur la loi de programmation militaire. Mais ce qui satisfait les parlementaires corses c’est avant tout la rapidité avec laquelle Emmanuel Macron a procédé à sa nomination. « La France avait besoin d’un Premier ministre, elle l’a eu en moins de 24 h. Je pense que nous avons besoin d’avoir un gouvernement dans les meilleurs délais pour pouvoir continuer à travailler et à avancer, c’est ce qui importe le plus », souligne Xavier Lacombe. François-Xavier Ceccoli renchérit :« Nous avions imaginé, dans une situation positive, que le Président allait mettre à profit ces 15 jours où l’on savait que le Premier ministre allait tomber pour réfléchir à un successeur, afin qu’il ne s’écoule pas trop de temps sur la vacance. C’est déjà un point positif. Cela va permettre une immobilisation du pays la plus courte possible ».

"À un peu plus d’un an et demi des futures présidentielles, je crois que le pays attend que les élus soient raisonnables"

Si le député de la 2ème circonscription de Haute-Corse reconnait que ce pur macroniste propulsé au poste de Premier ministre « n’est pas le signal que voulaient avoir les Français » alors qu’ils appelaient à un renouveau, il souligne : « Pour notre part, au sein des Républicains, nous constatons que c’est quand même un profil de droite, un ancien de nos rangs, et c’est infiniment mieux qu’un profil venant de la gauche voire de l’extrême-gauche que nous aurions dû censurer ». Dans ce droit fil, il assure que son groupe tentera au mieux de travailler avec le nouveau Premier ministre. « Je crois que c’est un devoir de responsabilité. À un peu plus d’un an et demi des futures présidentielles, je crois que le pays attend que les élus soient raisonnables pour faire au mieux jusque-là ». Il prévient toutefois : « Il y a tout de même des lignes à ne pas franchir. L’élément important sera le budget. Il va falloir que Sébastien Lecornu présente un budget qui puisse convenir à une majorité, et, aussi bien à gauche qu’à droite, et il va falloir que tout le monde fasse un effort. Il ne s’agit pas de se renier. Pour nous, il n’est pas question qu’il revienne sur des acquis fondamentaux qui provoqueraient une amplification de la dette qui est déjà énorme. Mais on peut trouver des terrains d’entente. Même s’il est abrupt et difficile, pour moi il existe un chemin de crête qui permettrait sans doute d’obtenir un budget avec des concessions raisonnables pour les partis ». 

Changer la méthode  

Première tâche confiée par le Président de la République, Sébastien Lecornu devra d’ailleurs consulter toutes les forces politiques en vue de trouver des « accords » pour préserver « la stabilité institutionnelle ». Un changement de méthode que note Michel Castellani. « Il préconise de prendre son temps, de voir l’ensemble des groupes avant de former son gouvernement, ce que notre groupe LIOT avait suggéré au Président de la République », se satisfait le député de la 1ère circonscription de Haute-Corse, « Ce que j’espère c’est que Sébastien Lecornu comprendra qu’il faudra changer non pas seulement la méthode, mais aussi les propositions. Que par rapport à François Bayrou, qui a été assez rigide, il faut qu’il intègre un certain nombre de concessions, notamment budgétaires, qui permettent d’avoir un consensus au moins relatif à l’Assemblée nationale ». Un message que le parlementaire assure vouloir relayer au nouveau Premier ministre dans les prochains jours. « Je lui rappellerai également qu’il ne s’agit pas d’enterrer le processus d’autonomie de la Corse, que celui-ci n’est pas destiné à flatter notre égo, mais est destiné à essayer d’améliorer les choses en Corse sur le plan économique, social et culturel », ajoute-t-il.

Prudent, Paul-André Colombani indique pour sa part attendre de voir la feuille de route qu’affichera Sébastien Lecornu. « Nous verrons comment il va composer son gouvernement et s’il va être capable de discuter avec tout le monde. Il a une équation à résoudre dans laquelle il doit arriver à faire s’entendre des députés qui vont du Parti Socialiste aux Républicains. Et puis soit le Président est prêt à lâcher sur certains principes du macronisme, comme la taxation des ultra-riches, ce qui n’était pas le cas jusqu’à maintenant, ou bien il va être censuré rapidement. Et notre processus avec », analyse-t-il. 
 
Dans sa déclaration sur le perron de Matignon après la passation de pouvoir, ce mercredi Sébastien Lecornu a d’ores et déjà déclaré qu’il faudrait « des ruptures » à la fois sur la forme, dans la méthode, « mais aussi sur le fond ». Des ruptures qu’il devrait s’astreindre à détailler après ses consultations de ces prochains jours.