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Amaury de Saint-Quentin, nouveau préfet de Corse : "je ne viens pas en gouverneur mais en partenaire"


Philippe Peraut le Lundi 7 Mars 2022 à 18:52

Amaury de Saint-Quentin, nouveau préfet de Corse, a pris ses fonctions ce lundi 7 mars. Après avoir déposé, en fin de matinée, une gerbe devant le monument aux morts, place Campinchi à Ajaccio, il a livré, en début d'après-midi, aux représentants de la presse régionale, les grands axes de sa feuille de route, évoquant une notion d’insularité qu’il connaît bien pour être d’origine calédonienne.



Amaury de Saint-Quentin, nouveau préfet de Corse. (Photo Michel Luccioni)
Amaury de Saint-Quentin, nouveau préfet de Corse. (Photo Michel Luccioni)
Le regard droit, la poignée de main franche, souriant, c’est avec une grande simplicité qu’Amaury de Saint-Quentin, nouveau préfet de Corse, a reçu la presse corse au grand complet ce lundi après-midi dans les salons de la préfecture à Ajaccio.

Le ton est, certes, très clair, mais on sent bien au-delà des mots, la volonté du nouveau représentant de l’État en Corse, d’aller vers le dialogue et l’apaisement. « Je suis moi-même un insulaire », glisse-t-il en guise de préambule, « je connais les particularités de l’insularité, les épreuves et souffrances endurées, mais aussi l’histoire, la culture, la langue, les modes de vie... Pour agir, il faut comprendre, et c’est ce que je vais m’efforcer de faire tout d’abord ».

Ancien préfet de l’Ardèche, de la Guadeloupe, de la Réunion et du Val d’Oise, il a également mené une carrière d’élu local (Conseiller Général en Basse-Normandie).
 
Travailler avec les élus de toutes tendances
Lors de sa présentation, il n’écarte guère l’actualité brûlante et douloureuse, souhaitant avant tout - et c'est une constante qui revient tout au long de l'entretien – travailler en collaboration avec les élus corses, de toutes tendances, et avec la majorité territoriale. « Je me suis entretenu avec Mr Simeoni avant et après les événements d’hier, ajoute-t-il, nous avons convenu d’un rendez-vous très prochainement. Et j’ai également contacté Mme Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse. Je reste très attaché aux enjeux qui passent par l’histoire de cette terre et je serai aux côtés des Corses pour les accompagner. Je m’inscris dans la lignée des Préfets qui ont aimé cette île et les Corses ».

Le nouveau préfet définit aussi ses priorités : rien que du traditionnel : la sécurité avec le maintien de l'ordre public, la lutte contre la délinquance et le trafic de stupéfiants, mais aussi le respect de l’État de Droit, la mise en œuvre des politiques publiques et l’accompagnement de toutes les collectivités. « Je ne suis pas venu en gouverneur, précise-t-il, mais en partenaire... J’ai la volonté de travailler avec tous les acteurs, quels qu’ils soient, les élus de toutes tendances. Une condition toutefois : le respect des valeurs de la République ».
 
Un homme de terrain
Se revendiquant comme un homme de terrain, le nouveau préfet assure qu'il a prend conscience des moments douloureux que traverse la société corse. « Je comprends la douleur des familles et des Corses qui sont tous touchés par le drame que vit la famille Colonna. Mais ni la douleur, ni la colère ne justifie la violence. Je souhaite renouer le dialogue et sortir de cette situation de tension. Je veux revenir sur les enjeux et la réalité de ce territoire. Les Corses sont dans un climat de douleur et je peux le comprendre, mais on ne peut remettre en cause l’action de la République sur ce territoire, elle fait beaucoup. On peut ne pas être d’accord, mais il y a urgence de rétablir le dialogue. Pour ce qui est du drame de la semaine dernière, une enquête est en cours. Quant au rapprochement des prisonniers, l’État est seul à pouvoir prendre cette mesure, le préfet ne peut agir... ».

Au-delà de la feuille de route que le Préfet fixe et des dossiers qui reviendront sur le devant de la scène,  l’essentiel de l’entrevue tourne sans cesse autour du drame vécu par Yvan Colonna, de la manifestation de dimanche, de la jeunesse corse descendue dans la rue et, dans l’ensemble, d’un climat de tension.

La violence est sans issue
Pas question, pour autant, de renforcer la sécurité. « Je ne l’ai pas fait, quand il a s’agit de bloquer un navire mardi matin. Je ne pense pas que ce soit la bonne solution. Il n’y aura pas de renforts supplémentaires. Pour autant, la jeunesse corse doit comprendre que la violence n’apportera rien. C’est sans issue. Elle doit rester vigilante... ».

De prime abord, le nouveau préfet de Corse laisse une bonne impression, celle d’être un homme de dialogue, capable d’écouter, de comprendre et de discuter. « Être préfet , conclut-il, exige une dose de compréhension des enjeux politiques, une capacité à comprendre et anticiper... ».

Reste à savoir s’il saura, même si ce n’est pas sa fonction première, être le bon relais entre Paris et la Corse.

(Photos Michel Luccioni)