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Ajaccio : L’opposition vent debout contre le projet de téléporté


le Mardi 6 Juin 2023 à 21:26

Ce mardi, les groupes d'opposition à la mairie d'Ajaccio tenaient une conférence de presse afin d'expliquer les points qui les conduisent à s'opposer à ce futur aménagement visant à améliorer la mobilité dans la cité impériale. Alors qu'une enquête publique vise à consulter la population sur ce projet controversé jusqu'à mi-juillet, ils ont invité celle-ci à faire part de ses remontées.



Photos Michel Luccioni
Photos Michel Luccioni
« Un mauvais projet qu’il ne faut pas le mener à son terme ». Alors qu’une enquête publique concernant le téléporté d’Ajaccio court jusqu’à début juillet avant le démarrage des travaux de ce futur moyen de transport, les groupes d’opposition à la mairie tenaient une conférence de presse ce mardi après-midi afin d’exprimer leur désapprobation et d’inviter la population à s’emparer de cette consultation pour donner son avis sur ce sujet majeur. 
 
Autour de la table, Jean-François Casalta, Julia Tiberi, Jean-Michel Simon et Basile Paoli de Pà Aiacciu, et Jean-André Miniconi d’Aiacciu Pà Tutti, ont ainsi avant tout tenu à rappeler que lors de la consultation préalable effectuée en 2019, « seuls 57 avis positifs avaient été recensés »« La construction de ce moyen de transport va impacter la vie des habitants notamment le domaine financier pendant des décennies », souligne Jean-François Casalta. En reprenant : « Finalement, on se rend compte que nous parlons tous de ce téléphérique dans la rue ou au café, mais le but c’est qu’on puisse s’adresser publiquement à l’autorité administrative pour donner son avis ». 

Un bilan coût/ avantages défavorable

Pour leur part, indiquant ne pas avoir été « à priori contre ce projet », les membres de l’opposition affirment que désormais leur « conviction est faite que ce projet n’est pas bon ». À l’appui, ils présentent un document d’une dizaine de pages dans lequel ils formulent des observations qu’ils comptent déposer à l’enquête, insistant sur la nécessité pour « tout projet porté par une collectivité publique de faire un bilan coût/avantages ». Or pour l’opposition, ce bilan penche clairement en défaveur du téléporté « pour plusieurs raisons », à commencer par l’aspect financier. « C’est un projet qui nous a été vendu à 30 millions d’euros fin 2018. Nous sommes aujourd’hui à 46 millions d’euros pour la conception de réalisation », pose Jean-François Casalta en pointant que la facture pourrait encore grimper du fait de l’inflation. « À cette somme, il faut ajouter 25 millions d’euros échelonnés sur 10 ans pour la maintenance et l’exploitation », ajoute-t-il tout en notant que la Communauté d’Agglomération du Pays ajaccien restera propriétaire des recettes d’exploitation. « Le but, c’est que celles-ci équilibrent les 2,5 millions d’euros par an ». Or, il calcule que cela supposerait la vente de 6870 ventes de titres de transport à 1 euro par jour et doute qu’autant de personnes empruntent quotidiennement le téléporté à Ajaccio. Pour preuve, il se base sur les chiffres d’équipements similaires existants en France à savoir Brest, Toulouse et Saint-Denis de la Réunion. « À Brest, qui fait deux fois la population d’Ajaccio, nous sommes à 1333 passagers par jour », dévoile-t-il en relevant qu’à Toulouse, le chiffre s’établit autour de 4000 passagers par jour, dans une agglomération de 800 000 personnes qui reçoit 5 millions de visiteurs par an. 

« Est-ce que finalement ce téléporté ne va pas devenir une curiosité touristique ? »

Le conseiller municipal de Pà Aiacciu s’intéresse par ailleurs à l’utilité de cet équipement « dans un quartier où peu de personnes se rendent à pied ». De facto, il s’interroge sur l’opportunité de faire un détour pour aller se garer sur le parking de Saint-Joseph et prendre ensuite le téléporté. « Le trajet pour se rendre à l’hôpital prendra 12 minutes. En voiture, pendant les embouteillages, on met environ 15 minutes depuis Saint-Joseph. Cela me paraît donc curieux que des gens laissent leur voiture et ne tracent pas droit pour aller à l’hôpital », estime-t-il. Au-delà, il constate que le parking attenant au futur équipement ne fait que 200 places alors que « l’objectif du maire est de détourner le tiers des 40 000 véhicules qui croisent au carrefour de Saint-Joseph, ce qui fait 13 000 véhicules ». 

Même son de cloche du côté de Jean-André Miniconi qui se dit perplexe sur l’utilité de l’équipement.  « On voit que le téléporté part de nulle part pour n’arriver nulle part », souffle-t-il en comparant avec Toulouse où le téléphérique dessert des bouches de métro, la zone des facultés, ou encore un CHU, et avec Saint-Denis de la Réunion, où ce mode de transport se trouve en plein centre-ville. « Est-ce que finalement ce téléporté ne va pas devenir une curiosité touristique ? », se questionne Jean-François Casalta dans ce droit fil. En outre, les deux conseillers municipaux d’opposition regrettent l’absence de vision globale dans le projet ajaccien qui ne prend notamment « pas en compte la future pénétrante routière en cours venant de Caldaniccia ».
 
Enfin, avec sa casquette d’expert-comptable, Jean-André Miniconi soulève que le téléporté doit être financé à 70% par le PTIC. « On ne sait pas comment vont être financés les 30% restants », s’interroge-t-il en craignant un recours à l’emprunt. « Sur le fond, nous sommes très inquiets et nous demandons aux Ajacciens de s’exprimer en masse », martèle-t-il encore, tandis que Jean-François Casalta conclut : « Nous espérons que le préfet prendra un arrêté de refus à l’issue de l’enquête publique afin de stopper le projet. Nous aurons alors perdu 1,4 million d’euros. C’est une somme conséquente, mais cela nous évitera des pertes encore plus colossales derrière ».