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Plus de 3 000 personnes à la marche silencieuse de L'Ile-Rousse en hommage à Julie


Jean-Paul-Lottier le Samedi 9 Mars 2019 à 16:14

C'est en présence de toute la famille et de son fils ainé Luccas (10 ans) que s'est déroulée la marche silencieuse en hommage à Julie Douib, lâchement assassinée à son domicile de L'Ile-Rousse le dimanche 3 mars. Plus de 3 000 personnes, dont certaines habillées d'un tee-shirt au nom de Julie et une rose blanche à la main, ont effectué dans le silence le parcours qui s'est terminé dans le calme et la dignité avec des remerciements du père et du frère de Julie avant un dernier geste, celui d'un dépôt de roses blanches en mer et emportées vers le large, synonyme d'adieu



Reportage photos Jean-Paul .Lottier (Droits réservés)
Reportage photos Jean-Paul .Lottier (Droits réservés)


Un immense voile de tristesse a enveloppé la cité paoline depuis ce maudit dimanche 3 mars où, sans se méfier et ce malgré ses craintes, Julie à ouvert la porte de son appartement pour se retrouver face à son ex concubin qui de deux balles de 9 mmm lui a ôté la vie, laissant deux enfants de 8 et 10 ans, Anthony et Luccas, orphelins de leur maman.
Ce samedi 9 mars, une marche silencieuse était organisée en hommage à cette maman assassiné, la 30e au niveau national depuis le début de l'année.


Au lendemain de cet assassinat, la polémique s'est installée et au fil des jours s'est développée.
"Tout le monde savait mais rien n'a été fait pour protéger et sauver Julie" accusent la famille et proches.
La famille qui,  aujourd'hui demande des comptes et veut que la vérité éclate et que justice soit faite.
Mais, en ce samedi 9 mars, c'est un appel au calme qui a été lancé et entendu de tous. L'heure était au recueillement.
Une seule banderole avec le portrait de la victime et ces simples mots  "Marche silencieuse pour Julie".
Derrière cette banderole, le fils ainé de Julie, Luccas, 10 ans, très courageux. Un vrai petit  bonhomme, entouré de ses camarades et de la famille.

" Ça va bouger pour toi Julie. On va se battre, justice sera faite"

Avant que cette marche ne démarre, Lucien , le papa de Julie, Violetta, la maman, Hélène, la tante, Jordan, le frère et quelques proches ont tenu à monter au 2e étage de l'appartement de Julie, résidence de la Mer pour y déposer quelques roses blanches.
Au pied de l'immeuble, la voiture de Julie est toujours là, stationnée comme pour dire "elle va revenir, l'ouvrir et prendre le volant".
Hélas, ce destin parfois si cruel en a décidé autrement. Julie ne reviendra plus mais, elle est toujours là, dans les cœurs de ses amies.
Sa beauté, son sourire, sa gentillesse, sa force de se battre, son amour pour ses enfants, la Corse qu'elle adorait, et où elle pensait avoir trouvé le bonheur, sont présents  dans l'esprit de tous.
Difficile de croire qu'elle ait pu partir ainsi, sans dire au-revoir.
Aujourd'hui, un ange est parti vers le ciel. De la haut, elle veille sur ses enfants adorés, sur sa famille  rongée par la douleur.

C'est pour elle que tous ont voulu être là ce samedi, pour lui rendre cet hommage qu'elle méritait.
Julie est morte parce qu'elle aimait la Corse et qu'elle ne pouvait envisager de partir, de quitter ses amis (ies).
Tous étaient là en ce 9 mars.
Il était 14h15 lorsque la foule immense se plaçait derrière la banderole, des enfants et la famille pour se rendre de la résidence au centre-ville, en passant par des endroits où Julie aimait traîner, papoter avec les copines, admirer le paysage.
Envahi par l'émotion, Lucien, le papa, pose sa main droite sur le portrait de sa fille et la voix chargée de sanglots promet: " ça va bouger pour toi Julie. On va se battre, justice sera faite".


Les représentants des clubs sportifs de Balagne présents

Nombreux sont ceux à enfiler un tee-shirt blanc mis à disposition avec pour seule inscription "Julie". Des roses blanches sont également distribuées. Difficile dans cette atmosphère pesante de retenir ses larmes.
Sur le passage, on note la présente des équipes de football de la J.S. Monticello et de Santa Reparata qui devaient s'affronter et qui ont retardé le coup d'envoi, tout simplement parce qu'ils voulaient être là, par solidarité, aux côtés de la famille, aux côtés des licenciés du Football Club Balagne ou encore du Karaté Club de l'Ile-Rousse où Anthony et Luccas sont licenciés.
On notait aussi la présence de nombreux maires et élus de Balagne, de François Tatti, président du Syvadec et bien d'autres.
Tous se sont sentis concernés par ces drames, ces actes de violence  qui gangrène notre société.
Tous étaient là pour dénoncer ce fléau, en espérant une prise de conscience de tous.
Au passage du cortège, la quasi totalité des commerces et établissements ont fermé leurs portes par signe de solidarité.
Lorsque la tête de la manifestation est arrivée à son point final, des centaines de personnes étaient encore au pied de la résidence, distante de plusieurs kilomètres.
On pouvait estimer  la foule à plus de 3 000 personnes.

Le frère et le père de Julie se sont exprimés

Toujours très digne, malgré la douleur, sur la place Paoli, c'est tout d'abord Jordan, le frère de julie qui, le visage dans ses mains, trouvait la force de prendre la parole: " Juste quelques mots pour vous dire un grand merci de votre présence, de votre soutien. Merci pour elle, merci pour les petits. Merci pour ce combat. Je compte sur tout le monde pour sa mémoire, pour sa force. Que la vérité soit faite, que le coupable paie ce qu'il mérite. Que justice soit faite et que ça serve au moins à quelque chose, au moins à quelqu'un. Merci à tout le monde, merci. Juste un dernier mot: on sait que vous êtes avec nous. Une livre de condoléances est à votre disposition au pied de l'église.".

De longs applaudissements suivaient, avant l'intervention du papa qui  envoyait des baisers en direction de la foule,  pour la remercier avant d'ajouter:
" Mesdames, n'hésitez pas, bougez, faites bouger tout ce qu'il y a autour. Ce n'est pas normal ce qui vient d'arriver. Il y a une justice, j'y crois mais ce n'est pas normal d'en arriver là pour pouvoir juger ce genre de personne. Mesdames, battez vous et je vous remercie encore une fois de lui avoir donné le courage de rester là. C'est grâce à vous".
Ultime geste avant la dislocation, celui de la famille et des amis qui se sont rendus ensemble à la plage pour lancer en mer des roses blanches, aussitôt emportées vers le large.
Enfin, avant de quitter la place Paoli, Lucien, le papa a renouvelé l'appel à toutes ces femmes battues. Et de poursuivre: " Cet hommage rendu à Julie, c'est beaucoup d'émotion. Une fois encore je remercie tous ses amis (ies) qui ont été présents lorsqu'elle avait besoin d'eux. Je remercie tout le monde pour lui avoir donné envie de rester là. La Corse c'était sa vie. Elle est venue là il y a 13 ans et elle ne voulait pas envisager autre chose. Lorsqu'elle a été mise à la porte par son ex-concubin, elle a décidé de faire face, de se battre. Elle n'arrêtait pas de dire que sa vie était ici, pour elle mais aussi pour ses enfants. Ses enfants, c'était toute sa vie, c'était aussi pour eux qu'elle se battait. Nous lui avions dit de rentrer sur le continent, elle a toujours refusé.
La colère, oui je l'ai en moi. J'espère que la justice fera son travail pour que je puisse me libérer de ce poids. Depuis le mois d'octobre dernier, je suis souvent venu la voir. Elle ne voulait pas tout dire mais je savais. Il y a eu des menaces mais jamais je n'aurai pensé qu'il puisse en arriver là. Je pensais qu'au moins pour ses enfants, il saurait les protéger
."
Pour l'heure, concernant la garde des  enfants, les parents sont dans l'attente d'une décision de justice.
En attendant, Anthony et Luccas qui sont scolarisés à Monticello devraient reprendre le chemin de l'école.

L'inhumation de Julie a eu lieu la veille à Monticello dans la discrétion (voir par ailleurs).

La marche silencieuse. Photos JP Lottier. Droits réservés