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A Fiera di l'Amandulu joue aussi la carte des métiers d'art


Jean-Paul-Lottier le Jeudi 9 Août 2018 à 19:32

Depuis 2012, le foyer rural organisateur de a Fiera di l'Amandulu à coeur de mettre en avant les métiers d'art. Pour cette 22ème édition qui vient de se dérouler, la présence de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, de Lyne Cohen-Solal, présidente de l'Institut National des Métiers d'Art et du directeur adjoint Nicolas Rizzo est tout un symbole de cette volonté de mettre en avant le travail des artisans et créateurs.




La 22eme Fiera di l'Amanduluqui s’est déroulée ce week-end a Aregno. SI son ambition originelle est de promouvoir la filière amandéicole en développant des projets structurants pour la Balagne (casserie, laboratoire de transformation, création de plans d’amandiers, outil d’insertion…), depuis 2012 le foyer rural organisateur a eu à cœur de mettre en valeur un autre emblème de notre territoire : les métiers d’art.  A cette occasion, samedi dernier, le champ de foire d’Aregno a été investi par les plus importantes personnalités politiques et institutionnelles de la filière.  

Au-delà de la visite très remarquée de Mme Françoise Nyssen, ministre de la Culture, étaient invités Mme Lyne Cohen-Solal, présidente de l’Institut National des Métiers d’Art, Nicolas Rizzo, Directeur Adjoint et habitué des lieux et Marie-Florence Dabrin, leur correspondante régionale Corse, référente pour la filière depuis 2010. Leur collaboration ont permis notamment d’organiser sur le territoire les Journées Européennes des Métiers d’Art et de créer « L’Agenza », agence de développement des métiers d’art et de la création de Corse en 2016.

 

Rencontre
Métiers d’art, Création, artisanat, artisanat d’art… Difficile parfois de s’y retrouver. Encore plus sur un champ de foire ou les différences et distinctions ne sont pas si évidentes. 
Marie-Florence Dabrin, correspondante régionale explique :

« Un professionnel métiers d’art doit être en mesure de répondre oui à quatre questions : Travaillez-vous la matière ? ; Produisez-vous des pièces uniques ou des petites séries ? ; Êtes-vous dans une démarche artistique ? ; Maîtrisez-vous le processus de A à Z, entre la matière brute et le produit fini? … C’est vrai que c’est un secteur compliqué car il est multi-statuts (libéral, salarié, fonctionnaire, artisan, artiste) et qu’on y trouve 281 métiers et spécialités différentes, dans seize domaines. Dans notre région, nous avons recensé 1 810 professionnels métiers d’art représentant 140 métiers »

 

Nicolas Rizzo poursuit en précisant : 
« La loi du 7 juillet 2016 donne une définition des métiers d'art. Elle reconnaît la pluralité des statuts des professionnels. Aujourd’hui on peut donc exercer sous différents statuts (artisan, artiste-auteur, profession libérale, salarié, fonctionnaire…)… Cela met parfaitement en exergue le caractère hétérogène de la filière, à la fois dans les statuts dans la nature des métiers qui la composent, et dans sa pluri-dimension (économique, culturelle et patrimoniale)…

C’est cette diversité et pluralité qu’il convient d’appréhender pour mieux concevoir la stratégie de filière dans sa globalité et lui assigner des objectifs économiques. Les régions organisent leur politique régionale sur cette base en décloisonnant les jeux d’acteurs. C’est l’une des raisons qui rend indispensable de fédérer l’ensemble des activités relevant de la filière pour pouvoir apporter des réponses concrètes et adaptées à leur besoins. C’est l’ambition de l’agenza, qui devrait accompagner la nouvelle collectivité de Corse dans la construction de cette filière. Il n’y a plus qu’a…»

 

Existe-t-il une économie des métiers de la création en Corse ?
« Ce sont actuellement près d’un millier de personnes qui travaillent directement les métiers de la création en Corse : emplois directs, salariés, fonctionnaires, conjoints de chef d’entreprise... La plupart d’entre eux se trouve en Balagne, dans le cap-corse, le centre-corse ou l’extrême sud ; avec une majorité d’ateliers implantés au cœur de la zone rurale » détaille Nicolas Rizzo.

Mais les métiers d’art symbolisent également un certain art de vivre qui représente un véritable atout pour les territoires en termes de développement et d’attractivité touristique. Vitrine de la capacité d’innovation et de l’excellence, ils contribuent également au rayonnement de la Corse à l’étranger.

« La filière est aujourd’hui très attractive et dynamique, mais peu voire pas structurée du fait notamment de la pluralité d’acteurs. Certaines micro-régions comme la Balagne se sont doté d’une route des artisans et d’un label « rencontres balanines » afin de promouvoir l’artisanat d’art « made in corsica ». a précisé Lyne Cohen-Solak dans son discours inaugural.

 

Les métiers d’art et de la création, nouvel eldorado culturel pour la Balagne ?
« Ils sont le patrimoine de notre région et participent au dynamisme économique du territoire. Ils génèrent de la valeur ajoutée du point de vue économique, revêtent un indiscutable attrait touristique, représentent un potentiel important d’emploi de proximité » annonce Gilles Simeoni

 

Savoir-faire ancestraux 
« Métiers du passé ils sont résolument tournés vers l’avenir. Ils doivent pour cela innover et transmettre. Ils incarnent le renouveau de l’économie de la culture. Accompagnés dans leur développement, ils deviendront les garants de l’économie de proximité et du développement rural à l’image de ce que la commune de Pigna  a réussi à faire »

Les foires sont des « vitrines exceptionnelles de promotion de ces métiers » d’après Lyne Cohen-Solal. 
Ce sont des lieux  « incontournable tant du point de vue de l’image que de l’économie. En revanche elles doivent être mieux soutenues dans leur ambition par les collectivités et les acteurs du territoire. »


Une longue préparation
Philippe Andreani, président de la Foire précise : 

« Préparer un événement comme la foire d’Aregno, c’est l’équivalent d’un tiers temps annuel. Le bénévolat devient une contribution financière non négligeable, pourtant il se tarie chaque année un peu plus, a Aregno comme partout. Pour le territoire, le retour sur investissement est pourtant de près de 2000%... Le sujet est donc relativement sérieux économiquement parlant.

Un bémol cependant :  Comment ne pas constater l’absence quasi – totale de terminaux de paiement sur les stands, tout comme l’absence d’approvisionnement de liquidité à proximité. Dans ce contexte, même si les conditions sont réunies pour favoriser l’acte d’achat, il risque de ne pas se concrétiser… Sans numérique, pas de révolution artisanale.»