Corse Net Infos - Pure player corse

Violences conjugales et sexuelles : le dépôt de plainte se fait "hors les murs" en Haute Corse


M.V. le Mardi 16 Novembre 2021 à 09:48

Pour améliorer la prise en charge des victimes de violences conjugales, à partir de ce 15 novembre la Haute-Corse met en place la plainte "chez autrui". Policiers et gendarmes peuvent désormais se déplacer hors des murs des commissariats et gendarmeries pour recueillir les plaintes ou les signalements des victimes



La présentation à la presse du nouveau dispositif
La présentation à la presse du nouveau dispositif
Deux ans après le Grenelle des violences conjugales, vaste mobilisation qui devait aboutir à mieux combattre ce fléau, c’est une nouvelle avancée qui vient d'être mise en place en Haute-Corse. A partir de ce lundi 15 novembre, les victimes de violences conjugales ou de viol peuvent déposer plainte en dehors des commissariats et des brigades de gendarmeries et demander aux forces de l'ordre de faire leur déposition "dans un lieu de confiance". Une expérimentation annoncée  par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en octobre dernier, lancée par le gouvernement en six départements et présentée ce lundi à la presse par le préfet François Ravier et par la procureur de la République adjointe à Bastia, Stefanie Pradelle, en présence des forces de l'ordre et des associations d'aide aux femmes victimes de violences conjugales. 

 

Ce qui change

Concrètement à partir de ce 15 novembre les victimes de violences conjugales, sexuelles et sexistes peuvent déposer plainte en dehors de l'hôtel de police ou d'une brigade de gendarmerie. "On peut juste faire un signalement sans déposer une plainte, précise le préfet qui indique que cela est suffisant pour que le parquet puisse engager des actions." En appelant le 17 les victimes se verront donc offrir immédiatement "le déplacement des policiers ou des gendarmes à leur domicile ou à dans un endroit qu'elles choisiront, là où elles le souhaitent, pour recueillir leur parole." détaille le représentant de l'Etat. A partir de ce jour policiers et gendarmes, préalablement formés, se déplaceront 24h/24 pour prendre les dépositions avec le matériel informatique pour garantir la même prise en charge que dans un commissariat. "Cela devrait permettre de libérer d'avantage la parole des victimes, selon François Ravier et ça va objectiver les faits", parce que il existe un vrai obstacle à franchir la porte d'un hôtel de police ou d'une brigade de gendarmerie pour déposer plainte.

La peur du jugement 

"La peur du jugement, la crainte d’être mal reçues, la peur d'aller au commissariat c'est ce qui dissuade souvent les victimes à dénoncer les violences conjugales" indique Florence Grilli, directrice du Centre d'Information des Droits et des Familles de Haute-Corse (CIDFF) qui se réjouit de cette expérimentation qu'elle définit comme "une nouvelle étape d'un long chemin qui allège les démarches des victimes tout en les mettant en confiance afin de libérer la parole et rompre le lien avec le auteurs de violence."

2 signalements par jour, plus de 700 par an

"L’idée de ce dispositif est d’alléger le plus possible les démarches et faciliter leur accès à la procédure et au système judiciaire" souligne la procureur de la République adjointe à Bastia, Stefanie Pradelle pour laquelle il est important que les victimes sachent que le service de police ou de gendarmerie qui se déplace "n’est pas là que pour prendre une plainte. Cela peut aussi un signalement."

En Haute-Corse deux signalements ou plaintes sont faits chaque jour par des victimes de violence. Entre janvier et octobre 2021 pas moins de 221 procédures de violence conjugale ont été ouvertes.

Lire aussi : Violences conjugales, en Haute-Corse policiers et gendarmes pourront se déplacer pour recueillir les plaintes des victimes