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Amélie Tatti : « Je suis devenue soprano. On ne le choisit pas, c’est la voix qui décide »


Philippe Jammes le Vendredi 20 Août 2021 à 15:30

Elle vient d’achever une belle tournée en Corse avec six concerts qui ont ravi le public. Une autre tournée mondiale attend la jeune et talentueuse soprano si le COVID, lui, veut bien la mettre en sourdine.

En attendant CNI a rencontré Amélie Tatti à Bastia.



Amélie Tatti : « Je suis devenue soprano. On ne le choisit pas, c’est la voix qui décide »

Amélie Tatti a grandi à Bastia et se passionne très jeune pour la musique (sa mère était professeur de musique). «Selon mes parents et une cousine, à 4 ans j’ai flashé sur la Castafiore des aventures de Tintin » s’amuse t-elle. Pourtant son air préféré aujourd’hui n’est pas l’Air des bijoux de Faust mais plutôt Les pêcheurs de perles de Bizet. Toujours est-il qu’elle pratique le piano dès l’âge de 6 ans au conservatoire de Bastia, à l’époque école de musique de Bastia, mais découvre également les arts du cirque et notamment le trapèze et le tissu aérien.
La musique ne cesse de grandir en elle et elle grandit en musique. Sa sœur vivant à Paris, adolescente elle se rend alors souvent dans la capitale pour la voir qui en profite pour l’emmener à l’opéra. 
Après une licence de musicologie obtenue à la Sorbonne, elle se destine au professorat. «A l’époque, j’avais 21 ans, je voulais devenir professeure de musique mais juste avant de passer le Capes, sur le conseil d’amis,  j’ai bifurqué pour intégrer l’Ecole Normale de musique de Paris ». Elle y étudie le chant avec Daniel Ottevaere, Marie-Thérèse Keller et la scène lyrique avec Mireille Larroche. Rolando Villazón, Barbara Hannigan ou encore Jennifer Larmore l’encouragent dans cette «voix » lors de masterclasses. Bénéficiant d’une bourse d’étude de 2015 à 2018, elle parfait son timbre et ses talents de comédienne. « Je suis devenue soprano. En fait on ne choisit pas, c’est la voix qui décide».



Les premières auditions puis, les concerts 
C’est ensuite l’époque des auditions pour décrocher les concerts. «La 1ère était pour un rôle dans Orphée et Eurydice de Gluck. Je devais avoir 24 ans» se souvient-elle. Elle est ensuite choisie pour incarner deux premiers rôles féminins de Molière tout en chantant dans les mêmes spectacles le grand répertoire d’opéra. Entre 2016 et 2019, elle joue et chante le rôle d’Agnès dans un spectacle mêlant L’École des femmes de Molière et Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach. Elle joue également le rôle de Magdelon dans Les Précieuses ridicules de Molière, pièce mêlée d’airs d’opéra. En 2019, on la retrouve dans Poil de carotte à l’Opéra de Montpellier dans une mise en scène de Zabou Breitman et sous la direction de Victor Jacob. En 2019/2020 elle se produit dans Pomme d’api (Offenbach) et Le Singe d’une nuit d’été (Serpette) à l’Odéon de Marseille, ainsi que dans les Opéra de Toulon et Avignon. Lauréate de la Fondation Royaumont en 2020, l’opportunité lui est donnée de travailler le rôle de Sophie de Werther avec Moshe Leiser et Patrice Caurier, s’enchaine  une masterclass avec le baryton Ludovic Tézier. Encore plus récemment elle interprétait  Mi dans Le Pays du sourire à l’Odéon de Marseille, en captation, sous la baguette d’Emmanuel Trenque et dans une mise en scène d’Olivier Lepelletier.

Enfin, cet été, on a pu l’entendre lors de deux concerts dans le cadre du festival Opus Corsica, puis à Sorru in musica, au festival Bonanova d’Ajaccio et lors d’un concert au profit de la Marie-Do avec la mezzo soprano insulaire Eléonore Pancrazi. Parmi ses artistes de référence justement: Mirella Freni, Beverly Sills et la corse Eléonore Pancrazi. «Il y a beaucoup de chanteuses d’opéra sur notre île. Je pense qu’il y a une tradition en Corse qui est restée, comme la culture du chant et du chant polyphonique qui se pratique partout y compris au comptoir d’un bar ».


De nombreux projets
Sa voix, Amélie la travaille environ 1h30 par jour. Elle travaille la voix mais pas seulement. «Dans un opéra, il y aussi une partie théâtrale pour communiquer l’œuvre et le personnage, il y a aussi toute une mise en scène. Il y a donc un double travail. Mais j’ai la chance d’apprendre vite».
En septembre notre jeune soprano jouera Ernestine Choufleuri dans Monsieur Choufleuri restera chez lui le…, une opérette bouffe en un acte de Jacques Offenbach, au Festival «La Grange aux pianos » à Chassignolles dans l’Indre.
D’autres concerts sont prévus mais le COVID peut hélas en décider autrement. «C’est une période très difficile depuis plus d’un an. Les concerts sont cesse reportés. Mais quel bonheur quand on peut retrouver le public. Il y a une magie sur le moment lors des concerts. Une magie qui rend d’ailleurs beaucoup moins en vidéo».
Si Amélie quitte la Corse dans quelques jours pour retrouver Paris, elle y reviendra rapidement. « Je ne peux pas partir plus de 3 mois loin d’elle ». Peut-être d’ici là pourra t-elle enregistrer un CD, un de ses rêves…

Extrait : Amélie Tatti chante Offenbach