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Ajaccio : Laurent Marcangeli invite les « Gilets Jaunes » au dialogue


José Fanchi le Dimanche 6 Janvier 2019 à 19:24

Comme tous les citoyens, Laurent Marcangeli, président d’Ajaccio… Le Mouvement, suit l’actualité au jour le jour et ne manque jamais de la commenter voire de prendre position, ce que lui autorise sa position de maire et président de la CAPA



(Photos Michel Luccioni)
(Photos Michel Luccioni)
Comme il l’a souligné lors de la présentation de son mouvement, il a su sacrifier son mandat de député pour se rapprocher de l’essentiel, de sa ville et de sa région. Il donne les raisons de cette intervention, sa position, parle de l’avenir et invite au dialogue tout en félicitant les gilets jaunes ajacciens pour leur tenue.. 
À l'heure d'un Brexit vacillant, d'une élection américaine invraisemblable, d'un échiquier politique français renversé et d'une Corse, de fait, gouvernée par une seule tendance sans opposition, Ajaccio doit intervenir. La grande et puissante Ajaccio doit être le rempart. Elle en est capable, parce qu'elle est forte, insaisissable. Elle l'est, car elle a toujours été isolée, différente. Mais maintenant qu'elle a grandit, qu'elle a refusé les dynasties familiales, elle a pris son indépendance et refuse désormais d'être exclue. 


Le sentiment d’un élu
Laurent Marcangeli s’exprime, en tant que maire, en tant qu’homme tout simplement, responsable, conscient des bouleversements qui agitent le monde, la France et la Corse bien sûr. La crise des « gilets jaunes », résultante de nombreux conflits sociaux voire de la mondialisation l’interpelle et s’il en parle, c’est parce qu’il en connait les raisons. Voici son point de vue :
« Je suis issu de la génération X, dite « des Xennials » : celle qui a fait l’expérience d’une enfance avant internet, tandis que sa vie d’adulte en est complètement imprégnée. Une adolescence libre de tout souci lié aux réseaux sociaux ou aux technologies. Élevé dans cette époque que l’on qualifierait aujourd’hui d’impossible, j’ai le sentiment de m’être éveillé pleinement au monde, avec confort. Je suis néanmoins un enfant de la crise, né avec le chômage, le déficit public, l’accroissement des inégalités, les territoires oubliés. J’ai aussi vu émerger le terrorisme de masse et l’insécurité du quotidien, accompagnés par d’innombrables scandales touchant des « élites ». 
En somme, j’ai vu arriver la mondialisation et ses conséquences. Présumée un progrès, elle s’est révélée être une machine à susciter des rêves irréalisables pour une majorité de nos concitoyens. Entraînant avec elle injustices et fractures, elle a attisé, petit-à-petit, les frustrations, jusqu’à l’embrasement que l’on connaît aujourd’hui.  Oui, la mondialisation et ses excès ont provoqué le mouvement des « Gilets Jaunes ». 


Les gilets dans le débat
En novembre 2018, 70% de l’opinion soutenait les revendications des « Gilets jaunes » ; aujourd’hui une part croissante des Français souhaite leur « cessez-le-feu ». Preuve qu’il est temps de faire évoluer le mouvement des ronds-points : sa crédibilité incontestable, l’heure est désormais à son organisation et à son introduction sérieuse et officielle dans le débat. 
Au delà du crédit que l’opinion leur accorderait par cette accalmie, elle débarrasserait définitivement le mouvement originel de toute confusion : les casseurs, les pillards et les boxeurs sur le retour révèlent à tord que son souhait n'est pas tant la réforme sociale que l'installation de l’anarchie. La violence n’impose rien, elle saccage les revendications sincères et légitimes
Enfin, cette éclaircie restituerait son identité au mouvement initial ; les récupérations politiques liées à ce moment de l’Histoire sont parfaitement insupportables. Élever la défiance en dogme au contact des « Gilets jaunes », c’est une politique et elle a un nom : la démagogie


Le retour au dialogue
2019 doit être l’année du retour au dialogue avec les citoyens qui ne se sentent pas représentés. Par la même, il faudra s’interroger sur les vertus du système français et se pencher sur de nouvelles méthodes pour le financer. S’il est légitime que le peuple réclame un vocabulaire moins vertical de la part Gouvernement, il est indispensable qu’ils accueillent la construction d’un discours commun. 
 À l’échelle d’Ajaccio et de l’intercommunalité, je me propose d’initier la grande démarche de consultation du Gouvernement et d’aller au-delà. Je souhaite plus que jamais être le témoin de ce que j’entends auprès des plus hautes instances du pays. Entendu que si les requêtes sont de mes compétences, je serais en mesure d’y répondre directement, à l’image de ce que je fais au quotidien en tant que maire
Je félicite les « Gilets jaunes » ajacciens d’avoir contenu les excès de violences dont le Continent n’est pas épargné ; leur action n’en est que plus sincère et solide à mes yeux. À ceux qui s’interrogent sur mon silence à leur endroit, je réponds que je ne suis pas de ceux qui récupèrent les grands débats à leur compte, dans l’immédiateté d’une publication Twitter. Je viens quand j’ai de solides réponses à apporter, pas quand le #GiletsJaunes est en top tweet du feed France
Il faut donc désormais se réarmer sur le plan des idées : la société civile va se saisir de la politique car elle refuse désormais l’attitude inverse. Plus que jamais, les Français s’engagent dans des associations, sont à l’initiative pour le climat, dans un contexte difficile pour les démocraties européennes. Les poussées populistes couvrent et violent trop souvent les cris de colère totalement justifiés. 
À nous d’épouser notre époque avec d’autres fondements : replacer le citoyen au cœur du débat, l’amener à agir pour sa ville, son pays, inventer d’autres modes de production et de consommation, considérer l’animal et le vivant… 
J’ai récemment reçu avec beaucoup d’attention l’intersyndicale des retraités à Ajaccio, avec laquelle j’ai eu un échange très constructif. De la même manière, je veux rencontrer les « Gilets jaunes » ajacciens en ce mois de janvier. Le temps du dialogue est arrivé. »