Saison touristique en Balagne : les professionnels du tourisme plutôt optimistes pour cet été

«L’essentiel, c’est que l’on fasse aussi bien que l’année dernière.» Juché à l’entrée de son restaurant de plage, Serge, également propriétaire d’un hôtel à Calvi depuis près de trente ans, se veut optimiste pour cette nouvelle saison estivale. Même si, pour Iwona, gérante d’un hôtel et d’une boutique du centre-ville de la cité Paoline, «la période d'avril et la quinzaine de mai ne sont pas très bonnes. J'espère qu'il y aura une reprise de l'activité d'ici fin juin.»

Mais peu importe, les commerçants balanins en sont persuadés : il y aura de quoi faire pour réaliser une saison aussi bonne que 2022. «L’avant-saison, c’est toujours particulier, ça commence lentement, on le sait. Il ne faut pas trop se plaindre, j’ai connu des saisons bien pires. 2023 sera aussi bon que 2022, il faut être optimiste.» confie Pierra, également propriétaire d’une paillote à Calvi.

Du côté des chiffres, les données de l’Agence du Tourisme de la Corse (ATC) font état dans leur treizième «Cahier Du Tourisme 2022» d’une très bonne saison. La Balagne, avec le Sud-Alta-Rocca, reste la région la plus attractive de l’île, avec un taux d’occupation des établissements liés à l’hébergement de 82 %. Iwona espère tout comme Serge réitérer les performances de l’année dernière : «L'année dernière, nous avons enfin retrouvé une activité d’avant Covid, la clientèle a été au rendez-vous. Pour cet été, nous avons un planning déjà bien rempli, ce qui présage quand même de très bonnes choses.» Même son de cloche du côté de Pascal, restaurateur île-roussien pour qui la saison dernière «fut très bonne, et notamment grâce aux multiples évènements qui se sont déroulés pendant toute la saison. Évidemment, ça nous permet d’attirer davantage de monde.»
 
Ce ne sont effectivement pas les concerts, festivals et autres événements qui manqueront pendant la saison sur tout le territoire balanin. Au total, ce sont plus d’une vingtaine de manifestations culturelles et musicales phares qui seront proposées aux touristes et aux locaux, avec bien entendu, les incontournables Calvi On The Rocks ou Festival du film à Lama. Un atout majeur et prépondérant. «Sur un événement comme Calvi On The Rocks par exemple, on voit le nombre notre clientèle explosée, tous les restaurants, les bars et paillotes travaillent.» explique Serge.
 

Si les prévisions laissent donc espérer de bonnes choses pour cet été, une nouvelle interrogation vient semer toutefois le trouble. En cause, ce que les professionnels du secteur appellent les «last minute». L’ATC rapporte que 45 % des hébergeurs estiment que les réservations de dernière minute sont en augmentation en 2022. Une situation constatée et confirmée par Iwona pour qui «ce genre de comportement est apparu après la période du Covid. Avant, ce n’était que très peu existant. La crise économique que nous traversons n’aide pas non plus». Un phénomène certes quelque peu déroutant, mais qui peut réellement constituer une opportunité selon Serge, «en appliquant une stratégie tarifaire pour l’avant et l’après-saison. Il faut proposer sur certaines semaines bien ciblées des offres qui d’une manière, vont attirer cette clientèle incertaine, qui très généralement ne connaît pas jusqu’au dernier moment sa destination de vacances. D’une potentielle faiblesse, on peut faire de ces last minute une réelle force en nous permettant de travailler plus longtemps, sur plusieurs mois.»

Une analyse que partage entièrement Pierra : «C’est vrai qu’il faudrait travailler sur ces périodes. Se déplacer en Corse est assez onéreux. Le mois de septembre est un très bon mois pour venir ici, même si ceux qui ont des enfants ne peuvent pas venir ici car les vacances sont terminées. Dans tous les cas, l’idée est bonne. Tout le monde dans la profession ne rêve que de ça, que la saison s’allonge.»