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Retraites : les avocats de Corse "vent debout contre la réforme"


Victoria Leonardi le Vendredi 24 Janvier 2020 à 13:36

En grève depuis le 6 janvier contre la réforme des retraites, ce 24 janvier les avocats corses ont manifesté une fois de plus leur mécontentement.
Si à Ajaccio les membres du barreau de la cité impériale ont jeté des codes civils et accroché leurs robes noires aux grilles de la préfecture en signe de protestation, à Bastia, lors de la prestation de serment de cinq nouveaux avocats à la cour d'appel, les deux bâtonniers, Julia Tiberi et Jean-Paul Eon, n’ont pas caché leur inquiétude.
Et après les propos « tenus pas le Premier ministre ce vendredi » ils ne comptent pas en rester là.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
La réunion à Matignon avec le Conseil national des barreaux a acté une nouvelle fois les désaccords entre les avocats et le gouvernement sur le projet de réforme des retraites. L'Assemblée générale du CNB décidera samedi des suites du mouvement.
En Corse ce 24 janvier, au cours de la troisième semaine de protestations, les avocats ont accroché leurs robes noires à la grille de la préfecture d'Ajaccio avant de jeter des copies du code civil dans l'enceinte de cette antenne de l'Etat.
"Les avocats restent mobilisés. On est vent debout contre cette reforme des retraites pour plusieurs raisons. - affirme maitre Julie Tiberi, bâtonnière du tribunal d'Ajaccio que nous avons contactée en marge de la prestation de serment de cinq nouveaux avocats à la cour d'appel de Bastia. 
" D'une part on considère que cette reforme est très injuste et mortifère parce que elle va conduire à la mort économique d'une partie de la profession. Avec ce projet entre un tiers et la moitié des cabinets disparaitrait et derrière ces fermetures se cache la casse sociale parce que les avocats emploient des personnels. "

Des déserts judiciaires

Le deuxième grande conséquence de cette reforme - souligne la bâtonnière - c'est un manque réel d'accès au droit et à la justice pour une grande partie de la population.
"Surtout en Corse, où il y a déjà une cassure sociale et numérique et qui est la région la plus pauvre de France, cette reforme créera des véritables déserts judiciaires dans la mesure où ce sont les petits et moyens cabinets qui sont destinés à disparaitre et sont ceux qui habituellement s'occupent des gens qui ont l'aide juridictionnelle , qui s'occupent des ceux qui n'ont pas beaucoup de moyens, ceux qui font les consultations gratuites, les permanences pénales et il va y avoir un réel problème d'accès au droit et à la justice pour les plus démunis, isolés et fragiles. "

Après avoir pris connaissance de la réponse "pas du tout satisfaisante" du Premier ministre, Me Tiberi a affirmé "qu'il y a des chance pour que la que la profession s'oriente vers une poursuite de la grève".