C’est, donc, le dernier compte administratif de la mandature. Ce document comptable, qui est le miroir de la santé financière de la collectivité, est, pour l'opposition, le document politique par excellence, plus important que le budget primitif car il met en exergue toutes les faiblesses de la gestion et dégage des tendances. C’est dire si celui examiné, jeudi en session, pour l’exercice 2014, a été épluché, analysé, décortiqué, critiqué… éreinté par l’opposition qui a fait feu de tous bois. Ce qui n’a pas été du goût du président de l’Exécutif, Paul Giacobbi, déjà perturbé par l’article du Canard Enchainé sur les emplois fictifs de la CTC et la flambée des embauches (cf article par ailleurs). La majorité a été obligée de monter au créneau pour défendre son bilan et attaquer, à son tour, la précédente mandature de droite.
Ce fut, pendant quatre heures, une bataille de chiffres, totalement absconse pour le profane, et de mots parfois déplacés. La gauche Giacobbiste s’est livrée à une explication de texte, remontant parfois à Mathusalem, sur l’air habituel de « c’était pire avant, sous la précédente mandature ! On a fait mieux ! ». Et en entendant donner une leçon budgétaire à l’opposition accusée de ne pas savoir lire et de faire des erreurs d’interprétation !
Un Exécutif satisfait
C’est Paul Giacobbi, qui donne le ton, en affichant une satisfaction totale sur le bilan de l’exercice et de sa mandature. « Je ne sais pas s’il y a beaucoup de collectivités de France qui sont susceptibles de présenter un tel compte ! Je l’espère ! Pour ma part, je suis heureux de le présenter. Nous avons investi, réduit les recours à l’emprunt, amélioré les ratios d’épargne, maintenu un bon niveau d’investissement et réduit les dépenses de fonctionnement ». Sur la grosseur de la dette fustigée par l’opposition, il se défausse, en partie, sur l’héritage précédent : « Je suis étonné quand on nous reproche notre dette. Je revendique 30% de la dette ; sur 70 %, je n’y suis pour rien ! Je ne comprends pas qu’on explique que nous sommes en faillite, que rien ne va plus, que la gestion précédente était meilleure… Pourquoi 30% d’emprunt serait plus grave que 70% et que les emprunts toxiques de la mandature précédente ! J’ai du mal à comprendre ! Dire, en plus, que notre capacité de désendettement est dramatique, que dire, alors, du reste de la France et de la Corse ! ».
Une situation irréversible
L’opposition débute l’offensive avec ses ferrailleurs habituels sur le budget, Jean Biancucci pour Femu a Corsica, et Marie-Antoinette Santoni-Brunelli pour Rassembler pour la Corse, qui, d’emblée, préviennent que la comparaison avec la mandature précédente n’excuse rien et ne dispense pas de critiques. « Le compte administratif met en exergue des tendances lourdes et préoccupantes. La situation est difficile, voire irréversible. Notre avenir est impacté durablement. Tenant compte de la fragilité des ressources, des 107 millions € d’emprunts toxiques et de la croissance exponentielle du taux d’intérêt, la gestion de la CTC deviendra, quelques soient les gouvernants, difficile, voire acrobatique... Avec un fonds de roulement très faible, une dette qui est proche des sommets possibles, des dépenses réelles de fonctionnement plus dynamiques que les recettes réelles de la même section, des agences et offices budgétivores qui absorbent plus de la moitié du budget de fonctionnement de la CTC, un taux de rigidité des charges structurelles qui atteint des records, nous pouvons nous poser la question de savoir, si un jour, nous serons en mesure de faire face à tous les défis que nous devons affronter en matière économique, sociale et environnementale », dénonce l’élu nationaliste.
Pas d’évaluation !
« Ce n’est pas simple d’être à la place du président de l’Exécutif », ironise, à sa suite, l’élue de droite qui tacle « la régression des investissements sous maître d’ouvrage de la CTC » et le poids de la dette « Nous avons la plus grosse dette pluriannuelle qui avoisine le milliard d’euros ». Marie-Antoinette Santoni-Brunelli, qui avait été prise à partie le matin même par Paul Giacobbi suite à sa citation dans l’article du Canard Enchainé, revient sur le sujet : « Je tiens à dire aux personnes des agences et offices qu’à aucun moment, je n’ai parlé d’emplois fictifs pour la bonne raison que je ne sais pas s’il y en a, je n’ai pas les moyens de le savoir ! ».
L’opposition fustige, ensuite, de concert, l’incapacité de l’Exécutif à mettre en place une réelle politique d’évaluation des politiques publiques de la CTC. Pour Jean Biancucci, la CTC « est incapable de savoir et de mesurer ce qu’elle a fait des deniers publics depuis 2010. En Corse, l’évaluation des politiques publiques est un leurre, elle n’existe pas ! Il faudra bien qu’un jour des élus responsables veillent à ce qu’elle devienne une réalité ».
Une contrattaque groupée
Face aux attaques, la gauche serre les rangs et monte, comme un seul homme, au créneau pour défendre le bilan de la mandature. Elle juge, au contraire, que le compte administratif témoigne d’un bon bilan, eu égard au contexte général de crise et de baisse des dotations publiques. Et renvoie la balle dans le champ de l’ancienne mandature libérale dont elle dissèque les résultats. Pascaline Castellani, présidente du groupe La Gauche Républicaine, dégaine la première, répondant aux allégations de gabegie contenues dans l’article du Canard Enchainé : « La gabegie doit s’appliquer au gouvernement de droite quand il était au pouvoir ! Je tiens à dire que les Républicains en Corse sont à gauche ». Puis, elle s’en prend à Marie-Antoinette Santoni-Brunelli, dénigrant la pertinence de son intervention et de ses critiques. Ce que l’élue de droite n’accepte pas !
Une belle unanimité
Le président de la Commission des finances et président du groupe Corse Social Démocrate, Antoine Orsini, lui emboîte le pas et tacle « Les gens qui brillent par leur absence en commission, qui préfèrent s’exprimer dans les colonnes des journaux, ceux qui emploient des poncifs surannés, ceux qui se livrent à des propos sur la gabegie… » Pour lui, il y a bien une mauvaise gestion, mais pas là où l’on pense. Il se livre à un torpillage en règle du bilan financier de l’ancienne mandature et conclut que « le compte administratif 2014 montre le volontarisme de l’Exécutif dans la conduite des politiques publiques, le courage et la responsabilité de faire baisser, de manière significative, les dépenses de fonctionnement ». Fanfan Dominici, nouvel élu du groupe Socialistes et radicaux, tente de démontrer que les critiques chiffrées de l’opposition proviennent d’une interprétation erronée, abusive ou sélective des données fournies par le document. La réserve prudente de Michel Stefani, élu du Front de gauche, rompt un peu cette belle unanimité : « Nous avons abordé ce document dans un état d’esprit objectif. Nous avons des interrogations, mais nous avons tenu compte des contraintes dues à la crise auxquelles est confrontée la CTC ».
18 voix contre
Le vote du compte administratif ne réserve aucune surprise. Comme d’habitude, les 11 élus de Femu a Corsica, l’élu d’U Rinnovu et les élus de droite présents votent contre. La majorité de gauche vote pour. Corsica Libera s’abstient. Le compte est adopté par 23 voix pour, 18 voix contre et 2 abstentions. En juillet, sera examiné le budget supplémentaire.
N.M
Ce fut, pendant quatre heures, une bataille de chiffres, totalement absconse pour le profane, et de mots parfois déplacés. La gauche Giacobbiste s’est livrée à une explication de texte, remontant parfois à Mathusalem, sur l’air habituel de « c’était pire avant, sous la précédente mandature ! On a fait mieux ! ». Et en entendant donner une leçon budgétaire à l’opposition accusée de ne pas savoir lire et de faire des erreurs d’interprétation !
Un Exécutif satisfait
C’est Paul Giacobbi, qui donne le ton, en affichant une satisfaction totale sur le bilan de l’exercice et de sa mandature. « Je ne sais pas s’il y a beaucoup de collectivités de France qui sont susceptibles de présenter un tel compte ! Je l’espère ! Pour ma part, je suis heureux de le présenter. Nous avons investi, réduit les recours à l’emprunt, amélioré les ratios d’épargne, maintenu un bon niveau d’investissement et réduit les dépenses de fonctionnement ». Sur la grosseur de la dette fustigée par l’opposition, il se défausse, en partie, sur l’héritage précédent : « Je suis étonné quand on nous reproche notre dette. Je revendique 30% de la dette ; sur 70 %, je n’y suis pour rien ! Je ne comprends pas qu’on explique que nous sommes en faillite, que rien ne va plus, que la gestion précédente était meilleure… Pourquoi 30% d’emprunt serait plus grave que 70% et que les emprunts toxiques de la mandature précédente ! J’ai du mal à comprendre ! Dire, en plus, que notre capacité de désendettement est dramatique, que dire, alors, du reste de la France et de la Corse ! ».
Une situation irréversible
L’opposition débute l’offensive avec ses ferrailleurs habituels sur le budget, Jean Biancucci pour Femu a Corsica, et Marie-Antoinette Santoni-Brunelli pour Rassembler pour la Corse, qui, d’emblée, préviennent que la comparaison avec la mandature précédente n’excuse rien et ne dispense pas de critiques. « Le compte administratif met en exergue des tendances lourdes et préoccupantes. La situation est difficile, voire irréversible. Notre avenir est impacté durablement. Tenant compte de la fragilité des ressources, des 107 millions € d’emprunts toxiques et de la croissance exponentielle du taux d’intérêt, la gestion de la CTC deviendra, quelques soient les gouvernants, difficile, voire acrobatique... Avec un fonds de roulement très faible, une dette qui est proche des sommets possibles, des dépenses réelles de fonctionnement plus dynamiques que les recettes réelles de la même section, des agences et offices budgétivores qui absorbent plus de la moitié du budget de fonctionnement de la CTC, un taux de rigidité des charges structurelles qui atteint des records, nous pouvons nous poser la question de savoir, si un jour, nous serons en mesure de faire face à tous les défis que nous devons affronter en matière économique, sociale et environnementale », dénonce l’élu nationaliste.
Pas d’évaluation !
« Ce n’est pas simple d’être à la place du président de l’Exécutif », ironise, à sa suite, l’élue de droite qui tacle « la régression des investissements sous maître d’ouvrage de la CTC » et le poids de la dette « Nous avons la plus grosse dette pluriannuelle qui avoisine le milliard d’euros ». Marie-Antoinette Santoni-Brunelli, qui avait été prise à partie le matin même par Paul Giacobbi suite à sa citation dans l’article du Canard Enchainé, revient sur le sujet : « Je tiens à dire aux personnes des agences et offices qu’à aucun moment, je n’ai parlé d’emplois fictifs pour la bonne raison que je ne sais pas s’il y en a, je n’ai pas les moyens de le savoir ! ».
L’opposition fustige, ensuite, de concert, l’incapacité de l’Exécutif à mettre en place une réelle politique d’évaluation des politiques publiques de la CTC. Pour Jean Biancucci, la CTC « est incapable de savoir et de mesurer ce qu’elle a fait des deniers publics depuis 2010. En Corse, l’évaluation des politiques publiques est un leurre, elle n’existe pas ! Il faudra bien qu’un jour des élus responsables veillent à ce qu’elle devienne une réalité ».
Une contrattaque groupée
Face aux attaques, la gauche serre les rangs et monte, comme un seul homme, au créneau pour défendre le bilan de la mandature. Elle juge, au contraire, que le compte administratif témoigne d’un bon bilan, eu égard au contexte général de crise et de baisse des dotations publiques. Et renvoie la balle dans le champ de l’ancienne mandature libérale dont elle dissèque les résultats. Pascaline Castellani, présidente du groupe La Gauche Républicaine, dégaine la première, répondant aux allégations de gabegie contenues dans l’article du Canard Enchainé : « La gabegie doit s’appliquer au gouvernement de droite quand il était au pouvoir ! Je tiens à dire que les Républicains en Corse sont à gauche ». Puis, elle s’en prend à Marie-Antoinette Santoni-Brunelli, dénigrant la pertinence de son intervention et de ses critiques. Ce que l’élue de droite n’accepte pas !
Une belle unanimité
Le président de la Commission des finances et président du groupe Corse Social Démocrate, Antoine Orsini, lui emboîte le pas et tacle « Les gens qui brillent par leur absence en commission, qui préfèrent s’exprimer dans les colonnes des journaux, ceux qui emploient des poncifs surannés, ceux qui se livrent à des propos sur la gabegie… » Pour lui, il y a bien une mauvaise gestion, mais pas là où l’on pense. Il se livre à un torpillage en règle du bilan financier de l’ancienne mandature et conclut que « le compte administratif 2014 montre le volontarisme de l’Exécutif dans la conduite des politiques publiques, le courage et la responsabilité de faire baisser, de manière significative, les dépenses de fonctionnement ». Fanfan Dominici, nouvel élu du groupe Socialistes et radicaux, tente de démontrer que les critiques chiffrées de l’opposition proviennent d’une interprétation erronée, abusive ou sélective des données fournies par le document. La réserve prudente de Michel Stefani, élu du Front de gauche, rompt un peu cette belle unanimité : « Nous avons abordé ce document dans un état d’esprit objectif. Nous avons des interrogations, mais nous avons tenu compte des contraintes dues à la crise auxquelles est confrontée la CTC ».
18 voix contre
Le vote du compte administratif ne réserve aucune surprise. Comme d’habitude, les 11 élus de Femu a Corsica, l’élu d’U Rinnovu et les élus de droite présents votent contre. La majorité de gauche vote pour. Corsica Libera s’abstient. Le compte est adopté par 23 voix pour, 18 voix contre et 2 abstentions. En juillet, sera examiné le budget supplémentaire.
N.M