"Qui a dit que l’avenir de la SNCM pourrait être garanti par un projet industriel ambitieux, volontariste par ses investissements mais acceptable pour son coût social ? Qui a d’abord donné l’aval de l’Etat à ce projet ? Qui, peu de temps après, a accompagné le désengagement d’une partie importante de l’actionnariat, un désengagement qui laissait craindre la mort de l’entreprise, avec des conséquences sociales incalculables ? Qui a laissé croire que des repreneurs s’apprêtaient à entrer au capital de l’entreprise ? Et qui annonce, après douze jours d’une grève très pénalisante pour la Corse (mais annoncée, un mois avant, par un préavis intersyndical) que la seule solution était le redressement judiciaire ?
La réponse est dans le questionnement, c’est le ministre des transports en personne ! Et il vient de recevoir le soutien du Premier ministre ! Après avoir menti, ils avouent ! Comme certains apprentis sorciers insulaires qui, eux, le demandent ouvertement, ils veulent la disparition de la SNCM…
Comment, dès lors, peut-on dénoncer la colère sociale qui s’exprime en Corse et sur le continent ? Qui pourrait accepter, sans souffler mot, la destruction d’une grande entreprise et la perte de milliers d’emplois ? Comment une partie des victimes de cette catastrophe programmée, peut-elle s’en prendre aux victimes principales, les marins eux-mêmes, leurs familles et leurs syndicats ?
Les inscriptions menaçantes (CGT Fora !) et les dénonciations scandaleuses (« La CGT veut affamer la Corse ! ») sont, par essence, réactionnaires. Elles ont aussi un objectif : détourner la colère légitime des victimes économiques collatérales contre les premières victimes sociales, les personnels navigants et sédentaires, les entreprises sous-traitantes et leurs salariés.
On veut ainsi faire avancer la « solution miracle » tant espérée par les ultra-libéraux corses, la mort de la SNCM et la création d’une compagnie corse, financée par « l’argent corse » de la continuité territoriale (celui de la solidarité nationale !), et où le droit de grève serait pratiquement supprimé !
La boucle serait ainsi bouclée, et, qui plus est, la liquidation, qui risque fort de suivre le redressement judiciaire, pourrait être imputée à ceux qui en seraient les victimes !
Une grande confusion est en train de s‘installer sur fond de violences policières et d’une campagne anti syndicale d’une rare intensité. Mais l’enjeu de cette crise est stratégique pour l’emploi et pour l’avenir du service public des transports maritimes entre la Corse et le continent. Une sortie de crise négociée est absolument nécessaire. Elle est encore possible.
Le gouvernement est responsable de la situation qui s’est créée et qui menace gravement la cohésion sociale à différents niveaux. Il doit entendre la colère légitime des marins et celle, légitime également, de tous ceux qui subissent les conséquences de ce conflit majeur.
Il peut et doit organiser de véritables négociations sur la base des propositions de l’intersyndicale. Et prendre en considération les récentes propositions des élus marseillais. Il se doit de faire le geste politique qui s’impose, renoncer aux options qu’il a annoncées, et revenir aux engagements financiers qu’il avait pris. Le reniement de la parole donnée est une forfaiture. Le respect d’un engagement est toujours honorable."
----- Les douze signataires: Nicolas Alaris (Sartène), Etienne Bastelica (Ajaccio), Jean-Jacques Bartoli (Sollacaro), Viviane Biancarelli (PortoVecchio), Toussainte Devoti (Bastia), Marie-Jeanne Fedi (Vescovato), Paul Antoine Luciani (Ajaccio), Pierre Mariini (Scata), Francis Riolacci (Bastia), Josette Risterucci (Biguglia), Michel Stéfani (San Martino di Lota) Michel Tramoni (Bilia).
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Tous ceux qui veulent se joindre à ce texte émanant d’élus, résidents de différentes communes de Corse, peuvent contacter l’un des signataires, ou écrire à l’une des deux fédérations du Parti communiste français.