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Sisco : L'émotion est toujours palpable


le Lundi 15 Août 2016 à 21:27

L'émotion était toujours palpable ce lundi à Sisco, où depuis les affrontements de samedi soir les jeunes gens et leurs parents qui ont été blessés repassent en boucle, pour les mille et un médias qui les sollicitent, le film de la soirée. Les sollicitations sont aussi nombreuses pour Ange-Pierre Vivoni le maire de la commune depuis l'arrêté décidé la veille par le conseil municipal d'interdire le port de tous les ostentatoires religieux mais aussi de la burka dont l'annonce a fait le tour du monde des médias. Et la tension est toujours vive à travers tout le village où il est difficile de parler d'autre chose que des événements de samedi soir. Dans le même temps rien n'a transpiré de l'enquête que mène sur le terrain la section de recherches de la gendarmerie. En revanche les mouvements et les hommes politiques continuent de s'exprimer : Le MCD, le PCF, Pierre Simeon de Buochberge, la FSU Corse



Toujours la même tension au lendemain du rassemblement de Bastia
Toujours la même tension au lendemain du rassemblement de Bastia
MCD
 Les événements graves qui se sont produits sur la commune de Sisco appellent une condamnation ferme de notre part et notre soutien aux habitants de cette commune qui en ont été victimes.
Ces comportements violents qui, selon les témoignages emprunteraient au fondamentalisme religieux, sont sans précédents en Corse. Ils ont suscité une émotion légitime qui ne doit en aucun cas conduire à des débordements et encore moins à la mise à l'index de l'ensemble des corses d'origine maghrébine. C'est précisément cette dérive d'ordre raciste que recherchent les islamistes pour fragmenter notre société déjà bien fragilisée par les questions économiques et sociales. Nous appelons au contraire à l'apaisement et au dialogue entre tous les habitants de l'île, par delà leurs origines, leurs confessions ou leurs convictions politiques. Et nous demandons à la justice de faire toute la lumière sur les violences pour établir les responsabilités et en condamner les auteurs.
Mais ces événements ont aussi mis en exergue la nécessité de régler la question des signes religieux vestimentaires ostentatoires dans l'espace public. Le MCD propose qu'une réflexion s'engage en Corse comme dans l'ensemble du pays, afin de demander au gouvernement de faire respecter le principe de laïcité qui fonde le vivre ensemble dans notre pays depuis plus d'un siècle.
Cette question doit faire partie des sujets à débattre lors des assises organisées à la rentrée à la demande de l'ensemble des sensibilités de l'assemblée de Corse sur le thème : "En Corse : quel modèle de société et qu'elle appartenance citoyenne".
Les valeurs de démocratie, de liberté, de laïcité et de tolérance doivent être défendues au quotidien pour construire ensemble la société d'avenir que nous devons à nos enfants.


PCF
Les événements graves qui ont eu lieu ces deux jours mettent en relief le danger qui fissure à présent le lien social et déstructure la société.
Plus que jamais les valeurs républicaines essentielles, qui fondent le respect de tout être humain, quelles que soient ses origines, sa croyance ou son incroyance, doivent prévaloir.
La devise de Liberté d’Egalité de Fraternité comme la laïcité demeurent au cœur de cette affirmation le support intangible qui permettra de faire barrage à la haine, à la stigmatisation, aux affrontements et à la vengeance.
Le contexte national et international, après les attentats terroristes du groupe EI, donne à certains la justification d’actes ou de comportements inacceptables et condamnables du point de vue démocratique et absolument opposés au vivre ensemble.
C’est là le piège qu’il faut éviter en faisant triompher sur la barbarie la force de l’humanisme, la solidarité et la fraternité.


Pierre Simeon de Buochberg
D’abord, je voudrais exprimer ma totale solidarité avec les familles et nos jeunes, choqués par cette débauche de violence et ma compassion pour ceux qui ont subi des préjudices moraux et corporels lors de cette nouvelle tentative sournoise de déstabilisation de l’Unité du Peuple Corse. Mais ces événements nous obligent aussi à prendre la mesure des enjeux auxquels nous devons faire face.
Plus que jamais rappelons, pour commencer, que le droit à la différence ne peut trouver sa place que dans le cadre des Valeurs qui font l’unité de notre Peuple.
L’oublier fait le jeu de ce Régime lointain, dictatorial, mû par des valeurs de haine, qui se cache abusivement derrière une religion, pourtant fondée sur la tolérance et l’amour. Ayons conscience qu’il tire sa force en diffusant sans entrave l’idée que la mort serait plus jouissive et plus grande que notre respect de la vie !
Qu’on le veuille ou non, la diffusion de cette idée est une incitation à la haine et au crime. C’est notre responsabilité à tous – quelle que soit notre origine, culture ou religion - de la dénoncer avec la plus grande force, fermeté et solidarité.  
C’est là qu’il est impératif de rappeler au Monde la force que nous donnent nos valeurs, nous, qui avons été les Pères de la démocratie moderne il y a 250 ans et qui avons tant de fois montré la voie :
  • Face à la barbarie Allemande, pas un juif de Corse ne fut déporté, par refus du peuple Corse,
  • Notre Peuple a trouvé SEUL l’énergie de se libérer des Allemands en 1943, car il est solidairement et éternellement épris de Liberté
  • Les fondateurs de la République Corse nous ont laissé une Nation à la fois Laïque et multiconfessionnelle. Rappelons que Pasquale Paoli lui-même a accueilli juifs (il fonda pour eux le village de Levie) et musulmans pour montrer à la face du monde qu’il est possible de créer un modèle véritablement humaniste où les valeurs de fraternité permettent à tous les hommes de vivre en paix.
Mais à cette époque, la police de Paoli veillait et envoyait en exil quiconque commettait un outrage aux valeurs de la Corse naissante.
Observons ensuite la différence majeure entre notre Pays et la France continentale : en France on confie à 10.000 militaires supplémentaires le soin d’apporter à 65 Millions de citoyens la sécurité promise, mais elle ne se rappelle jamais tant la nécessité d’agir que le jour où la tragédie l’oblige à compter ses morts.
Dans notre île, nous ne voulons pas de cette approche trop simpliste qui ramènerait tout à un problème de sécurité. La sécurité devient le dernier rempart quand la bataille des valeurs est perdue. En Corse La défense de nos Valeurs appartient aux 300.000 Corses et c’est le devoir de chacun qui a choisi de vivre sur notre Terre.  Les élus sont aux côtés des citoyens pour organiser les moyens, les réseaux, la prévention de chaque instant. Et l’État aux cotés des élus pour ce qui relève de sa compétence.
Soyons forts et vigilants tous ensembles, musulmans, juifs, chrétiens et autres cultures de Corse, et refusons l’impardonnable loi du Talion qui est exactement ce que les quelques pyromanes mortifères espèrent générer pour nous diviser et nous affaiblir.
Une fois de plus nous avons rendez-vous avec l’histoire. Héritiers d’un modèle universel de Valeurs Humanistes sachons le faire respecter. Que chaque Corse en soit le gardien, est la réponse que nous adressons au monde entier.
Il est donc clair que le combat pour nos valeurs est inévitable. Mais c’est l’heure de rappeler que nous sommes insoumis depuis 2000 ans. Et face au danger venu d’ailleurs, la solidarité de toutes nos composantes culturelles n’a jamais été prise en défaut. Il nous appartient que cela dure.

FSU de Corse
Après l’effervescence du week-end,  il est peut être temps comme l’on fait de nombreux politiques de recommander un retour au calme et laisser la justice faire son travail.
Néanmoins, nous tenons à redire que dans notre pays, comme dans notre région, l’espace public  n’a pas à être pollué par une quelconque idéologie politique religieuse qui n’a rien à voir avec les écritures saintes. Nous vivons dans une république laïque, garante de la libre pensée de chacun comme de la libre opinion tant politique que confessionnelle. Tout le monde a le droit de croire ou ne pas croire, mais pour cela il y a l’espace privé ou les lieux de culte divers. Pour ce qui concerne l’espace publique ou la vie dans la cité, rien ne doit prévaloir ou s’imposer aux autres. Aucune idéologie ne doit se soustraire aux lois de la République, seules garantes de la protection des intérêts collectifs des populations dans la diversité de leur composante. Le communautarisme doit disparaitre au profit du vivre ensemble. L’égalité homme femme ne doit pas connaitre de recul et les lois républicaines , dans la sphère publique, doivent  s’appliquer à l’ensemble de la population de ce pays.
La FSU souhaiterait  et appelle l’ensemble des organisations  à la réactivation des CDAL (comité départemental d'action laïque), pour lutter contre les communautarismes et continuer à promouvoir les valeurs de fraternité, de solidarité et du  vivre ensemble dans le respect d’une laïcité non négociable.