C’est dans l’écrin prestigieux du Musée Fesch que se sont tenues la petite et la grande finale du tournoi 2025 de Disputatio d’Ajaccio. Les voix des lycéens ont résonné, porteuses de débats contemporains et de questionnements universels, devant un public composé de pairs, d’enseignants et de jurés passionnés. À l’initiative, depuis quatre ans, du professeur d’Histoire-Géographie Jérémy Palmesani, la Disputatio s’inscrit dans la grande tradition des joutes oratoires médiévales, tout en la réinventant. « Les thèmes, c’est moi-même qui les choisis… », confie-t-il, attaché à faire vivre l’esprit critique et la citoyenneté de ses élèves.
Au cours de l’année, les candidats, issus de plusieurs classes volontaires du lycée Fesch, préparent chaque débat avec l’aide de nombreux enseignants. « Il y a une grosse dizaine de collègues qui se prêtent au jeu pour venir en aide aux élèves, même si le travail se prépare en autonomie. »
La finale, orchestrée main dans la main avec l’équipe du Musée, met en scène les meilleurs orateurs, sélectionnés au fil des joutes éliminatoires. Le jury, composé d’enseignants et de personnalités extérieures, évalue aussi bien la force des arguments que la qualité de l’éloquence : « Sur le fond, il s’agit de la qualité de la documentation, de la valeur des arguments, de la chaîne des exemples ; sur la forme, la clarté, le respect, la cohérence. »
Le verdict, tenu secret jusqu’à la dernière minute, ajoute au suspense d’un événement suivi avec ferveur par tout le lycée. « Je reste persuadée que vous vous rappellerez de ce jour-là », glisse, émue, la proviseure.
Des débats intenses et une exigence de réflexion
La Disputatio ne se limite pas à un simple exercice scolaire ; elle fait jaillir des questions de société brûlantes. Ainsi, lors de la petite finale, les élèves se sont affrontés sur un sujet épineux : « La guerre en tant qu’acte de violence est-elle toujours un mal, même lorsqu’elle est nécessaire pour défendre le droit ? » D’un côté, des orateurs rappellent : « Refuser systématiquement l’emploi de la force, c’est abandonner les plus faibles… Il y a des cas où se battre est un devoir plus sacré que se taire. » En réponse, d’autres objectent : « La fin ne justifie pas les moyens… Même une bonne cause comme défendre la liberté ne justifie jamais entièrement l’utilisation de moyens violents. » La richesse du débat illustre la maturité des élèves : « Le mal reste le mal, quelles que soient les raisons avancées », tranche l’un d’entre eux.
Le point d’orgue de cette après-midi fut la grande finale autour du thème : « Le musée est-il un temple ou un forum ? » Entre ceux pour qui : « Le musée est d’abord un espace de conservation, de transmission, de protection du patrimoine », et les autres, qui voient le musée comme « un espace d’échanges, d’émulation intellectuelle », la confrontation a été aussi vive qu’argumentée. « Dans un régime dictatorial, le musée risque d’être une vitrine figée, un instrument de propagande », lance un élève. Tandis qu’un autre insiste : « Sans débat, la connaissance ne se transmet pas pleinement – il faut permettre l’échange et la critique. »
Au-delà des joutes verbales, c’est toute une communauté éducative qui se mobilise : « Bravo à tous et merci à l’équipe du lycée Fesch, c’est possible grâce à eux », résume Jeremy Palmesani. Les élèves débateurs en classe de seconde, première et en terminales, repartent fiers et heureux d’avoir pu défendre leurs idées dans un cadre aussi prestigieux. Le public présent a longuement applaudi les jeunes orateurs, saluant l’engagement, le courage et la maturité. Une belle preuve que l’esprit du débat et le goût de l’échange vivent toujours au cœur du système scolaire français.
-
Incendie de "L'Alba" à Bastia : une enquête ouverte pour « destruction par un moyen dangereux »
-
Municipales de Morosaglia : Le maire, Vincent Cognetti veut rétablir la vérité
-
Bastia, un établissement du quai des Martyrs ravagé par les flammes
-
A màghjina - San Ghjuvà, duie volte in luce
-
U tempu in Corsica












Envoyer à un ami
Version imprimable





