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32ème Ghjurnate di Corti : Le Mali en Guest star


Nicole Mari le Dimanche 4 Août 2013 à 01:40

Samedi matin, se sont ouvertes, à Corte, E Ghjurnate internaziunale, le grand rendez-vous estival du mouvement indépendantiste Corsica Libera. A côté des délégations habituelles sarde, basque, catalane et sicilienne, un invité d’honneur qui fait l’actualité : le MNLA du Mali. Dimanche, se tiendra, pour la seconde année consécutive, un débat sur les trois dossiers majeurs de la mandature autour des trois conseillers exécutifs en charge de la langue, du PADDUC et de la réforme institutionnelle. Avec toujours le même objectif : fédérer en Corse pour peser sur Paris.



Les délégations européennes et maliennes, invitées aux Ghjurnate di Corti.
Les délégations européennes et maliennes, invitées aux Ghjurnate di Corti.
C’est l’évènement politique estival incontournable. Samedi et Dimanche, comme tous les 1er weekend d’août, à l’heure où tous les autres groupes politiques sont déjà en vacances, les Indépendantistes de Corsica Libera tiennent leurs Ghjurnate Internaziunale sous un soleil de plomb. La grande messe a débuté, comme à l’ordinaire, par une présentation des différentes délégations internationales des « peuples en lutte d’Europe » venues de Sardaigne, du Pays Basque Nord et Sud, de Catalogne et de Sicile, invitées récurrentes qui se retrouvent, chaque été, sous le chapiteau cortenais. Mais, Corsica Libera a voulu, cette année, mettre en avant un mouvement indépendantiste africain laïc qui fait l’actualité : le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), créé le 16 octobre 2011.
 
La tradition respectée
Une ouverture internationale, dans la plus pure tradition des Ghjurnate, vers des peuples qui se revendiquent en tant que Nation sans Etat, comme le rappelle François Sargentini, membre de l’Exécutif de Corsica Libera « C’est la tradition des Ghjurnate d’inviter, à côté des délégations européennes, des partis qui, dans des pays très éloignés de la Corse, se battent pour leurs droits nationaux et leur libération, comme les partis Kurde ou des peuples sud-américains. La volonté de lutter s’exprime par tous les peuples qui sont soumis, comme le peuple corse. Il est intéressant et importer d’échanger avec eux, de voir quels sont les perspectives pour ces peuples, les moyens d’avancer et les solutions à mettre en œuvre ».
Chaque délégation a fait le point sur la situation du peuple qu’elle représente, expliqué les avancées obtenues depuis un an ou les reculs subis et énoncé ses espoirs ou les solutions qu’elle voudrait mettre en œuvre.
 
Des revendications partagées
Si les situations divergent en termes de volume de population ou de richesse, les revendications, elles, se rejoignent autour de la sauvegarde et du renouveau de la langue, de l’affirmation d’une identité propre, de l’affranchissement envers l’Etat central et du choix de l’autodétermination pour accéder à l’autonomie et à l’indépendance. Les craintes, sous fond de crise économique, de mondialisation galopante et de recentralisation des pouvoirs centraux pour des raisons souvent d’arbitrage fiscal, sont également partagées. Les espoirs aussi en une année 2014 qui s’annonce riche en évènements avec, notamment, le référendum écossais, acté par l’Union européenne, et la remise sur le tapis des questions flamande, basque et catalane. Les indépendantistes corses, comme leurs invités, tablent sur ce regain général des identités pour faire progresser leurs revendications.
 
La question malienne
Invité d’honneur, le MNLA revendique le droit à l’autodétermination du Nord Mali, un territoire dénommé Azawad, qui signifie en langue tamacheq « là où il fait bon vivre ». Ce territoire, qui s’étend sur les trois régions de Tombouctou, Gao et Kidal et regroupe quatre ethnies : les Touaregs, les Peuls, les Maures et les Sonrhaïs, demande son autonomie depuis 1957. Cette revendication, qui a pris la forme de rébellions récurrentes depuis plus de 55 ans, provoque un nouveau soulèvement début 2012 qui débouche sur une guerre civile au Mali, un coup d’Etat militaire et une poussée des terroristes intégristes d’Aqmi. Le 6 avril 2012, le MNLA proclame unilatéralement l'indépendance de l'Azawad, une indépendance non reconnue par la communauté internationale, notamment française, qui intervient pour rétablir la paix. Un cessez-le feu est signé le 18 juin dernier. Le 11 août, aura lieu le 2ème tour de l’élection présidentielle que le MNLA boycotte. Deux mois plus tard, s’ouvriront des négociations sur le statut politique et juridique de l’Azawad. Moussa Ag Assarid, porte-parole du MNLA, a évoqué la situation du Mali, le combat de la région Nord et affirmé la détermination de l’Azawad à obtenir, par la négociation ou par la lutte, le droit d’exister. Il s’est félicité de l’invitation de Corsica Libera qui lui permet d’avoir « des échanges intéressants avec d’autres peuples en lutte » et de se rapprocher de l’Alliance des Nations sans Etat. Il a, également, rendu hommage au député européen, François Alfonsi, « notre principal appui au Parlement européen et qui nous a beaucoup aidé ». (interview à venir).
 
Un 2nd débat recentré
Dimanche après-midi, verra le temps fort de ces Ghjurnate avec le second débat sur la réforme institutionnelle. Si le premier débat, l’an dernier, avait réuni autour de l’Exécutif de Corsica Libera, les représentants de tous les partis traditionnels de gauche et de droite, à l’exception de la Gauche républicaine et des communistes, ce second débat sera plutôt centré autour des trois conseillers exécutifs en charge des trois dossiers majeurs de la mandature pour les Nationalistes. « Nous n’avons pas voulu faire un remake du débat 2012 où il fallait démontrer, par un affichage très large, qu’il y avait une volonté quasi-unanime en Corse d’aller vers des propositions communes pour essayer de résoudre les problèmes de notre pays. Après un an de débat à l’Assemblée de Corse, nous entrons dans la phase de vote des propositions. Nous avons, donc, cette année, invité les responsables des principaux dossiers qui vont donner les conclusions des différentes commissions. A partir delà, nous instaurerons un débat avec des délégués du mouvement national sur le futur de notre pays », ajoute François Sargentini.
 
Le référendum en ligne de mire
Seront donc présents Pierre Ghionga, en charge de la langue, qui a fait adopté, à l’unanimité des votants, le statut de coofficialité, Maria Guidicelli, en charge de l’élaboration du PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse) qui sera débattu à l’automne à l’Assemblée de Corse et Pierre Chaubon, en charge de la réforme institutionnelle qui sera, elle, débattue les 26 et 27 septembre prochains. Egalement, François Alfonsi, député européen, coutumier des Ghjurnate. Sont aussi attendus des représentants de Femu a Corsica et Antoinette Santoni-Brunelli, conseillère territoriale, issue du mouvement La Nouvelle Corse, et la seule élue de droite à avoir voter pour le statut de coofficialité. 
L’objectif de Corsica Libera est d’expliquer à la population les actions menées et de la familiariser avec le processus en cours en vue du référendum qui légitimerait, aux yeux de Paris, les réformes demandées.
N. M.