Vous montez sur scène ce vendredi à Erbalunga. Que représente une date comme celle-ci, en Corse, dans une tournée ?
C’est toujours un moment très particulier quand je viens chanter en Corse, et ça l’est d’autant plus qu’Erbalunga et Bastia sont des moments clés dans la vie de ma famille. Ma mère est née à Ajaccio, mais elle a grandi à Bastia, et elle m’a autant parlé d’Erbalunga que de sa petite maison à côté de la rue Fesch. L’an dernier, je suis monté sur scène à Erbalunga avec Christophe Mondoloni, pour faire une surprise à Claudio Capéo, on avait fait une petite mise en scène. Je n’y avais encore jamais été, et les organisateurs m’ont invité à participer cette année. Je suis très heureux, mon équipe aussi, d’autant que je suis l’office de tourisme de la Corse à moi tout seul ! (rires) Quand je me déplace aux quatre coins du monde, je parle de la Corse comme si c'était la plus belle femme du monde, et je crois qu'elle l'est, donc je suis fier de chanter chez moi et d'emmener toute mon équipe avec qui on vient de faire 98 zéniths. Je vais enfin pouvoir venir chanter dans cet endroit dont tous les artistes insulaires et les artistes du continent me parlent depuis longtemps.
Entre un festival en plein air et un concert dans une salle ou un zénith, le lien avec le public est-il différent ? Comment abordez-vous cette date ?
Non, ça ne change pas le lien, c’est juste que c’est en plein air. Il faut simplement réadapter un petit peu son groupe de chant, parce qu’il y a des choses, dans des endroits clos comme les grandes salles, qui se passent différemment et dont il faut tenir compte, comme les éclairages ou le son. Quand on a un spectacle un peu théâtralisé sur scène, avec des mouvements, des cubes, un décor, il faut penser à deux kits : un kit pour le zénith et un kit pour le festival. Mais ça, c’est quelque chose que je connais depuis longtemps, donc il n’y a pas de rupture dans le lien, pas du tout. D’ailleurs, pour ceux qui viendront au festival, le spectacle auquel ils vont assister ne sera pas le même que dans les zéniths. On restera dans la même trame mais je vais ajouter des chansons, ou alors je vais trouver d'autres idées pour être attractif et faire plaisir aux gens.
Vous êtes très attaché à vos racines. Monter sur scène en Corse a-t-il une saveur particulière, un enjeu différent ?
Toujours, et je crois même que c’est plus stressant qu’ailleurs. En règle générale, il y a toujours des membres de ma famille, et peut-être qu’ils sont un peu plus dans le jugement, parce qu’ils me connaissent bien et qu’ils savent que, sur tel ou tel passage, j’aurais pu faire mieux, ou alors ma mère va me dire : “Quoi, tu as mis cette chemise ?” (rires) Voilà, ce sont des petites choses comme ça, mais ça crée une pression supplémentaire. Mais en même temps, jouer en Corse, c’est un vrai bonheur. Et comme je sais que ma famille du côté de Bastia va venir, et que ceux d’Ajaccio vont sans doute faire le déplacement aussi, c’est une belle occasion de se retrouver. Et puis, je vous promets quelques petites surprises… Vous savez, je suis un garçon de partage, et comme je chante à Erbalunga, je sais que ce n’est pas très loin de certains chanteurs et certaines chanteuses. Il y aura donc quelques chanteurs qui viendront prêter leur voix !
Vous allez présenter votre dernier album, Le chant est libre. Pourquoi ce titre ?
Le chant est libre, c’était un titre important pour moi, parce qu’on associe toujours le chant à un métier, à une profession très sérieuse, mais je connais plein de gens qui chantent sous la douche, dans leur salon, ou simplement parce qu’ils en ont envie. Souvent, on abandonne ce qu’on aime à cause des responsabilités de la vie. On déménage, on a des enfants, on prend un autre chemin… Et on laisse de côté ce qu’on aime profondément : la danse, la musique, le théâtre, la peinture. Avec ce titre, j’avais envie de pousser un petit cri, et de dire que le chant est libre pour tout le monde, ce n'est pas simplement dédié aux gens qui ont décidé d'en faire leur métier un jour. On le voit dans les zéniths, puisque chaque soir, Franck Castellano, chef de chœur, préparait le public pour chanter Terra Corsa avec moi. Quand vous vous retrouvez tous les soirs avec une grande chorale et tous ces gens qui chantent en harmonie, c’est génial. C’est pour ça qu’il ne faut pas écouter ceux qui disent “tu chantes comme un pot”, parce que ce n’est pas vrai. Quand on chante avec le cœur, on a cette justesse intérieure et cette envie de faire plaisir.
Vous évoquez notamment, dans plusieurs chansons, le thème du temps qui passe. Pourquoi avoir choisi d’aborder un tel sujet ?
Je trouve que le temps qui passe ne me fait pas la tête. Je crois que je lui souris chaque jour, alors en retour, il me le rend bien. Le temps est plutôt constructif, et il me propose tellement de choses, que ce soit personnellement ou au travers de chansons, de spectacles et d'idées. Par exemple, sur l’album Le chant est libre, j’avais juste une petite mélodie, et je me suis dit : pourquoi ne pas en faire une chanson participative ? J’ai carrément laissé la maquette dans l’album, brute, avec juste la mélodie, et j’ai lancé un appel aux gens, pour qu’ils écrivent un texte. Je pensais recevoir 300 ou 400 textes, et j’en ai reçu 10 000. Parmi eux, j’en ai choisi un : L’agréable inutile. Il a été écrit par un garçon qui s’appelle Lionel, qui est pizzaiolo. Et chaque soir, sur scène, je chante cette chanson. À travers cette initiative, je voulais montrer que ce n’est pas parce qu’on écrit dans son coin qu’on n’est pas légitime. Il y a plein de gens qui ont un journal intime, dans leur coin… Parfois, une seule page peut devenir une chanson.
Le projet Corsu Mezu Mezu est de retour avec une nouvelle chanson en collaboration avec Il Cello et Joseph Pastinelli. Comment la rencontre s’est-elle faite ?
Il Cello ont gagné The Voice cette année, mais pour la petite histoire, j’ai appelé Florent Pagny, leur coach dans l’émission, un mois et demi avant qu’ils gagnent. Je voulais déjà les embarquer sur cette chanson. J’ai aussi appelé Joseph Pastinelli, un jeune Corse exceptionnel, qui avait participé à The Voice il y a dix ans avec son groupe Incantèsimu, et il a tout de suite accepté de participer. Pour ce genre de projet, je cherche toujours la chanson qui peut aller aux artistes, pour ne pas non plus déstabiliser ce qu'ils ont pu nous proposer. On chante tous ensemble Terra d’amore, composée par Pierre Nouveau et écrite par Natale Valli.
Le clip de la chanson vient d’être dévoilé, avec la présence de Ghjuvanna Benedetti, découverte dans Le Royaume…
Oui, le clip a été tourné à Lama, un village extraordinaire dont le maire nous a littéralement ouvert les portes, il nous a donné les clés, on a pu tourner où on voulait. Et ce qui est très fort symboliquement, c’est que ce tournage s’est déroulé exactement dix ans jour pour jour après celui du clip Corsica. Déjà à l’époque, c’était Carole, une réalisatrice corse, qui était derrière la caméra, c’est elle qui a réalisé tous les clips liés aux projets Corsu Mezu Mezu. On a eu l’honneur d’avoir cette jeune actrice dans le clip, qui nous a fait confiance. J’espère que cette chanson sera entendue et entrera dans le cœur des gens, et que cette jeune femme pourra s'envoler et aller toucher d'autres sphères, parce qu'elle a vraiment du talent.
Après être passé par La Défense Arena à Paris, vous serez sur scène à l’Orange Vélodrome de Marseille l’année prochaine avec Corsu Mezu Mezu. Comment abordez-vous cette date dans un stade ?
Le Vélodrome, c’est plus qu’un concert, c’est un projet de vie. Je crois sincèrement que c’est la plus belle chose qui puisse nous arriver. On parle de plus de 130 artistes réunis sur scène, tous ceux qui ont participé au premier Corsu Mezu Mezu, au deuxième, et même ceux qui rejoignent le troisième volet, seront là. Sans prétention, je peux vous dire que ce sera le plus grand spectacle d’Europe. Le stade entier sera transformé en une immense place de village, avec 5 000 choristes dissimulés dans le public - on ne les verra même pas - et une mise en scène, une qualité sonore et visuelle digne des plus grandes productions mondiales. Sans les artistes insulaires et sans leurs chansons, le projet n’existerait pas. Moi, j’ai grandi avec cette culture, j’ai été bercé par ces voix. Et un jour, j’ai dit à ma mère que si j’étais un jour légitime, j’essaierais de faire en sorte que le continent et la Corse se rejoignent. Et aujourd’hui, ce n’est plus seulement une poignée de main : ils chantent ensemble. Alors oui, le 23 mai 2026, à l’Orange Vélodrome, ce sera un moment exceptionnel. Je pense que les gens qui assisteront à ce concert vont repartir avec une vague de bonheur et d’émotion.
Avez-vous d’autres projets dans les mois à venir ?
Pour l’instant, on enregistre Corsu Mezu Mezu. On est en plein dedans, et ça demande énormément de travail. Il reste encore deux ou trois artistes à enregistrer, ensuite on passera au mixage. L’album devrait sortir le 26 septembre. Au total, il y a douze artistes qui embarquent sur le projet, qu’ils viennent de Corse ou du continent. Évidemment, on est toujours dans cet esprit de partage, de transmission et de main tendue.
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