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Santé en Corse : Core in Fronte monte au créneau


Julia Sereni le Lundi 25 Juillet 2022 à 17:35

Réunis en conférence de presse ce lundi 25 juillet, les élus de Core in Fronte alertent l’opinion publique sur la situation de la santé en Corse. Le mouvement demande à ce que l’île dispose de deux Tepscan, des équipements de détection et de suivi des cancers.



Les élus de Core in Fronte ont donné une conférence de presse ce lundi 25 juillet à l'Assemblée de Corse. Photo : Julia Sereni
Les élus de Core in Fronte ont donné une conférence de presse ce lundi 25 juillet à l'Assemblée de Corse. Photo : Julia Sereni
« C’est urgent », s’inquiète Véronique Pietri. Pour la conseillère territoriale Core in Fronte, la situation de la santé en Corse nécessite des décisions rapides. « Le contexte actuel, lié à la crise Covid, a mis en évidence d’importantes difficultés quant à l’accès aux soins et aux infrastructures médicales » explique-t-elle.
 
La santé est, pour l’élue, « une des préoccupations centrales des Corses, et particulièrement la lutte contre le fléau qu’est le cancer ». Première cause de mortalité avec 30% des décès, 1800 cas détectés chaque année, 840 décès répertoriés : « La Corse est au-dessus de la moyenne dans les statistiques des cancers », relève Paul-Félix Benedetti.

Toujours pas de Tepscan en Corse

Pour Core in Fronte, le nombre important de décès sur l’île est directement lié à « l’insuffisance en matière d’offre et d’équipements hospitaliers, conséquence de la politique d’assujettissement imposée par la France ». Ainsi, la Corse ne compte toujours pas de Tepscan, un équipement de détection et de suivi des cancers. « Alors que sur tout le territoire français l’équipement est de 1 Tepscan pour environ 400 000 habitants, que les DOM-TOM sont également équipés, il n’y a toujours rien pour la Corse », précise le leader de Core in Fronte.
 
L’absence de cet équipement crée, pour Véronique Pietri, une situation de renoncement aux soins pour de nombreux Corses. « Beaucoup de patients hésitent, sinon refusent de réaliser ce genre d'examen. Dans les raisons identifiées c’est bien l’impossibilité de se rendre dans les hôpitaux français qui en est la cause principale, au vu de l’état physique ou moral des patients », relate-t-elle. Résultat, le recours à l’examen serait « insuffisant de 50% » par rapport au besoin réel, selon Core in Fronte.

Une demande récurrente

Le mouvement nationaliste rappelle que la demande d’un Tepscan ne date pourtant pas d’hier. Le projet régional de Santé pour 2012-2016 réclamait déjà « l’analyse du besoin et de l’implantation en Corse d’un Tepscan ». Toutefois, celui en cours pour la période 2018-2023 ne prévoit « aucun résultat ni engagement ». En avril 2015,  le rapport de la commission COTERI (Comité technique régional de l’imagerie médicale), remis à l’Agence Régionale de Santé, « confirmait le besoin qualitatif et quantitatif d’équipement TEP ».
 
Plus récemment, en 2019, l’Assemblée de Corse a voté à l’unanimité une motion en ce sens, reprise par sénateur Jean-Jacques Panunzi dans un courrier adressé à la ministre de la Santé de l’époque. Ces initiatives sont, pour l'heure, restées sans effets.

Car l’implantation d’un tel équipement en Corse n’est pas sans poser des contraintes techniques importantes. « Cette technique d’imagerie nécessite l’injection d’un médicament radio-pharmaceutique à durée de vie courte qui doit être fabriqué par un cyclotron et livré chaque jour, voire deux fois par jour », indique Véronique Pietri. D’où un risque de rupture d’approvisionnement en cas de problème de transport.

Vers une solution technique ?

Mais ce problème serait en passe d’être solutionné par un « projet porté par le Groupement d’Intérêt Public du Service de scintigraphie de l’hôpital de Castellucciu et par un industriel développant un système de transport innovant et écologique pour le produit radio-pharmaceutique ». Ce projet aurait été présenté à l’ensemble des acteurs concernés, dont l’Exécutif, qui, selon Core in Fronte « pourrait agir dans ce dossier ».
 
À la lumière de ces nouveaux éléments, le mouvement nationaliste demande donc à ce que la Corse soit dotée « dans un temps court » de deux Tepscan, un à Ajaccio et un à Bastia, d’un bâtiment cyclotron et du système de transport permettant l’approvisionnement en produit pharmaceutique du deuxième appareil. Core in Fronte exige par ailleurs « un engagement ferme et décisif du Conseil Exécutif de Corse auprès du Ministère français des Solidarités et de la Santé et de son appendice, l’ARS » quant à la concrétisation de la motion votée par l’Assemblée de Corse. Enfin, il demande la « prise en compte par le Conseil Exécutif du projet du GIP ainsi que l’étude financière nécessaire à la réalisation d’un tel projet ». Selon ses concepteurs, son coût serait estimé à « environ 15 millions d’euros », sur sept ans.