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Pour Corsica Libera « la venue d’Emmanuel Macron, un non-événement et une perspective négative pour la Corse »


David Ravier le Jeudi 28 Septembre 2023 à 15:18

Le Président de la République s’est exprimé ce jeudi matin à Ajaccio devant l’Assemblée de Corse. Un discours durant lequel le Chef de l’État s’est positionné en faveur « d’une autonomie pour la Corse » avec l’inscription de l’île dans la Constitution et a plaidé pour que la langue corse ait « plus de place dans la vie publique ». Des annonces qui laissent Petr’Anto Tomasi de marbre. Le porte-parole de Corsica Libera n'y voit en effet ni de réelles avancées, ni de prise en compte des revendications historiques des nationalistes.



Petr’Anto Tomasi, le porte-parole de Corsica LIbera.
Petr’Anto Tomasi, le porte-parole de Corsica LIbera.
Sans attendre le discours d’Emmanuel Macron ce jeudi matin devant l’Assemblée de Corse, Corsica Libera avait donné le ton : son élue, Josepha Giacometti-Piredda annonçait quelques minutes avant l’arrivée du Chef de l’État qu’elle ne participerait pas à la session extraordinaire. « Il ne s’agissait non pas d’un moment d’échange, mais d’un monologue de la part du Président de la République française qui avait, en amont de la visite, signifié clairement que la plupart des revendications historiques du mouvement nationaliste, qui ont été avalisées par les urnes et par les Corses à de nombreuses reprises, seraient exclues de tout projet d’évolution », explique Petr’Antò Tomasi, le porte-parole du parti. 
 
Une position que les indépendantistes ont tenu à réaffirmer à la suite du discours. « Nous confirmons notre analyse puisque finalement, ce qui a été annoncé, à savoir un article consacré à la Corse dans la Constitution pour, dit-il, ‘ancrer la Corse dans la République’ n’est ni plus ni moins que ce qu’il avait déjà annoncé en 2018 à travers le projet Gourault [ projet porté par l’ancienne ministre Jacqueline Gourault avec l’inscription de la Corse dans l’article 72-5 de la Constitution, NDLR] au moment du projet de révision constitutionnelle avortée sur fond d’affaire Benalla. Nous en sommes aujourd’hui au même point, sans reconnaissance du peuple corse, sans co-officialité de la langue, sans statut de résident, sans corsisation des emplois et sans aucun engagement sur un pouvoir législatif qui constitue le socle minimal d’une autonomie. Sa venue fut un non-événement et confirme une perspective négative pour la Corse », indique Petr’Antò Tomasi.
 
Un projet pas assez ambitieux
 
« Aujourd’hui, si on prend le Président de la République au mot, nous sommes déjà sur la base d’un projet qui est très en deçà de ce que les Corses demandent depuis des décennies. Et cela, avant même qu’il y ait un accord qu’Emmanuel Macron appelle de ses vœux avec les forces de la droite corse, ces derniers étant sur des positions minimalistes eu égard aux revendications nationalistes, et avant même que ce projet ne passe au Sénat à Paris qui est lui-même sur des propositions plus minimalistes encore. C’est une façon habile de renvoyer le processus dans le rang d’une simple décentralisation, c’est finalement ce qu’il a annoncé dans ce discours en plaçant en dehors du périmètre de ce qui est acceptable et discutable tout ce qui a fait l’essence du combat nationaliste depuis plusieurs décennies », renchérit-il. 

Des efforts à faire sur la préservation de la langue corse
 
Du discours prononcé par le chef de l’État, le porte-parole de Corsica Libera retient néanmoins le « projet allant dans le sens de la pratique et de l’enseignement de la langue corse » qui constitue selon lui quelque chose de positif, non sans y mettre des réserves. « Il y a un élément factuel qui a été relevé non pas au niveau politique, mais au niveau scientifique, c’est qu’une langue minorée, c’est-à-dire non reconnue comme l’est la langue corse qui est en situation de déclin, ne peut être sauvée que par des mesures structurelles telles que la co-officialité. En l’absence de co-officialité de la langue corse, nous savons très bien que tous les efforts qui seront faits seront vains pour que cette langue retrouve réellement la place qui est la sienne au sein de la société et nous savons de surcroît que sans cette reconnaissance officielle, de nombreuses mesures, y compris dans le champ de l’enseignement immersif, seraient menacées d’un point de vue juridique. Cette co-officialité n’est pas un dogme, c’est une mesure extrêmement pratique pour permettre à la langue corse de prospérer et d’être sauvée. Dire que l’on veut sauver la langue corse et que l’on veut aboutir à une situation de bilinguisme en excluant la co-officialité, c’est une position qui ne tient pas la route ».