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San Ghjisè à Bastia, une fête populaire et une archiconfrérie qui s'agrandit


JC le Lundi 17 Mars 2025 à 15:46

Chaque 19 mars, Bastia célèbre San Ghjisè, son saint patron, avec ferveur et tradition. L’archiconfrérie, toujours plus dynamique, accueille cette année de nouveaux membres et renouvelle ses officialités.



Gérard, Anthony, Jean -Dominique et Pierre -André, les nouveaux confrères ( de gauche à droite)
Gérard, Anthony, Jean -Dominique et Pierre -André, les nouveaux confrères ( de gauche à droite)

Le 19 mars est une date incontournable pour les Bastiais et bien au-delà. San Ghjisè, protecteur de la famille et des travailleurs, est fêté avec solennité tout au long du mois de mars, mais c’est bien cette journée qui en constitue le point culminant. Depuis des siècles, la ferveur autour de cette figure emblématique témoigne d’une foi profonde et d’un attachement indéfectible aux traditions culturelles insulaires, particulièrement ancrées dans le quartier éponyme.

L’archiconfrérie de San Ghjisè, accompagnée du père Pierre Bertoni, a animé la neuvaine préparatoire aux festivités. Chaque année, le quartier se pare pour accueillir fidèles et visiteurs, rassemblés autour d’une célébration qui mêle spiritualité et convivialité. Pour les San Ghjisippani, cette fête représente bien plus qu’un simple événement religieux : c’est un moment de communion, de partage et de fierté identitaire.

La journée du 19 mars est rythmée par une succession d’offices religieux débutant dès l’aube. À 9h, la messa di i Bancalari, célébrée en langue corse, incarne cette religiosité populaire chère au pape François. À 10h30, le cardinal François Bustillo présidera la messe solennelle, point d’orgue des festivités avant la procession de 16h qui conduira la statue du saint jusqu’à la pro-cathédrale Santa Maria. Enfin, un dernier office viendra clôturer la dimension spirituelle de la journée dans l’église San Ghjisè.

L’importance de cette fête se manifeste aussi par la forte mobilisation des confréries venues de toute l’île, toujours fidèles à l’invitation des organisateurs. À cela s’ajoutent les traditions qui perdurent, comme la préparation des panzarotti et la présence des artisans locaux, contribuant à faire de cette journée un temps fort du calendrier religieux et populaire bastiais.


Marine et Laurine
Marine et Laurine
L’archiconfrérie s’agrandit et renouvelle ses officialités
San Ghjisè ne serait pas aussi vivant sans l’engagement de son archiconfrérie. Forte de 54 membres, elle joue un rôle essentiel dans la vie spirituelle et sociale du quartier, assurant la transmission des valeurs de partage et d’entraide. Son dynamisme se manifeste aussi par l’accueil de nouvelles générations prêtes à prendre le relais. Le 15 mars, lors d’un office religieux célébré par le père Pierre Bertoni, quatre nouveaux confrères ont été intronisés : Jean-Dominique, Anthony, Pierre-André et Gérard. Jean-Dominique, 16 ans, est le plus jeune du groupe. Avec enthousiasme, il confie : "C’est une grande joie d’intégrer l’archiconfrérie. Je vais me donner à cent pour cent. Même si 'l’après pape' a intensifié l’implication des jeunes auprès du sacré, mon engagement vient d’un sentiment antérieur à la venue du Saint-Père, il est intime et constant."

Chaque année, l’archiconfrérie renouvelle ses officialités. Cette tradition repose sur le passage de relais entre prieures et sous-prieures, garantes de la vie de la confrérie. Cette année, ce sont Marine et Laurine, deux sœurs, qui ont été désignées pour assurer ces fonctions. Marine, nouvelle prieure, précise : "L’archiconfrérie a conservé ses valeurs originelles, elle n’est pas axée sur la modernité. Les femmes ne sont pas confrères, mais peuvent être prieures, nous sommes les officialités de l’année. Ici, il n’y a pas de différenciation sociale, tout le monde est pareil. Nous sommes très honorées de participer à la vie de notre confrérie, et nous allons prendre notre mission à cœur."

Parmi les figures incontournables de l’archiconfrérie, François Dalcoletto, qui en a été président durant 35 ans, assistait discrètement à l’intronisation des nouveaux confrères. Avec émotion, il glisse : "Je me suis donné corps et âme à cette archiconfrérie. Aujourd’hui, c’est merveilleux de voir des jeunes y entrer. La jeunesse, c’est notre avenir. Nous les accompagnerons au mieux. En tout cas, ils ont pris le chemin de ce qu’on devrait tous être, charitables envers son prochain. Ici, tous les San Ghjisippani sont confrères, du moins dans l’âme."