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Affaire Bastia-Reims : L’assemblée de Corse apporte un soutien quasi-unanime au Collectif Ghjustizia E Verita


Nicole Mari le Jeudi 23 Juin 2016 à 19:31

L’affaire post match Bastia-Reims s’est, doublement, invitée à la session de juin de l’Assemblée de Corse (CTC) qui se tient les 23 et 24 juin, en ouverture à travers une question orale et, dans la foulée, à travers une motion, toutes deux déposées par les groupes nationalistes. La conseillère territoriale du groupe Femu a Corsica, Lauda Guidicelli, a interpellé le président de l’Exécutif, pour lui demander d’intervenir afin de trouver une issue à cette affaire explosive. Gilles Simeoni a, dans une longue réponse, apporté son soutien total aux supporters et à Bastia 1905. Une motion de soutien aux divers supporters bastiais interpellés et au Collectif Ghjustizia E Verita a été votée par tous les groupes, à l’exception du Front de Gauche qui s’est abstenu.



Une délégation du Collectif Ghjustizia E Verita présente dans les tribunes Visiteurs de l'Assemblée de Corse.
Une délégation du Collectif Ghjustizia E Verita présente dans les tribunes Visiteurs de l'Assemblée de Corse.
Le 13 février dernier, des incidents ont éclaté, après le match Bastia-Reims, opposant des supporters bastiais et les forces de l’ordre de Reims et causant de graves blessures à un jeune Corse, Maxime Beux. Les poursuites judiciaires contre les supporters et les condamnations de sept d’entre eux qui en ont résulté, ont déclenché, dans l’île, une grande émotion, un large mouvement de soutien et la création du collectif Ghjustizia E Verita. A deux semaines du procès des incidents qui ont suivi les manifestations de soutien à Corte, le Collectif a saisi des élus nationalistes pour réclamer, une nouvelle fois, que justice soit faite. Une question orale a été posée par Lauda Guidicelli, conseillère territoriale de Femu a Corsica. Estimant que « Tout porte à croire que ces jeunes ont été victimes dans cette histoire. Cependant, la plupart d’entre eux font l’objet de poursuites judiciaires », elle demande à l’Exécutif de rappeler sa position et les démarches entreprises ou à entreprendre afin de « contribuer au dénouement de cette affaire ».
 
Une exigence de vérité
Réaffirmant sa solidarité à l’égard de Maxime Beux, le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, revient sur les interventions qu’il a effectuées conjointement avec le président de l’Assemblée de Corse « dans les heures ayant suivi les faits », notamment l’ouverture d’une information judiciaire et des investigations impartiales. « Les éléments d’ores et déjà recueillis et connus de l’opinion publique, tout comme le caractère fluctuant et évolutif des explications apportées par le Parquet au début de l’enquête, confortent à l’évidence les explications de Maxime relativement à l’origine de ses blessures ». Il affiche, également, son soutien aux supporters condamnés le 13 mai dernier, « ceci alors même que des bandes de vidéo surveillance ont confirmé la violence des interpellations ». Jugeant que « ces faits et ce climat ont inéluctablement conduit à l’activation d’une logique de tension, avec des enchaînements que la Corse ne connaît que trop bien : manifestations, incidents, interpellations généralisées pouvant être brutales et excessives, condamnations disproportionnées » et que cela intervient « dans une île où l’injustice et l’iniquité ont historiquement appelé la révolte, où les attentes politiques sont fortes et sans réponse suffisante de la part de l’Etat », il réaffirme une exigence de justice et d’équité.
 
Le rôle majeur de Bastia 1905
Gilles Simeoni rappelle l’urgence de « désamorcer des spirales de tension qui ne peuvent que conduire à des drames et à des impasses ». Pour cela, le meilleur moyen, précise-t-il, est de « faire droit à l’exigence de vérité, de transparence et de justice exprimée par Maxime Beux et ses camarades ». Se référant aux violences en marge de l’Euro de football qui ont eu lieu à Marseille, il demande aux supporters insulaires de faire preuve de mesure : « La Corse est une terre de football et de passion… Ensemble, faisons en sorte que lorsqu’elle nous regarde ou entend parler de nous, l’Europe du football nous assimile aux supporters de l’Irlande, qui font honneur à leur drapeau et à leur pays tout en célébrant la fraternité entre les peuples et en se faisant apprécier de tous pour leur bonne tenue. Je fais confiance aux supporters de Bastia pour cela, notamment à Bastia 1905 qui a un rôle majeur et positif à jouer dans ce cadre ». Une déclaration accueillie par les applaudissements des représentants du Collectif, présents dans la tribune visiteurs.
 
Une motion quasi-unanime
Les deux groupes nationalistes ont, également, présenté une motion de soutien au collectif Ghjustizia E Verita, à Maxime Beux et aux supporters dont le procès se tiendra le 10 juillet à Bastia. « Considérant qu’il existe historiquement diverses formes de racisme anti-corse, que les manifestations de ce racisme tendent à se multiplier et à se banaliser, qu’il s’exprime particulièrement dans le domaine sportif… considérant l’agression caractérisée, gratuite et démontrée clairement par des vidéosurveillances sur de jeunes supporters corses à Reims le 13 février 2016, la gravité des blessures de Maxime Beux ayant perdu l’usage d’un œil, et l'injustice manifeste engendrée par ces traitements discriminatoires… considérant que la situation actuelle commande à l’Assemblée de Corse, dépositaire des intérêts matériels et moraux du peuple corse, de réagir par les moyens dont elle dispose », la motion demande à la représentation de la Corse de « confirmer sa volonté d’explorer l’ensemble des voies de droit aux fins d’ester en justice afin de préserver la défense des intérêts, l'intégrité et la dignité de sa jeunesse et de l'ensemble du peuple corse ».
 
La quasi-intégralité des groupes politiques a voté la motion, malgré quelques réticences, à droite, comme à gauche, sur la notion de « racisme anti-corse ». Les demandes d’amendement en la matière ayant été refusées par la majorité territoriale, le Front de gauche a décidé de faire cavalier seul et de s’abstenir.
 
N.M.