Après son premier ouvrage de philosophie ‘’Le Temps et la Loi’’, publié aux Puf en 2013, Coralie Camilli s’est consacrée à l’enseignement de la philosophie à l’Université Paris-Est-Créteil, ainsi qu’à des conférences et colloques en France et à l’étranger.
A 28 ans, cette spécialiste de philosophie juive et diplômée d’hébreu a décidé de relire le ‘’Procès’’ de Kafka. Si son premier essai traitait du rapport entre le religieux et le politique, son nouvel ouvrage ‘’Ainsi parlent les coupables, quelle est la faute de K. dans le Procès?’’, nous entretient cette fois de la violence, de l'innocence et de la culpabilité.
‘’Ainsi parlent les coupables’’ à paraître à "26 Edition" sortira au mois de septembre 2016 et sera disponible dans toutes les librairies et à la FNAC.
Rencontre sur le port de Calvi, où Coralie Camilli est rentrée pour l’été dans la ville où elle a grandi, pour parler de littérature.
Le contenu du ‘’Procès’’ de Kafka raconte l’histoire de Joseph K., un homme ordinaire mis en accusation un beau jour sans savoir pourquoi, soumis à un procès et finalement condamné à mort.
"Cette œuvre a été soumise à bien des interprétations philosophiques, littéraires, sociales et religieuses. La majorité de ces lectures se sont axées sur l'accusation à tort d'un innocent, faisait du personnage le représentant des victimes de la terreur bureaucratique. Ces interprétations maintiennent l’innocence du personnage, et donc aussi l’injustice du système dans lequel il est pris’’.
’’S'il est possible de s'éloigner des interprétations existantes, j'ai souhaité le faire en m'appuyant sur le droit talmudique, qui est un corpus très riche; on y trouve une loi dont tout le monde a entendu parler, la loi du talion (oeil pour oeil, dent pour dent), -qui dans son application est beaucoup plus complexe que ce que l’on imagine-, mais aussi d’autres choses surprenantes: le fait par exemple que la tradition juive affirme que si tous les membres du tribunal, à l’unanimité, déclarent coupable et passible de peine de mort un prévenu (par exemple parce qu’il aurait tué quelqu'un juste devant le tribunal): alors l’accusé est déclaré innocent. Pourquoi? Parce que un jugement doit être discutable. Surprenant’’.
Coupable ou innocent?
A la question de savoir si Joseph K. est coupable ou innocent, Coralie répond sans la moindre hésitation: " Oui, Joseph K. est coupable. Pour être plus précis, il n’était pas coupable, selon moi, avant son procès, mais il le devient: la faute se constitue en même temps que la procédure judiciaire. Pour résumer: ce n’est pas parce que Joseph K. est coupable qu’il a un procès, c’est bien plutôt parce qu’il a un procès qu’il va devenir coupable ».
Nous laisserons le soin aux lecteurs de se faire leur propre idée sur la thèse soutenue dans cet ouvrage signé Coralie Camilli.
On retiendra d’abord que les thématiques abordées ici ne sont pas si éloignées de la réalité, tout le monde peut être accusé et pris dans un engrenage judiciaire; et ensuite, que l’ouvrage suscite de nombreuses interrogations: ‘’de quelle sorte est la violence commise par un individu accusé, et de quelle sorte est la violence commise par le droit envers l’individu?’’, ou encore ‘’si l'on n’a rien fait de mal, est-on pour autant innocent?’’, sont des questions que l'on se pose au fil du récit.
L'ouvrage de Coralie Camilli apporte définitivement un éclairage nouveau à cette œuvre de Franz Kafka.
A 28 ans, cette spécialiste de philosophie juive et diplômée d’hébreu a décidé de relire le ‘’Procès’’ de Kafka. Si son premier essai traitait du rapport entre le religieux et le politique, son nouvel ouvrage ‘’Ainsi parlent les coupables, quelle est la faute de K. dans le Procès?’’, nous entretient cette fois de la violence, de l'innocence et de la culpabilité.
‘’Ainsi parlent les coupables’’ à paraître à "26 Edition" sortira au mois de septembre 2016 et sera disponible dans toutes les librairies et à la FNAC.
Rencontre sur le port de Calvi, où Coralie Camilli est rentrée pour l’été dans la ville où elle a grandi, pour parler de littérature.
Le contenu du ‘’Procès’’ de Kafka raconte l’histoire de Joseph K., un homme ordinaire mis en accusation un beau jour sans savoir pourquoi, soumis à un procès et finalement condamné à mort.
"Cette œuvre a été soumise à bien des interprétations philosophiques, littéraires, sociales et religieuses. La majorité de ces lectures se sont axées sur l'accusation à tort d'un innocent, faisait du personnage le représentant des victimes de la terreur bureaucratique. Ces interprétations maintiennent l’innocence du personnage, et donc aussi l’injustice du système dans lequel il est pris’’.
’’S'il est possible de s'éloigner des interprétations existantes, j'ai souhaité le faire en m'appuyant sur le droit talmudique, qui est un corpus très riche; on y trouve une loi dont tout le monde a entendu parler, la loi du talion (oeil pour oeil, dent pour dent), -qui dans son application est beaucoup plus complexe que ce que l’on imagine-, mais aussi d’autres choses surprenantes: le fait par exemple que la tradition juive affirme que si tous les membres du tribunal, à l’unanimité, déclarent coupable et passible de peine de mort un prévenu (par exemple parce qu’il aurait tué quelqu'un juste devant le tribunal): alors l’accusé est déclaré innocent. Pourquoi? Parce que un jugement doit être discutable. Surprenant’’.
Coupable ou innocent?
A la question de savoir si Joseph K. est coupable ou innocent, Coralie répond sans la moindre hésitation: " Oui, Joseph K. est coupable. Pour être plus précis, il n’était pas coupable, selon moi, avant son procès, mais il le devient: la faute se constitue en même temps que la procédure judiciaire. Pour résumer: ce n’est pas parce que Joseph K. est coupable qu’il a un procès, c’est bien plutôt parce qu’il a un procès qu’il va devenir coupable ».
Nous laisserons le soin aux lecteurs de se faire leur propre idée sur la thèse soutenue dans cet ouvrage signé Coralie Camilli.
On retiendra d’abord que les thématiques abordées ici ne sont pas si éloignées de la réalité, tout le monde peut être accusé et pris dans un engrenage judiciaire; et ensuite, que l’ouvrage suscite de nombreuses interrogations: ‘’de quelle sorte est la violence commise par un individu accusé, et de quelle sorte est la violence commise par le droit envers l’individu?’’, ou encore ‘’si l'on n’a rien fait de mal, est-on pour autant innocent?’’, sont des questions que l'on se pose au fil du récit.
L'ouvrage de Coralie Camilli apporte définitivement un éclairage nouveau à cette œuvre de Franz Kafka.