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Afflux estival : comment les ports corses s’adaptent à la pression du trafic maritime


VL le Samedi 26 Juillet 2025 à 18:22

Avec près de 6 millions de places proposées par les compagnies maritimes entre avril et août, la saison 2025 s’annonce dense sur les quais de l'ile. Pour anticiper l’impact de cette fréquentation sur la circulation urbaine et les infrastructures portuaires, la Chambre de commerce et d’industrie de Corse pilote une organisation logistique renforcée.



Archives CNI
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À Bastia, Ajaccio, L’Île-Rousse ou encore Propriano, les scènes sont désormais bien connues : files de véhicules, passagers en transit, débarquement de remorques, rotations de ferries à flux tendu… La haute saison maritime bat son plein, et les ports corses absorbent, chaque été, l’un des plus forts volumes de passagers et de marchandises de Méditerranée occidentale.

Pour la période du 1er avril au 31 août, environ 4 500 rotations sont programmées, avec une offre globale proche de 6 millions de places. Un chiffre en légère baisse en termes de fréquence par apport , mais compensé par le remplacement des petites unités par des navires de grande capacité. Cette montée en tonnage s’accompagne de meilleures performances environnementales, et permet, selon la Chambre de commerce et d’industrie de Corse (CCI), d’atteindre des taux de remplissage similaires à ceux de 2024. Face à cette intensité, l’enjeu n’est plus uniquement commercial. Il est aussi logistique, urbain, environnemental. Car les flux générés par les ferries impactent directement les centres-villes, la voirie, et les délais de traitement portuaire. Pour y répondre, la CCI Corse a renforcé sa gouvernance opérationnelle, à travers un dispositif de coordination à deux niveaux.

Chaque année, un comité de coordination stratégique réunit l’ensemble des acteurs concernés : autorités portuaires (Collectivité de Corse), commandants de port, compagnies maritimes, services de la CCI. Cette réunion permet d’établir une analyse croisée des horaires et des remplissages, afin d’optimiser les créneaux d’accostage, et de limiter l’impact sur la circulation urbaine. En parallèle, un comité hebdomadaire, réuni chaque jeudi, ajuste les paramètres d’exploitation en temps réel : conditions météo, charge des navires, événements locaux ou imprévus.

Le trafic passagers reste orienté à la hausse
« Le manque de terre-pleins, en particulier sur certains ports comme Bastia, nous oblige à faire preuve d’innovation permanente », note la CCI, qui renforce ses équipes avec du personnel saisonnier et s’appuie sur des outils de gestion dynamique : vidéosurveillance, panneaux d’affichage, barrières automatiques, le tout piloté par un poste de contrôle centralisé.
À Bastia, où le fret représente 60 % du trafic total, la gestion du roulier devient un enjeu structurant. Mais d’autres ports font aussi face à des pics. À L’Île-Rousse, les rotations avec Sète passent de 12 à 28 cette année. À Propriano, les liaisons avec Marseille progressent de plus de 2 %. Une dynamique qui appelle des réponses opérationnelles sur mesure.

Sur le plan statistique, les données disponibles confirment une légère hausse du trafic passagers pour le début de saison. Entre le 1er avril et le 30 juin, 1 038 794 voyageurs ont été enregistrés sur les ports corses (hors croisiéristes), contre 1 017 082 sur la même période en 2024, soit une progression de +2 %. La tendance reste stable pour la première quinzaine de juillet.

Si le faisceau national concentre 54 % des places offertes, les connexions avec l’Italie restent dynamiques, représentant 46 % de l’offre. Livourne, Savone, Gênes, mais aussi Santa Teresa et Porto Torres, assurent une densité de liaisons qui fait de la Corse une destination méditerranéenne parmi les plus connectées.

Un plan de soutien à la stratégie maritime
Pour accompagner cette dynamique, un plan d’actions de 260 000 euros, en partenariat avec l’Agence du tourisme de la Corse (ATC) et les offices de tourisme, a été mis en œuvre. Il vise plusieurs objectifs : rééquilibrer les flux nationaux et internationaux, étaler la saison, diversifier les clientèles et soutenir les efforts de programmation des armateurs.

En parallèle, Corsica Linea annonce une fréquentation en nette hausse, avec un mois de juin en progression « à deux chiffres » et une estimation de +5 % pour juillet-août. Même tendance chez Corsica Ferries, dont le directeur d’exploitation Jean-Charles Teurlay indique « une hausse de 4 à 5 % des réservations » par rapport à 2024. « Nous étions partis sur une fréquentation comparable à celle de l’année dernière, mais le marché répond de façon plus favorable que prévu », note-t-il.

Alors que le cœur de l’été approche, l’ensemble du réseau portuaire ajuste au quotidien les rouages d’une saison maritime toujours plus complexe à piloter.