Lettre de Pierre Farel aux candidats aux municipales d’Ajaccio
Mesdames et Messieurs les candidats nous attendons de voir si certains d'entre vous peuvent s'engager et par la suite tenir leurs promesses. Le rêve est encore gratuit, profitons en.... !
L'art et la culture appartiennent au peuple, et un peuple sans culture est voué à la mort...
Ayant toujours été conscient du fait qu'il faut savoir transmettre et aider, je n'ai jamais hésité à aider les jeunes artistes. De nos jours de nombreux jeunes artistes corses sont à 2 doigts de la précarité.
Certains, pourtant très talentueux ont fait le choix de vie difficile d'artiste et aucune institution culturelle, régionale, départementale ou municipale ne se soucie d'eux. Il n'est jamais trop tard pour trouver des solutions.
Le conseil général de Haute-Corse organise depuis quelques années un concours réservé aux artistes Corses, je fais partie des membres du jury et tous les ans, 2 ou 3 artistes insulaires sont récompensés financièrement.
On ne peut que leur dire bravo. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même à Ajaccio ?
Pourquoi ne pas acheter tous les ans 1 œuvre à 2 ou 3 artistes, afin de constituer un fonds municipal d'art qui pourrait être présenté dans une salle du musée Fesch ou dans une autre? Si cela avait été mis en place depuis 20 ans ont aurait 60 œuvres d'artistes vivant et travaillant en Corse... Un vrai petit musée.
Pourtant, selon le ministère de la Culture, il y une obligation de décoration des constructions publiques, plus communément dénommée les « 1% artistique ou culturel » qui est une procédure spécifique de commande d'œuvres d'art à des artistes. Elle impose aux maîtres d'ouvrages publics de réserver un pour cent du coût de leurs constructions pour la commande ou l'acquisition d'une ou plusieurs œuvres d'art spécialement conçues pour le bâtiment considéré.
Depuis 27 ans je n'ai jamais eu l'occasion d'être convoqué avec les autres artistes, qu'ils soient peintres, sculpteurs, musiciens, chanteurs, acteurs etc, par les responsables culturels de la corse.
Certains diront que leurs petits amis l'ont certainement été, mais ne polémiquons pas...
Quand est-ce qu'un responsable culturel comprendra que les acteurs du même nom sont ceux qui font partie intégrante de leur ville, département et région. Quand on prend un poste de la sorte, on décide d'aller visiter tous les ateliers, tous les lieux de créations, de répétition et toutes les associations qui tournent autour du monde de l'art. On ne peut se permettre de juger le travail de ces artistes, car on se doit au respect vis à vis d'un choix professionnel souvent admirable. Est-ce qu'il faut vraiment penser que cela tient de l'utopie ???
Personnellement, cela me désempare et je ne cesse de voir des jeunes talents me dire que finalement, il vaut mieux quitter la Corse, car ils n'arriveront jamais à rien ici … C'est dramatique de penser que l'on parle de budget pharaonique pour un parking qui ne prouve en rien sa véritable utilité, sauf de mettre dans l'embarras sur plusieurs années tous les commerçants qui l’entourent, et qu'un lieu comme la citadelle ne fait vraiment pas partie des priorités. Cette citadelle, bientôt nommée l 'Arlésienne, pourrait amener un village dans la vieille ville où les artistes, artisans d'art, musiciens, acteurs pourraient s'exprimer et vivre, avec des ateliers, des lieux de répétition et d'exposition, du street art, mais aucun véritable projet ne voit vraiment le jour.
De nombreuses associations d'artistes de tout horizon seraient prêtes à organiser des festivals d'art ou de musique, mais quand on connait la difficulté d’organisation et de prise en charge une année sur l'autre des budgets par les différentes institutions, toutes ces associations sont découragées, car elles n'ont jamais les bons interlocuteurs, ni personne pour les aider dans leur projet.
Mesdames et Messieurs les candidats au poste de futur maire, écoutez les artistes, ne les prenez plus pour des farfelus, vous avez la possibilité de venir à leur rencontre au salon Popularte au Hussard à la Caldaniccia ce week-end, alors nous comptons sur vous pour les écouter et pour leur faire des propositions, qui croyez le, occuperont toute leur attention. N'oubliez pas les « 1% culturel » et prévoyez peut être une belle fresque dans ce fameux futur parking...
Nous saurons vous rappeler devant la presse que vos promesses doivent être tenues...
Les jeunes artistes Corses cumulent souvent les galères et les dettes, car eux ne savent pas comme les hommes politiques cumuler les mandats...
Pierre FAREL